Opéra
[Live-Report] Opera Paradiso et tours de chants entraînants au Festival d’Opéra de Jérusalem

[Live-Report] Opera Paradiso et tours de chants entraînants au Festival d’Opéra de Jérusalem

27 June 2016 | PAR Yaël Hirsch

Après un Rigoletto de Verdi très réussi pour sa soirée d’ouverture, le Festival d’Opéra de Jérusalem s’est poursuivi cette avant-dernière semaine de juin, avec un florilège d’arias et de voix israéliennes à découvrir. Toute La Culture vous livre en direct de Jérusalem son live-report de ce bel événement. 

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C’est dans le même amphithéâtre magique que Rigoletto, dans la piscine du Sultan, au pied des murs de la vieille ville qu’on a pu assister jeudi 24 juin 2016 à la deuxième grande production du Festival : Opera Paradiso. Sous la fine référence au film de Giuseppe Tornatore et en retrouvant certains solistes du Rigoletto de la veille comme la sublime Hilla Fahima, la basse Mihkail Kolelishvili et le ténor Salvatore Cordella, c’est à une fête liant voix et 7e art que le public était convié. Ce festival d’airs souvent très connus nous a permis de découvrir de nouvelles voix israéliennes comme la soprano Efrat Ashkenazi ou la mezzo soprano Anat Czrany. Et certains airs très difficiles ont permis de révéler la maîtrise de ces solistes, notamment le fameux air de la Reine de la Nuit, extrait de la Flûte enchantée et du film Amadeus, très justement et précisément exécuté par Hilla Fahima. Certains airs ont superbement marché en réaction aux images en nous rappelant comment l’opéra a pu émouvoir non seulement les mélomanes, mais aussi tout un chacun, dans des films mythiques : la mélancolie de la Traviata si justement choisie pour apporter un bémol aux faste luxueux de la nouvelle vie de Julia Roberts dans Pretty Woman ou le Mozart diffusé par Tim Robbins à tous les prisonniers enfermés dans Les Evadés, sont, par exemple, des souvenirs très émouvants. Autre jolie surprise : l’idée  était vraiment de mettre en relief l’utilisation d’arias d’opéras dans des films de fiction cultes comme le James Bond Quantum of Solace ou le Parrain, et jamais l’Opera Paradiso n’a triché en sectionnant des adaptations filmées d’opéras.  Enfin, la soirée a été l’occasion de découvrir les compositions de Dov Seltzer avec deux airs de films israéliens des années 1970, interprétés par le ténor Eitan Droti. Malgré cette note puissante et nostalgique en hébreu, le fil rouge de la soirée a été italien. L’opéra de Puccini était très à l’honneur dans ce tour de chant et de cinéma, en commençant par « O Mio Babino Caro » sur trois écrans de fond présentant des extraits du film de James Ivory, A room with a view, en passant par l’air de Mimi ou le « Vissi d’arte » de Tosca, le compositeur italien est n°1 pour ponctuer une histoire d’amour hollywoodienne ou britannique… Mais c’est sur le « Libiamo » de la Traviata de Verdi, chanté par tous les solistes à la fois et repris en chœur par l’ensemble du public que cette très jolie soirée s’est terminée, ouvrant sur la douceur d’une nuit d’été après avoir partagé souvenirs, images et beauté des sons.

Le festival s’est encore poursuivi tout le week-end, permettant aux voix de l’opéra israélien de se faire entendre dans des lieux originaux et plus petits à Jérusalem, où les familles étaient conviées. Le vendredi 24 juin, dans le cadre magnifique du Musée Nahon qui a  transporté une synagogue du ghetto de Venise à Jérusalem pour montrer l’impact de l’héritage du judaïsme italien, dans une salle ancienne qui servait dans le temps de salle à manger aux pèlerins chrétiens, nous avons pu entendre des airs d’opéras italiens, résonnant fort avec le programme cinéphile de la veille. Menée par la charismatique Efrat Ashkenazi, cette jolie performance de sopranos, toutes israéliennes, certaines chevronnées, d’autres encore en classe au fameux Meitar Opera Studio de l’Opéra de Tel-Aviv, nous a absolument charmés. Au même moment, du côté du Bible Lands Museum, la France (et un peu beaucoup l’Espagne) étaient à l’honneur avec Carmen and Friends, tandis qu’un peu plus tard, à 14h, Jerusalem of Gold fêtait la chanson israélienne au Israel Museum. A 17h, Broadway et le Klezmer puisaient aux sources de l’héritage juif de la musique, dans ce festival d’opéra ouvert. Enfin, samedi, jour de Shabbat, les familles et surtout les enfants étaient conviés à la découverte de deux opéras, d’une heure chacun, dans des mises scènes chatoyantes : Cendrillon et La Flûte Enchantée.

Le Festival d’Opéra de Jérusalem aura lieu à nouveau l’an prochain et commencera le 21 juin 2017 avec en ouverture le Nabucco de Verdi, dirigé comme le Rigoletto de cette année par Francesco Ciluffo et mis en scène par Gadi Schechter. Toutes les infos sur les billets et aussi les formules de voyages lyriques mises en place par l’Office du Tourisme de la ville sont à découvrir sur le site du Festival.

Visuels : YH

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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