Performance
A Nanterre-Amandiers, le Living Theater à corps et à cri

A Nanterre-Amandiers, le Living Theater à corps et à cri

11 May 2018 | PAR Christophe Candoni

Pendant deux mois, le festival Mondes Possibles fête le 50e anniversaire de Mai 68 et permet à de nombreux artistes et intellectuels d’interroger l’héritage comme l’avenir de son esprit révolutionnaire. Le metteur en scène Gwenaël Morin réussit le pari fou de faire revivre l’explosive onde de choc provoquée par un des spectacles les plus marquants de l’époque : Paradise Now du Living Theater.

Invité par Jean Vilar à Avignon en 1968, le Living Theater mit en ébullition la cité papale et son prestigieux festival. La redécouverte de son spectacle Paradise Now est une expérience aussi singulière que savoureuse. Recréé à partir des écrits de Julian Beck et judith Malina, les fondateurs de la compagnie new-yorkaise, le happening géant suit scrupuleusement son déroulement très cérémonié. Le directeur et sa troupe du Point du jour à Lyon, habitués à faire théâtre de matériaux  très divers et composites, toujours montrés dans leur plus simple appareil, s’en empare pour en restituer l’essence, l’intransigeance, de la manière la plus fidèle et plaisante possible.

La nouvelle mouture conserve la nécessité de provoquer et transgresser pour exister. Trente-neuf interprètes lâchés comme des fauves dans l’atelier de construction des décors, jeunes ou moins jeunes, corps d’athlète ou moins flatteurs, torse, seins, fesses à l’air, sont mis à rude épreuve. Leur geste franc et sauvage s’inscrit dans la théorie arthaudienne du théâtre de la cruauté. La représentation commence d’ailleurs sur une série de cris frontalement adressés. Une violence extatique suinte de ce rituel païen où les corps se mêlent et s’entremêlent. Sur scène, c’est l’émulation, la jubilation aussi. Car s’affirme ici le droit de hurler, se dépenser, se défouler, se dessaper, de vivre le dépassement des limites, d’expulser ce qui entrave, réprime. A l’époque où il était « interdit d’interdire » comme aujourd’hui, la force de frappe du collectif fait son effet et donne à voir et éprouver une certaine idée de la liberté.

Photo Pierre Grosbois

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