Spectacles
[Festival BUS] Entretien avec Rémy Bovis, directeur de la Coopérative 2R2C

[Festival BUS] Entretien avec Rémy Bovis, directeur de la Coopérative 2R2C

08 May 2016 | PAR Mathieu Dochtermann

Du 11 au 15 mai, dans les rues de Pantin, de Romainville et du Pré Saint-Gervais, la Biennale Urbaine de Spectacles reprend ses quartiers pour la 3ème édition. L’occasion de s’entretenir avec Rémy Bovis, le directeur de la Coopérative 2R2C qui co-organise ce festival de rue.

Toute La Culture: Après 2012 et 2014, la BUS [Biennale Urbaine de Spectacles] en est à sa 3ème édition. A cette occasion, elle s’étend géographiquement ?

Rémy Bovis: Au départ, pour la première édition, c’était sur Pantin, et sur Aubervilliers. A la deuxième édition, Romainville est entré dedans, et confirme sa présence cette année. Et Le Pré Saint-Gervais met un pied dedans pour voir ce que c’est. Mais l’idée est vraiment de se concentrer autour de Pantin, la communauté d’agglomération, en fait.

TLC: La communauté d’agglomération, donc Est Ensemble ? Du coup, dans le futur, on pourrait retrouver  la BUS dans des villes comme Montreuil, Noisy-Le-Sec… ?

R.B.: Bien sûr. Et cette idée, on la trouve dans toutes les BUS : de passer un peu ces frontières administratives. Les frontières, elles sont complètement artificielles : les gens veulent se rencontrer, faire des choses ensemble, en-dehors de leur petite commune !

TLC: A quel public vous adressez-vous avec la BUS ?

R.B.: Deux types de publics. Un public un peu averti, de rue, qu’on connaît, qui est parisien, qui fait les festivals, qui va voir beaucoup de spectacles… et c’est pour ça qu’on alterne beaucoup les propositions, dans nos programmations : 50/50 en création pure. Là, cette année, sur sept spectacles il y en a trois dont ça va être la première ! Et à côté il y a des formes un peu plus accessibles au grand public, des spectacles qui ont déjà fait leurs preuves. Et la volonté c’est vraiment de croiser un public averti, et un public des quartiers populaires de Pantin et des autres villes, qui ne va pas spécialement au spectacle.

TLC: Et vous avez le sentiment de toucher tous les types de population ?

R.B.: Je crois. C’est plus le service culturel de la ville de Pantin qui nous le dit… Lors des deux premières éditions de la BUS, c’est un public très mélangé qui est venu. C’est hyper agréable. En tous cas, on est là pour que les œuvres rencontrent un maximum de public. Après, sur l’accessibilité, on pense que tout spectacle est accessible à tout le monde. Et ça, on en est vraiment convaincus. Il faut juste savoir où on le met, comment on l’amène, comment on prépare les choses….

TLC: Dans la présentation de cette édition de la BUS, vous faites référence au « mythe du Grand Paris », et, justement, à un affranchissement des frontières administratives… Pourriez-vous nous en dire plus ?

R.B.: Pour cette BUS particulièrement, sur la thématique du mirage de la ville, l’idée c’est celle-là : on va venir dans la grande métropole pour trouver de l’activité, pour trouver de la vie, etc., mais est-ce que la réalité est à la hauteur de ce que les gens ont pu imaginer ? quelle est la différence avec ce que les gens vivent au quotidien ? Le « mythe du Grand Paris » c’est ça : cette grande métropole européenne et mondiale, aujourd’hui elle est où ? Comment est-ce qu’elle se vit, où est-ce qu’elle se vit ? Est-ce qu’il y a même une idée de ce que ça peut devenir ?

TLC: Moins sûr !

R.B.: Moins sûr, ça c’est clair ! [rires]

TLC: Comment choisissez-vous les spectacles que vous allez présenter ?

