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Où sont les Femmes ?

Où sont les Femmes ?

15 October 2010 | PAR Bérénice Clerc
licence : http://www.tripalbum.net

 

Sommes-nous une espèce si fragile, à protéger à grand renfort de quotas ?

 

Mercredi, Nadine Morano, Secrétaire d’Etat à la famille, (seul service étatique capable de prendre en charge les droits de la femme, qui comme chacun sait, existe uniquement au sein du concept ou de la notion de famille… !) vient de signer une charte destinée à accroître l’intervention de femmes sur les plateaux de télévision, les ondes, dans les journaux et à se débarrasser des stéréotypes.

Michèle Reiser, présidente de la Commission sur l’image des femmes dans les médias, signataire, à l’origine de ce projet, trouve, malgré les avancées, les femmes trop invisibles ou secondaires dans les médias français.

En effet, un rapport chiffré établi par la commission sus nommée, atteste de l’infériorité numérique des femmes sollicitées pour intervenir dans les médias y compris dans les milieux où elles sont très présentes comme le droit ou la médecine. Elle prendra pour exemple l’émission Mots Croisés sur France 2 dans laquelle, lors d’un sujet sur les retraites, aucune femme n’était présente…

Les femmes ont-elles donc besoin d’être imposées dans la jungle virile des médias de la politique ou des affaires ?

Les médias érigent trop souvent au rang d’héroïnes les victimes de la domination masculine en tout genre, mais taisent leurs exploits, souvent réduits à l’exception confirmant la règle de la femme en dessous de l’homme. Certaines femmes oseront même parfois parler, sans doute sous l’emprise de la jalousie, de leurs consoeurs glorieuses avec une vulgarité méprisante au point même de les comparer avec ridicule à l’autorité conférée, je ne sais pourquoi, à l’homme.

Les dissemblances hommes/femmes, ne sont pas plus grandes que les ressemblances, est-ce juste de se laisser réduire à nos organes génitaux et à notre taux d’Hormones ?!

Oui, la femme est plus souvent potiche ou Miss météo, quand l’homme est décideur, oui la femme est parfois en sous vêtement pour faire la publicité d’un salon de coiffure alors qu’aucun homme en string ne fera vendre un rouge à lèvre ou du shampoing pour dames.

La femme en politique est bien des fois dépolitisée, réduite à son apparence ou même à son prénom, Ségolène, mais Sarkozy, Rachida, mais Fillion…
On parlera facilement “d’une autre façon de faire de la politique”, pensant peut-être que comme l’instinct maternelle, le choix d’une vocation politique est génétique…

J’ose à peine vous citer les livres ou les articles sur les looks des femmes politiques, classées alors selon leur tendance vestimentaire, leur choix de vestes ou de robes sans oublier bien évidemment d’en citer la marque !
La palme est accordée à ce sondage du Parisien.

Qui osera faire un test comparatif des chaussettes d’Eric Woerth, des cravates de Brice Hortefeux, sans oublier la tendance avec ou sans épaulette des costumes portés par nos dirigeants ?

Mais la souffrance n’a pas de sexe, ne cédons pas aux sirènes du “victimisme”, accrochons-nous, non pas pour imposer nos valeurs ou nous sentir supérieures, mais pour vivre, assumer d’être heureuses, libérées d’un homme imposé dans le passé à cause de notre condition, fièrement choisir d’aimer l’être élu par notre coeur ou notre corps ! Nous avons droit au plaisir, nous avons accès à la culture, nous pouvons choisir ou non d’être mère et même décider quand, nous votons, nous consommons, alors travaillons pour obtenir ce que nous voulons !
L’éducation abat toutes les cartes du déterminisme sexuel, soyons ce que nous devenons.

Cette nouvelle charte, fraichement signée, à visée égalitaire, dont Nadine Morano clame fièrement l’exclusivité et la primeur en Europe, me donne envie de parler, de façon non exhaustive, de femmes riches de réussites, des exemples à garder en tête les jours de doutes et à valoriser les soirs de discussions ou lorsque nous choisissons d’avoir un enfant et de l’élever au sens propre du mot.

Il y eut des femmes résistantes, la plus célèbre d’entre elles, Lucie Aubrac, mit son courage au service de nos libertés, osa duper Klaus Barbie pour retrouver son fiancé Raymond Aubrac, puis elle le libèrera lors de l’attaque d’un camion Allemands, avec quatorze résistants à son bord.

