Opéra
Un Fliegende Hollander de légende à l’Opernhaus de Zurich

Un Fliegende Hollander de légende à l’Opernhaus de Zurich

21 February 2016 | PAR Yaël Hirsch

Jusqu’au 28 février 2016 l’Opernhaus de Zurich reprend une production du Vaisseau Fantôme de Wagner par son directeur Andreas Homski. Une version qui avait fait le tour de l’Europe, portée par le duo Bryn Terfel et Anja Kamp en 2012 et qui est reprise en beauté avec Michael Volle et Meagan Miller dans les rôles principaux.

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Le mauvais temps a eu raison de deux voix, ce samedi 29 février a Zurich: Judith Kutasi et Christof Fischesser, interprétant respectivement Mary et Daland, ont été remplacés au pied levé. Bien présent, élégant en chaussures vernies et tenue de soirée, le public ne s’est pas laissé distraire par le froid et a laissé ses manteaux au vestiaire pour se concentrer pleinement sur deux heures vingt de Wagner flamboyant – sans entracte.

L’Opéra date de 1843 et reprend la légende d’un marin condamné à errer sur les mers éternellement. Son seul salut viendrait d’une femme qui l’aimerait pour toujours et avec une fidélité absolue. Mais pour la rencontrer, il ne dispose que de 24 heure sur le continent, et ce, une fois  tous les 7 ans. L’opéra commence avec le Hollandais volant qui cherche un toit pour une de ses rare permissions… Va-t-il trouver sa promise?

La mise en scène faussement classique et résolument romantique de Andreas Homoski sert parfaitement l’œuvre de Wagner, de même que son exécution impeccable  : vivacité et gestion bluffante des silences de la légende sont le propre du Philharmonia Zurich dirigé par Axel Kober et en plus de leurs voix époustouflantes, les chœurs de Zurich sont des acteurs formidables et leurs mouvements font bouger la scène.

Tout commence comme il se doit : rideau rouge et ouverture mythique soufflée des profondeurs de la fausse d’orchestre. Puis le rideau s’ouvre sur un décor classique  du 19 e siècle. C’est un bureau ou un intérieur sobre, habité de travailleurs ou domestiques bien mis. Mais au centre de cette sobre structure, un grand pylône vient boucher l’espace et se decbtrecoarfois pour faire tanguer la scène comme un navire. Accrochés à ce roc a la fois solide et mouvant, des cartes d’Afrique et des tableaux de marines en colère viennent brouiller la sobriété tranquille de l’espace: il y a de la place pour la légende et la passion.

Autour l’épais mas qui se déplace, la romance a donc bien lu eu, portée par les voix habitées de la surprenante américaine Meagan Miller et de l’allemand Michael Volle à la fois puissant, massif et terriblement subtil. Du climat viril du début, au final légendaire, en passant par la magnifique rencontre amoureuse et du trio ou Marco Jentz brille tout de suite en adversaire vivant du mythe, la tension monte et la beauté ne fait que s’épanouir.

Du début à la fin, on est vraiment plongé par la musique dans la légende, avec un tout petit aparté colonial “à la Fitzcarraldo” lors d’une réfèrence-performance dansée et vidéo à l’impérialisme allemand ou néerlandais en Afrique. Une petite touche politique surprenante mais qui nous rappelle que cette production à l’exécution plus que parfaite est peut être moins classique qu’on ne le pense… Impression confirmée par le geste mutin et irrésistible de Michael Volle qui demande plus de hourras a un public zurichois, pleinement conquis mais naturellement discret, lors des longs et intenses applaudissement de la fin. Un magnifique opéra où la maîtrise du rythme et l’épure des références fait entrer de plein pied dans la légende de Wagner.

visuel : photo officielle

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]
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