Danse
Suresnes Cité Danse ouvre sa 26e édition

Suresnes Cité Danse ouvre sa 26e édition

15 January 2018 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Ce weekend, la référence en matière de danse hip hop débutait les festivités. Le festival Suresnes Cité Danse travaille depuis 26 ans à une affirmation : le hip hop a sa place sur les plateaux de danse contemporains. 26 ans que les noms de Bianca Li, Mourad Merzouki, ou Laura Scozzi sont devenus, grâce au travail incessant de son directeur, Olivier Meyer, des incontournables en danse, en danse tout court.

La belle schizophrénie de François Lamargot

Ce samedi, avant le Sacre de David Drouard, étaient présentées deux formes courtes rassemblées par le programme Cités Danse Connexions. Un double programme composé de Reflets de François Larmagot et de La partie immergée de l’iceberg de Sonia Duchesne. 

Ces deux pièces ont comme fil conducteur l’image. Pour François Lamargot, il s’agit de se placer face au miroir, et de s’y regarder. De le questionner des yeux même. On entendrait presque la mauvaise reine demander : “Miroirmiroir joli, Qui est la plus belle au pays?”. Lui est en mode dandy, clope au bec, sûr de lui. La musique est jazzy. Tout va bien. Mais, ça ne dure pas, tout vrille comme ses pas, tout chancelle, tout se désaxe, les chevilles se tordent. Oui, tout vrille, car il est plusieurs : rockeur, femme, yogi… il est plusieurs et se demande qui il est vraiment. Le jazz s’en va, le hip-hop vient et sa chorégraphie qui pourrait glisser dans un ennuyeux jeu clownesque devient très pertinente. L’interaction entre le lui réel et le lui virtuel fonctionne sans effet gadget. Un cabaret, onirique et drôle, c’est à cela que nous invite François Lamargot qui s’est d’ailleurs associé à Laura Scozzi qui assure ici le regard extérieur.
En revanche, La Partie immergée de l’Icerberg nous laisse de glace. La danse en pas de deux de Maxime Pliya et Gaëlle Hourdel cherche la prouesse dans un récit très illustratif. On retrouve un bandeau qui cache le regard, empêche le mouvement. Malheureusement, la seule chose qui fait effet ici est le film L’iceberg des géniaux Fiona Gordon et Dominique Abel, où la rousse burlesque part à la quête du glaçon suprême. La danse n’apporte rien à la pellicule qui délivre elle des images absurdes et drôles.

David Drouard court après son (S)acre

Tous les chorégraphes rêvent d’un Sacre. Maurice BejartPina Bausch, Xavier Leroy, Roméo Castellucci…et la liste pourrait être bien plus longue. Créé en 1913, Le sacre du printemps de Vaslav Nijinski fait scandale par sa radicalité. Cinq représentations à Paris, trois à Londres et c’est tout. Pas de vidéo, pas de partition chorégraphique. Et pourtant, il existe plus de deux cents versions chorégraphiques du Sacre. Depuis un siècle et cinq ans, le nom de ce spectacle est synonyme de la fin de l’ère classique dans la danse. Alors, le danseur et chorégraphe David Drouard dont on avait tant aimé le passage de relais de Stockhausen entre Michèle Noiret et lui, s’attaque, évidemment, à ce monument.

Malheureusement, le résultat est un échec total dont on ne peut rien sauver à part l’idée de départ. David Drouard a pensé un Sacre rock et féministe. Sur le papier, c’est dément : David Drouard à la chorégraphie, le jardinier Gilles Clément au décor, un groupe de rock composé de Simone Aubert, Agathe Max et Emilie Rougier, les lumières de Eric Soyer (qui écrit les lumières de Pommerat) neuf danseuses et 30 amatrices…

Drouard inverse le Sacre qui est, Castellucci l’a montré mieux que personne, la fin de l’humanité avant sa renaissance. Ici, il y a un combat, et là encore, l’idée est excellente : une lente descente le long du public, comme une arrivée d’amazones attendant la guerre vêtues de costumes militaires. Puis une course qui se veut effrénée. Mais l’écriture chorégraphique reste basique, et le hip-hop lointain. Même si on compte de très bonnes interprètes, ici, elles ne se déploient pas. Le message reste campé dans un manichéisme d’opposition homme/femme qui dans l’époque actuelle manque cruellement de profondeur.

Le festival continue jusqu’au 28 janvier avec, notamment, l’attendu Cartes Blanches de Mourad Merzouki.

Visuels :©

Reflets (c) Dan Aucante

(S)acre (c) Jean-Louis Fernandez

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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