Opéra
« Un dîner avec Jacques » presque parfait ?

« Un dîner avec Jacques » presque parfait ?

10 October 2016 | PAR Julien Coquet

Malgré un manque d’unité et une proportion à partir dans l’excès, “Un dîner chez Jacques” à l’auditorium du du Musée d’Orsay offre des voix tout à fait appréciables.

[rating=3]

Décidément, le chant français se porte très bien en ce moment! Rien que pour Saint-Saëns, dont on semble redécouvrir la production lyrique, on peut admirer à Bastille en ce moment Samson et Dalila et attendre d’ici sous peu la renaissance de Prosperpine à Versailles le mardi 11 octobre ou, plus lointainement, Le Timbre d’argent en juin 2017 à l’Opéra Comique. Offenbach n’est pas en reste non plus, mais l’a-t-il déjà été ? Alors que l’on peut se rendre au Théâtre de Poche Montparnasse pour Les Jeux de l’amour et d’Offenbach, Les Contes d’Hoffmann arrivera vite à Bastille. Dans le cadre de sa saison hors les murs, le Favart Off, l’Opéra Comique propose à l’occasion de l’exposition « Spectaculaire Second Empire, 1852 – 1870 » au Musée d’Orsay un Pasticcio à partir d’œuvres plus ou moins connues du maître de l’opérette. Du magnifique (et magnifiquement interprété) “Scintille, diamant” des Contes d’Hoffmann au “Quand du four on le retire” de Madame Favart, une grande variété d’airs d’Offenbach se retrouve, parlant tour à tour de voyage temporel, de magie ou encore de nourriture.

De bouffe, il est bien normal d’en parler dans un Opéra bouffe ! En effet, Monsieur le Baron et Madame la Baronne ont invité à dîner un célèbre couple d’acteurs. Les deux couples n’ont pas grand chose en commun, si ce n’est l’attirance pour le conjoint de l’autre. Gilles Rico, le metteur en scène, explique dans sa note d’attention: “Exaltés par la sensualité de la bonne chère, les convives se défont peu à peu de leurs masques pour révéler toute l’hypocrisie qui façonne les apparences et les convenances sociales” (pour mémoire, Antonin Artaud écrivait: “L’action du théâtre comme celle de la peut est bienfaisante, car poussant les hommes à se voir tels qu’ils sont, elle fait tomber le masque, elle découvre le mensonge, la veulerie, la bassesse, la tartufferie“…). On pourrait donc s’attendre ici à une pièce du théâtre de la cruauté, une pièce qui dynamite la société bourgeoise du XIXème siècle. On pourrait attendre une version offenbachienne de Qui a peur de Virginia Woolf ? Malheureusement, ce n’est pas le cas. Le spectacle vire vite à l’humour réchauffé: le majordome qui arrive au début de la pièce et essaie de diriger l’orchestre, le même personnage qui a concocté un cake au jambon au LSD bio (lol)… De plus, l’enchaînement des scènes se fait sans grande cohésion et les acteurs refont ce qu’ils ont défait dans la scène précédente. Ainsi, alors qu’on ouvre le crâne du Comédien sur le Rondeau du pot-au-feu (Robinson Crusoé) afin de le manger, ce même comédien se porte à merveille dans la scène suivante et s’occupe de s’apprêter à manger sa compagne sur le Trio du grill (Pomme d’api). Pourtant, certaines scènes sont plutôt bien trouvées (l’association SM avec le Duo de la mouche, pourquoi pas?) mais le dîner, à force de surenchérir, devient vite indigeste.

Un grand bravo par contre à  toute l’équipe musicale !! La présence d’une batterie peut surprendre au départ dans des arrangements signés Thibault Perrine mais ce dernier arrive à faire totalement oublier que l’orchestre d’une dizaine de musiciens remplace ici un véritable orchestre symphonique. L’ensemble des Frivolités Parisiennes, phalange instrumentale spécialisée dans ce répertoire, joue d’une façon tout à fait héroïque les partitions d’Offenbach. Julien Leroy, plus habitué au répertoire contemporain, mène à un train d’enfer l’orchestre situé côté cour mais arrive à préciser les nuances des œuvres, ce qui n’est pas toujours chose aisée. Yann Beuron livre un Comédien à la voix puissante et à la diction impressionnante: son “Je suis gai, soyons gais” à la sauce Tino Rossi est très drôle. Jean-Sébastien Bou, le Baron, propose des graves tout à fait maîtrisées et son “Scintille, diamant” ne peut que forcer l’admiration. En Majordome et malgré un rôle plutôt mal écrit, Frank Leguérinel semble tout à fait à son aise dans le répertoire d’Offenbach. Enfin, Antoinette Dennefeld fait entendre des vocalises impressionantes durant l’Air du mal de dents (La Princesse de Trébizonde) tandis que la jeune Vannina Santoni est une actrice doublée d’une chanteuse tout à fait appréciable.

Photos: ©S. Boegly

INFORMATIONS PRATIQUES
Jeudi 29 Septembre 2016 – 20:00
Jeudi 06 Octobre 2016 – 20:00
Samedi 08 Octobre 2016 – 20:00
Dimanche 09 Octobre 2016 – 16:00

Lieu : Auditorium du Musée d’Orsay

Tarifs : 45, 33, 10 et 4,5 €

Renseignements : 01 53 63 04 63 du lundi au vendredi de 9h à 16h

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Julien Coquet

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