“Moscou Paradis” : visite rythmée dans la banlieue des annees 1950 par Chostakovitch et Opéra Louise
Jusqu’au 16 février, le Théâtre de l’Athénée montre pour la première fois une pièce « légère » de Chostakovitch. Une comédie musicale ironique sur le désir de confort matériel interprétée avec vivacité par la formation Opéra Louise.
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Moscou, années 1950. Lidotchka et son père sont mis hors de leur appartement moscovite pour être relogés dans une banlieue en pleine expansion, Tcheriomouchki. On leur fait miroiter un appartement flambant neuf avec interphone et réfrigérateur. Mais les lendemains ne chantent pas toujours en URSS surtout quand un vieil apparatchik et sa nymphette de femme, Vava, comptent profiter de leur position dans l’administration pour s’accaparer ledit appartement.
Plateau dénudé, ouvrier en majesté et jeux de lumière dès l’ouverture, la mise en scène de Julien Chavaz, la belle scénographie mobile de Léa Hobson et les costumes roses de Séverine Besson transforment Moscou en Hawaii dans un élan de gaieté sublimé par les deux pianistes et la direction très comédie musicale de Jérôme Kuhn. Les textes sont en français, les airs en russe, rythmés par des pas de danse endiablés.
Légère, mais néanmoins fidèle reflet et d’une époque et des émois d’une jeunesse qui reste slave et attachée au XVIIe siècle malgré les promesses de modernité du communisme, ce Moscou Paradis est une promenade mentale et musicale dans la ville que les voix puissantes des chanteurs d’Opéra Louise enchantent. On notera notamment le phrasé et la virtuosité de la soprano Sheva Tehoval, ainsi que la puissance et le jeu espiègle du ténor William Berger. Une série de numéros à la fois dépaysants et étrangement familiers dont on ressort tout sourire.
Prochaine date à l’Opéra de Clermont-Ferrand les 8 et 9 novembre.
visuel : (c) Magali Dougados