Danse
Sakinan göze çöp batar, Rizzo continue de transmettre son talent Here and There

Sakinan göze çöp batar, Rizzo continue de transmettre son talent Here and There

19 July 2012 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Christian Rizzo a créé avec et pour le danseur Kerem Gelebek un solo parfait qui dit l’éclosion d’un être, du mutisme à la vie. Apres avoir séduit Arthandé et les Latitudes Contemporaines, le spectacle fait enfin escale à Avignon.

En conférence de presse, le chorégraphe avoue affronter la crise de la cinquantaine. Avec elle, vient un désir, celui d’aller vers l’humain. Il est d’ailleurs en cours de création d’une pièce conçue pour une personne handicapée. Ici, c’est à une quête psychologique dansée que nous accédons. Kerem Gelebek est juché sur un immense plot. Un caisson de bois exactement. Un autre panneau de bois est suspendu, il reflète la lumière. Il porte un bonnet, a un trop gros sac sur le dos, il est encombré. Au fur et à mesure que le temps passe, il va prendre toute possession de ses moyens pour éclore, jusqu’à exploser sur le thème de Smells like teen spirit de Nirvana.

C’est l’adolescence qui est en question ici embarquant avec elle le sujet de la réclusion. En turc, Sakinan göze çöp batar est un proverbe dont le sens est : plus tu te protèges, plus il t’arrivera malheur. Le grand enfant pose un mot au sol comme un totem : HERE. Il faudra maintenant allez là-bas, accéder au THERE. Pour cela, il faut danser, très ancré, avec trois voir quatre points de contact au sol, il se suspendra ensuite avant d’entamer une danse obsessionnelle de boite de nuit. Le décor évolue par le geste du danseur qui sort de la fameuse caisse des trésors. L’ado devient homme en assumant un appartement, en l’habitant, en y amenant une plante verte.

Sakinan göze çöp batar est d’une beauté absolue. Le danseur évolue dans une prise de risque totale où la marque Rizzo est partout. Il porte sa chemise, manipule ses objets fétiches, et surtout, le corps est inversé, et comme dans Soit le puits était profond, soit ils tombaient très lentement, car ils eurent le temps de regarder tout autour, les jambes semblent souvent les seules rescapées d’un naufrage. Si l’ado est tiraillé entre se cacher et s’ouvrir au monde, le chemin parcouru fait que plus jamais, il ne se perchera sur un haut mur pour observer le monde au lieu d’y entrer. La filiation a tracé sa route.

Magistral.

 

 

Visuel ; Sakinan göze çöp batar – Christian Rizzo – © Christophe Raynaud de Lage – Festival d’Avignon

 

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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