Danse
Pneuma: Carolyn Carlson et le ballet de l’Opéra de Bordeaux en état de grâce

Pneuma: Carolyn Carlson et le ballet de l’Opéra de Bordeaux en état de grâce

19 February 2016 | PAR Araso

Voici donc le dernier spectacle du triptyque consacré à Carolyn Carlson à Chaillot en février. Ce volet est de très loin le plus majestueux de tous: “Pneuma”, créé en 2014 pour l’Opéra National de Bordeaux. Un spectacle élégant et esthétisant.

[rating=4]

Dans Pneuma, on retrouve l’univers cher à Carolyn Carlson, peuplé de démons (en noir) d’anges (en blanc) sur fond d’une pastorale dont elle fait un véritable leitmotiv. Le décor, plateau immaculé, blocs en aciers et Plexiglas, herbes folles rétractables et arbre en suspension tel une divinité païenne sert de support à ce monde manichéen.

Sur ce plateau minimaliste et champêtre assez parfait, les 22 danseurs du corps de ballet de l’opéra de Bordeaux s’ébrouent et déploient une gestuelle munificente. L’une des particularités des chorégraphies de Carolyn Carlson, que l’on retrouve ici au sommet d’un art qui a de quoi nous faire oublier l’ineffable Double Vision de la semaine passée, se distingue par cette dynamique gracile de la main dont chaque doigt orchestre un univers tout entier. Pneuma n’est que délicatesse, luxe, calme et volupté.

Comme son nom l’indique, c’est l’histoire d’un souffle, mi-démiurgique, mi-terrien, source de vie et de mouvement. Personne ne dit aussi bien que Carolyn Carlson les étoffes, la fibre du tissu, celle qui s’enroule autour du corps à chaque tournoiement, celle qui moule et drape avantageusement les cuisses et les ventres au contact de l’air.

Les danseurs forment un corps d’apollons et de sylphides aux mensurations parfaites et chevelures de rêve qui bougent avec grâce au gré des déhanchements. Une esthétique très féminine, tout en rondeurs, ondulations et portés aériens. Les quelques soli sont de purs moment de poésie.

Comme à chaque fois, car on ne voudrait pas d’une chorégraphie trop lisse, nous sommes gratifiés de l’apparition des penchants obscurs de la chorégraphe et de leurs avatars. Ainsi s’illustre à nouveau son étrange fétiche pour les perruques (Double Vision), les gants de ménage (Dialogue avec Rothko) et les détails complètement incongrus (“Oh tiens! un petit jouet en forme de bateau qui traverse le plateau suspendu dans les airs!”)

Pneuma est un spectacle qui flirte avec le sublime, 1h20 de danse légère comme une plume, comme un nuage accroché à l’Olympe.

Visuel © Sigrid Colomyès

 

 

 

 

 

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