Opéra
Caligula à l’Athénée : rencontre du baroque vénitien et des puppi siciliennes

Caligula à l’Athénée : rencontre du baroque vénitien et des puppi siciliennes

12 March 2012 | PAR Yaël Hirsch

Vincent Dumestre et son Poème Harmonique ont retrouvé la partition d’un opéra vénitien de Giovanni Maria Pagliardi : “Caligula Delirante” (1672). A l’art musical baroque, la représentation de ce trésor redécouvert du 17e siècle ajoute l’art sicilien des “puppi”, qui sont des marionnettes tenues par des tiges de fer et dont le corps de bois manipulé par des virtuoses remplace le jeu des chanteurs. Un très beau spectacle, très orignal et qui a trouvé son public au cours d’une tournée triomphale en France qui a culminé dans un Théâtre de l’Athénée plein à craquer le week-end dernier.

L’intrigue du “Caligula Delirante” est classique. Elle s’apparente, une trentaine d’années après, à celle du “Couronnement de Poppée” de Monteverdi (où l’empereur volage est Néron, pas Caligula). Et l’on retrouve même le bel air de l’Adieu à Rome… Marié à la fidèle Cesonia, Caligula, empereur de Rome s’éprend de la jolie reine maure, Teosena. Pour le garder, Cesonia lui verse un poison puissant. Caligula répudie Ceosina, puis devient fou en s’éprenant de Diane et de la lune. Il meurt pour mieux renaître, raisonnable.

Servi par des solistes absolument éblouissants, dont Caroline Meng et Jan van Elsacker, “Caligula Delirante” est un très bel opéra baroque du 17e siècle, à la limite de l’envoûtement. la mise en scène de Alexandra Rubner rappelle à la fois le classicisme de l’époque par un minuscule décor central qui se veut illuminé à la bougie et constitué de panneaux de bois coulissants, comme dans un théâtre italien de l’époque, en miniature. Au centre de la scène : les multiples marionnettes ou “Puppi” de la Compagnie Figli d’Arte manipulées par Mimmo Cuticchio et ses disciples font presque tout disparaître autour d’elle. Les corps des chanteurs comme ceux des marionnettistes sont enrobés de noir et s’effacent devant le bois mordoré des pantins. Les scènes de batailles sont fulgurantes et les Puppi incroyablement diverses (il y a même un léopard) et mobiles. Le résultat est un beau voyage dans une contrée à la fois ancienne et enfantine. Il y a fort à parier que ce spectacle acclamé par un public venu de divers horizon n’a pas fini son long chemin d’originalité.

Caligula, d’après “Caligula Delirante” de Giovanni Maria Pagliardi, direction musicale :Vincent Dumestre, musique : le Poème Harmonique, mise en scène : Alexandra Rubner, marionnettes :Mimmo Cuticchio et la Cie Figli d’arte, voix : Jan van Elsacker ténor , Caroline Meng soprano, Florian Götz baryton, Jean-François Lombard haute-contre, Luanda Siqueira soprano , Serge Goubioud ténor. Durée : 1h15. Grande salle.

© Maroussia Podkosova

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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