Danse
Saisons Russes au Théâtre des Champs-Elysées

Saisons Russes au Théâtre des Champs-Elysées

03 April 2011 | PAR Alienor de Foucaud

Il y a plus d’un siècle, Serge Diaghilev, visionnaire génial et enthousiaste passionné, bouleversa les codes de la danse, rompant avec le conservatisme et la tradition de la chorégraphie. Aujourd’hui, la fondation Maris Liepa et les Ballets du Kremlin lui rendent hommage à travers trois créations de renom, Pétrouchka, les Sylphides et les Danses Polovtsiennes. L’histoire du ballet russe entre dans une ère nouvelle.

C’est avec une grande émotion qu’Andris Liepa, le Président de la Fondation Maris Liepa, présentait la programmation des troisièmes Saisons Russes, au Théâtre des Champs-Elysées. Invitant le public parisien à « plonger dans l’atmosphère du début du siècle dernier pour ainsi, comme à l’époque, admirer des artistes uniques, venus de Russie », il réalise, avec ses danseurs, un formidable voyage dans le temps. Décors et costumes sont reconstitués à partir d’esquisses afin de coller au plus près des chorégraphies d’origine. Pendant quelques heures, le Théâtre des Champs-Elysées s’est envolé pour Moscou.

Nombreux férus de ballets russe se souviennent des exploits de Nijinski interprétant Pétrouchka en 1911. Ce ballet qui raconte une promenade de Mardi Gras sur le Champ de Mars dans le vieux Saint-Pétersbourg ainsi que quelques amourettes, autour d’une ballerine, d’un magicien et d’un maure, connut un vif succès. Malgré la naïveté de ce sujet de foire, Pétrouchka est un ballet difficile où s’y manifestent non seulement la recherche esthétique de l’époque mais aussi les signes de l’expressionisme alors en train de naître. C’est un ballet précurseur, un ballet-annonciateur, un ballet-prédilection. La légèreté de ces ballerines, associée à leur incroyable maîtrise technique confirment bien l’apparenté du classique à la grande Russie, maîtresse du genre.

Forme la plus raffinée de l’art chorégraphique, ballet nostalgie, ballet atmosphère, souffle insaisissable d’un vent léger, Chopiniana, créé en trois jours pas Michel Fokine sur la musique divine de Frédéric Chopin, a d’abord été présentée sous le nom de Sylphides. C’est notamment à ses premiers interprètes que le ballet doit son succès ; Tamara Karsavina et Vaslav Nijinski tous deux doués d’un sens du style on ne peut plus fin, surent faire de Chopiniana une vision irréelle, un rêve, une réminiscence du passé, complètement dissoute dans la musique, transmettant ses nuances les plus délicates par des gestes à peine perceptibles et des poses pleines de poésie ineffable.

Le manque de renseignements d’ordre historique et culturel sur les Polovtsiens a permis au chorégraphe chanceux de prendre le seul chemin sensé dans la situation présente, à savoir la musique de Borodine qui avait inspiré son intuition artistique : « tout s’était éclairci quand je dessinais, racontait Fokine, et je croyais que si les Polovtsiens n’auraient pas dansé comme il faut, avec l’orchestre de Borodine, ils auraient dansé exactement comme ça ». La puissance spontanée d’un peuple sauvage, exprimée dans cette danse extatique, expressive, riche de cet esprit combattant et conquéreur inscrit dans le sang des Polovtsiens, Kokine l’a littéralement inspiré à ses solistes et au corps de ballet.

Trois chefs d’œuvres étaient présentés pour cette troisième édition des Saisons Russes. Trois ballets qui ont fait revivre la Belle Epoque de Diaghilev à Paris, trois créations qui rendent un grand hommage au berceau de la danse classique et aux étoiles du XXIe siècle.

Crédits photographiques: Emmanuel Donny

Pour plus d’informations sur la programmation du Théâtre des Champs-Elysées: ici

Pour plus d’informations sur les Saisons Russes: ici

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Alienor de Foucaud

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