R.B.: On se dit pas : « Il faut au moins un spectacle de chaque type » [NdA : danse, cirque, théâtre forain…]. C’est plus par rapport au propos : est-ce que le propos rentre dans la thématique de l’année ? On est vraiment ouverts, et ça peut aller de l’installation, avec des plasticiens, jusqu’à du théâtre forain… Il n’y a pas de cases, et surtout on essaie de ne pas en avoir. On est assez sensibles aux spectacles transdisciplinaires, en fait. Et c’est ce qu’il y a de plus intéressant, dans la rue ou dans le cirque, c’est que les disciplines se croisent !

TLC: Dans cette édition, vous nous l’avez rappelé, sur les sept spectacles présentés, trois sont des créations. Est-ce important pour la Coopérative, que le festival soit aussi un lieu de création ?

R.B.: Carrément ! C’est important pour nous, et je pense que c’est important aussi pour Pantin, d’avoir cet aspect non seulement de diffusion, mais ce soutien aussi à la création. Et là d’autant plus cette année, puisqu’on lance le projet Maquettes, où là on est carrément dans l’accompagnement de projets qui n’existent pas encore, qui sont dans les prémisses. C’est un nouveau dispositif qu’on lance, pour la première fois, en s’appuyant sur l’expérience en la matière du Théâtre du Fil de l’Eau… On a eu quarante-cinq propositions de jeunes compagnies, et on en a gardé quatre. On a eu une vraie volonté de travailler sur l’écriture pour la rue, des formes d’écritures qui peuvent être très larges, ça peut aller de l’écriture du texte à l’écriture d’image, mais en tous cas les notions d’auteur et d’écriture sont très importantes, et c’est pour ça que c’est avec la SACD que ça se fait… [NdA: le prix de la BUS, “Maquettes de rue”, est décerné en partenariat avec l’Association Beaumarchais-SACD et la Fai’Ar (Formation supérieure d’art en espace public)]

Ambiances de la BUS from Ville de Pantin on Vimeo.

Les spectacles de la BUS sont gratuits, et se retrouvent dans les rues de Pantin, Romainville et Le Pré Saint-Gervais selon l’agenda suivant (programme à télécharger) :

Mercredi 11 mai :
14h : Maquettes de rue
18h : In-Paradise / Cie Ex Nihilo
19h : La BUS, le vrai lancement <> La Tombola de Mme Champolleau et Serge Gauthier / Cie Opus
18h – 22h30 : L’Oasis

Jeudi 12 mai :
13h-18h30 : Le Petit Laboratoire Interactif
18h : In-Paradise / Ex Nihilo
19h : Cinérama / Opéra Pagai

Vendredi 13 mai :
10h-20h : Le stand de foire de Mme Champolleau et Serge Gauthier / Cie Opus
16h30 : Immortels – L’envol / Adhok
17h et 19h : Cinérama / Opéra Pagai
21h-23h : Fenêtre sur l’autre / Caravansérail
18h-24h : L’Oasis

Samedi 14 mai :
14h-17h : La réalité est-elle fantasmée ?
13h-24h : L’Oasis
16h-21h : Iles flottantes / Dakota et les 3 Points de suspension
10h-12h : Le stand de foire de Mme Champolleau et Serge Gauthier / Cie Opus
17h : Immortels – L’envol / Adhok
19h30 : Tleta / Cie Une peau rouge
21h-23h : Fenêtre sur l’autre / Caravansérail
21h30 : Immortels – Le nid / Adhok

Dimanche 15 mai :
16h-21h : Iles flottantes / Dakota et les 3 Points de suspension
14h-18h : La Rando du dimanche
13h-20h : L’Oasis

Infos pratiques

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Mathieu Dochtermann
Passionné de spectacle vivant, sous toutes ses formes, des théâtres de marionnettes en particulier, du cirque et des arts de la rue également, et du théâtre de comédiens encore, malgré tout. Pratique le clown, un peu, le conte, encore plus, le théâtre, toujours, le rire, souvent. Critère central d'un bon spectacle: celui qui émeut, qui touche la chose sensible au fond de la poitrine. Le reste, c'est du bavardage. Facebook: https://www.facebook.com/matdochtermann

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