Danse
Un vent de classique signé Forsythe souffle sur le Théâtre de la Ville

Un vent de classique signé Forsythe souffle sur le Théâtre de la Ville

29 October 2014 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Le portrait consacré à William Forsythe par le Festival d’Automne continue sa route faite de lignes et de tensions. Hier soir se donnait la première d’une courte série de trois dates au Théâtre de la Ville. En stars, les danseurs virtuoses du Semperoper Ballett de Dresde.

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Steptext, Neue Suite et In the Middle Somewhat Elevated ont un point commun, les trois pièces sont entrées au répertoire du prestigieux Semperoper Ballet de Dresde. L’affaire est maintenant admise, les chorégraphes contemporains ont droit de cité dans les ors des Opéras, on le voit actuellement à Paris avec Rain d’Anne Teresa de Keersmaker. Nous entrons ici dans la perfection du geste. Tout d’abord avec un quatuor, elle (Courtney Richardson) et eux (Michael Tucker, Istvan et Fabien Voranger), elle en rouge eux en noir, dans un jeu de séduction porté par une fugue de Bach. Nous sommes dans Steptext ( 1985), et face à un chef d’oeuvre pur. Les grands écarts se font à la verticale, les bras s’étirent, les courbes sont lignes. La signature de Forsythe qui signera son  climax en 1990 avec Limb’s theorem qui ouvrait d’ailleurs le Festival d’Automne, est là. Une figure déjà mécanique, quasi industrielle, mais sans perdre de vue le beau absolu. La dernière partie du spectacle, In the middle Somewhat Elevated créée deux ans après en 1987, on est, avec la musique minimaliste de Thom Willems, compagnon de route musical de Forstythe, dans le pré-techno. Académiques verts, corps inégaux, cheveux parfois lâchés. Les pointes se collent au sol dans des postures en seconde qui ne voient qu’un pied jouer les ballerines. Solos éblouissants d’hommes solides, voyeurs en  bord de scène.  Les désarticulations sont reines en leur royaume, les côtes se creusent, les flancs se font longs dans un maelstrom étourdissant.

Au centre, Forsythe choisit de présenter une pièce en soi qui en comporte quatre. Neue Suite a été pensé en 2012 pour le Semperoper et il déconcerte. Une successions de pas de deux pour commencer, à la forme trés classique, faits de ronds de bras et de jambes et de pointes à faire palir tous les petits rats. Ensuite deux autres duos, là somptueux car radicaux et violents. Le premier, en noir est métallique, le second revisite la figure de la ballerine pour un collé-serré en lumière chaude qui ne cesse de virevolter. On clôt sur un retour décalé au premier, avec un pas de deux qui a l’air classique mais qui casse les mains et de-pointes pour apporter contrainte et lourdeur.

L’ensemble du programme est un temple du virtuose qui parfois malheureusement manque de violence et de l’âme si présente dans Limb’s Theorem. Nous sommes face à des danseurs somptueux, quasiment mécaniques qui éblouissent par leur technicité qui nous laisse bouche-bée. Reste ce bémol que seule la danse contemporaine sait réparer : des fêlures naît parfois une autre beauté plus juste.

Le dossier Festival d’Automne de la rédaction.

Infos pratiques

Centre Pierre Cardinal (festival Les Musicales)
Le Théâtre de l’Athénée
Marie Boëda

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