Opéra
Les P’tites Michu : La reprise à l’Athénée !

Les P’tites Michu : La reprise à l’Athénée !

20 June 2018 | PAR Victoria Okada

Depuis sa création en mai dernier au Théâtre Graslin de Nantes, on n’arrête pas de parler de cette version rose bonbon, fraiche et drôle, des P’tites Michu d’André Messager. Le 19 juin, les deux fausses jumelles débarquent enfin à Paris ! Pour clôturer joyeusement la saison, le Théâtre de l’Athénée fait éclater des bulles magiques qui clapotent allègrement dans le bain où les deux bébés se sont mêlés.

C’est une histoire des deux nouveaux nés confondus dans un bain. Incapables de distinguer leur fille avec celle d’un autre, les parents Michu les prennent toutes les deux et les élèvent comme s’il s’agissait de deux jumelles. Or, un jour, le brave général des Ifs vient réclamer sa fille, pour la marier à celui qui a sauvé la vie dans un champ de bataille. C’est Gaston, dont les deux p’tites Michu sont tombées amoureuses lorsqu’elles étaient encore en pension. Le problème ? Eh bien, personne ne sait qui d’entre elles est Mademoiselle Irène des Ifs !
À sa création en novembre 1897 au Théâtre des Bouffes parisiens, l’opérette a recueilli immédiatement un immense succès. L’œuvre a beaucoup voyagé ensuite, non seulement en France mais aussi en Allemagne et en Suisse, puis en Angleterre dès 1905 sous le titre de The Littre Michu, et même à Broadway en 1907.

La mise en scène sacrément actualisée aux décors couleurs acidulées, en harmonie avec l’excellence des chanteurs
La mise en scène de notre version, confiée à Rémy Barché, dépoussière totalement l’image « ringarde » de l’opérette, en intégrant des dessins style BD de Marianne Tricot. C’est comme si « le spectateur ouvrait le journal intime rose pop de deux adolescentes d’aujourd’hui, cousines à la fois des deux héroïnes facétieuses des Contes du chat perché de Marcel Aymé, et des créatures envoûtantes du film de Sofia Coppola, Virgin Suicides », déclare le metteur en scène dans le programme. Ces deux filles, prénommées Blanche-Marie (Anne-Aurore Cochet) et Marie-Blanche (Violette Polchi), sont délibérément de nos jours, avec leurs côtés malins (Prière à Saint-Nicolas) et délicieusement rebelles (surtout Marie-Blanche qui pourrait venir d’un quartier de banlieue). Le papa Michu (Damien Bigourdan) et la maman Michu (Marie Lenormand), fromagers de profession, ont une overdose de comédie extrêmement bien rodée, tandis que Mademoiselle Herpin (Caroline Meng), institutrice de la pension des p’tites Michu, est une caricature-type de maîtresse d’école rigide. Gaston (Philippe Estèphe), son futur beau-père le général des Ifs (Boris Grappe), Bagnolet le serviteur du général (Romain Dayez) et Aristide le commis des Michu (Artavazd Sargsyan) ont chacun un caractère bien trempé, avec ses gestes et tics qui rendent les scènes toujours plus comiques. Ces comédiens sont avant tout des chanteurs de premiers plan pleinement capables d’assumer cet exercice si difficile et périlleux qu’est l’opérette. Quel plaisir de pouvoir apprécier l’œuvre entière sans suivre constamment les surtitrages et entrer totalement dans l’histoire !
On sait que la Compagnie Les Brigands effectue un travail considérable pour revaloriser ce répertoire depuis 2000, mais là, chapeau ! La transcription de Thibault Perrine pour 10 chanteurs et 12 instrumentistes est d’une clarté sidérante, qui fait ressortir chaque mélodie et chaque couleur musicale avec évidence, et c’est tout à fait en diapason avec la mise en scène. Pierre Dumoussaud, dont le souvenir de son prix au Premier Concours international de Chefs d’Orchestre d’Opéra organisé par l’Opéra Royal de Wallonie-Lièges est encore frais, manie la baguette avec précision, permettant aux musiciens de s’affirmer avec beauté.
Précipitez-vous, c’est un prélude alléchant pour votre été ensoleillé.

messagerAfin de prolonger le plaisir, vous pouvez emporter sur votre lieu de vacances André Messager Le passer de siècle de Christophe Mirambeau chez Acte-Sud/Palazzetto Bru-Zane (notre opérette fait l’objet de description spécifique et détaillée sur les pages 252-260 ; L’auteur a été invité de Clémet Rochefort sur France Musique le 28 avril dernier).

Du 19 au 29 juin à 20h (sauf le mardi à 19h et le dimanche à 16h) au Théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet

Photo de scène © Nemo Perier Stefanovitch
Couverture du livre © Acte Sud/ Palazzetto Bru Zane

Infos pratiques

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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