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[FESTIVAL D’AUTOMNE] LA PERFORMANCE EXTATIQUE DE JOHN GIORNO

[FESTIVAL D’AUTOMNE] LA PERFORMANCE EXTATIQUE DE JOHN GIORNO

19 November 2015 | PAR Araso

Hier soir, dans le cadre de l’exposition I love John Giorno au Palais de Tokyo et du Festival d’Automne à Paris, le poète radical John Giorno, figure incontournable des années 60, s’est livré à une performance de poésie extatique entre transe et méditation. Retour au coeur de la Beat Generation.

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A l’aube de ses 79 ans, -il en paraît 15 de moins, la silhouette longiligne, vêtu simplement d’un t-shirt et d’un pantalon noir sur une scène nue, John Giorno s’empare du micro et donne tout. Son verbe est dynamique, mélodieux, entêtant, les mots s’enchaînent et se répètent en un refrain qui emporte l’âme. Immédiatement, on a l’impression d’être ailleurs, quelque part dans le New York underground entre pop art et Beat generation. L’esprit d’ “Andy” (Warhol) de “William” (Burroughs) n’ont jamais été si vivaces et si proches, on peut presque les toucher du doigt, et on les sent prêts à faire l’amour à l’auditoire, c’est en tout cas ce que nous souhaite un John Giorno qui jubile, sautillant sur place, dans un ultime élan de générosité. “Je vous souhaite que tous les gens à qui j’ai fait l’amour dans ma vie vous fasse l’amour à votre tour”. Merci John. Son poème, “Thank you for nothing”, composé en 2006 pour ses 70 ans, est une déclaration d’Amour, de Paix, dans lequel John nous offre en cadeau “toutes (mes) bonnes et (mes) mauvaises habitudes.” Et il déclare, tel un prêtre politiquement incorrect sermonnant l’auditoire “Que toutes les drogues que j’ai jamais prises reviennent et vous fassent planer, que chaque verre de vin et de vodka que j’ai jamais bus reviennent et vous procurent un grand bien-être” puis il continue, en toute sincérité “merci de toujours tout prendre sans jamais rien donner en retour(…). Merci d’être méchants et impolis et de me faire ces sourires.”

L’objectif de John Giorno était de sortir la poésie du carcan des livres, de la faire descendre dans la rue, de l’intégrer à la culture populaire. L’énergie qui se dégage de sa performance est un mélange de nostalgie et de légèreté. Et John de scander “Il n’y a pas mieux, il n’y a pas mieux, il n’y a vraiment pas mieux”. Si ses poèmes résonnent d’autant de contemporanéité, c’est sans doute par l’universalité du propos “Si vous n’aimez pas mes océans, ne nagez pas dans mes mers”. Simple, direct, évident. Il y a cette immédiateté, cette pureté, qui rend l’émotion aussi vive que permanente. “Ça ne peut pas me faire de mal car les tempêtes ne peuvent pas faire de mal au ciel”. On a tout simplement envie que cette performance dure toujours.

L’exposition dédiée à John Giorno, signée par l’artiste Ugo Rondinone, son amant depuis 18 ans, permet de continuer à flotter dans cette ambiance ouatée, au travers de 8 chapitres dédiés chacun à une facette de la vie protéiforme de John Giorno, dont une partie importante est liée au bouddhisme et à la pratique régulière de la méditation. Tandis que des rollers girls distribuent des poèmes aux visiteurs, les mots de John s’impriment sur les murs, les esprits, les cœurs, les salles résonnent de la voix de John et font revivre ses archives.

L’exposition I love John Giorno de Ugo Rondinone est présentée jusqu’au 10 Janvier 2016 au Palais de Tokyo.

Visuel Rirkrit Tiravanija, untitled 2008 (john giorno reads), 2008, 16 mm film © Courtesy de l’artiste et Gavin Brown’s enterprise, New York.

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