Il est des femmes d’affaires brillantes dont le pouvoir et l’intelligence ne sont plus à prouver. A leur tête, pour ne citer qu’elle, Patricia Barbizet, madame cent mille volts de la finance, chasseresse à la tête de l’économie française, éminence grise, à l’origine des multiples réussites de François Pinault, trop souvent réduite elle aussi à la marque de son tailleur ou à la hauteur de ses talons alors qu’elle entra à dix-huit ans à Sup de Co Paris dans la première promotion mixte !

La culture et l’intelligence ne sont bien entendu pas uniquement proportionnelles au nombres d’années d’études, si j’en crois le cas Françoise Giroud, elle quitta l’école à seize ans avec un diplôme de sténodactylo…avant de mener une belle carrière politique, d’écrire des livres à succès et d’être éditorialiste au Nouvel observateur pendant vingt ans.

Ce Même journal aura de nombreuses années pour rédactrice en chef, Christine Mital, elle aussi femme influente et intellectuelle exemplaire, elle réussira même à donner une âme aimable à la finance. Fille d’un industriel reconnu, elle n’avait que des frères promis à de hautes destinées, quand ses parents, mécontents qu’elle s’inscrive au lycée, la destinaient à un beau mariage… Le journalisme peut la remercier pour sa désobéissance…

Elisabeth Badinter étudia la Philosophie, la Sociologie, épousa un homme tout aussi admirable, aura trois enfants en trois ans, passera l’Agrégation de Philosophie, accouchera entre l’écrit et l’oral, assumera et assume toujours de s’ériger contre la pensée dominante si elle va à l’encontre du bon sens ou des Droits Humains. Elle apparait quand personne n’ose élever la voix sur un sujet brulant. Elle pourrait pourtant rester tranquillement chez elle à boire le thé, s’occuper de ses petits enfants ou chercher quel pull irait bien avec ses beaux yeux !

La haute sphère artistique culturelle publique est aussi en manque de femme aux postes clefs (mis à part en danse…).
La musique classique par exemple aime à rester conservatrice. Là où elle devrait être androgyne, pour la saison 2010-2011, les programmes des grands orchestres Français n’affichent aucune femme…

Il s’agit sans doute, cela va s’en dire, d’un léger oubli, au vu de la réussite internationale d’un Chef d’Orchestre comme Laurence Equilbey, à l’origine du retour en terre Française du Chant Choral.
Son Choeur Accentus est un orchestre à instrument unique, la voix, mais trente deux tonalités différentes, avec lequel, comme avec ceux aux multiples instruments, elle sculpte les notes de ses doigts ou de sa baguette telles de la matière en fusion ou une peinture donnant des couleurs aux sons, des reliefs aux portées.

La liste des femmes brillantes et présentes dans les médias pourrait faire des pages et des pages, je pense à Eva jolie, ancienne magistrate, première secrétaire générale adjointe au Ministère des Finances à ne pas sortir de l’ENA, à Ellen mac Arthur seule sur son son bateau en pleine mer, à la tête de nombreux records, ou encore Claudie André-Deshays, épouse Haigneré docteur ès science en Neurosciences et médecin spécialisé en Aéronautique, première femme astronaute française, à voler à bord de l’ISS.

Admirons des femmes comme : Danielle Casanova, Lise London, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Charlotte Delbo, Germaine Tillion ; Olympe de Gouges, Simone de Beauvoir, Marie Curie, Georges Sand, Louise de Villemorin, Marguerite Duras, Nathalie Sarraute, Jaqueline de Romilly, Annie Le Brun ; Camille Claudel, Annette Messager, Louise Bourgeois ; Anne Sinclair, Christine Ockrent, Mireille Dumas, Claire Chazal, Arlette Chabot ; Louise Weiss, Cécile Brunsschvicg, Arlette Laguiller, Martine Aubry, Cécile Duflot, Simone Veil ; Alice guy, Germaine Dulac, Agnès Jaoui, Tonie Marshall, Agnès Varda, Nicole Garcia, Maïwenn, Valérie Lemercier ; Dominique Sénequier, Véronique Cayla, Barbara Dalibard, Anne Lauvergeon, Catherine Deneuve, Nathalie Baye, Carole Bouquet, Yolande Moreau, Catherine Frot, Fanny Ardant, Josiane Balasko, Muriel Robin, Madeleine Renaud, Ariane Mnouchkine, Gisèle Casadesus, Annie Girardot, Sylvie Joly, Bulle Ogier, Jacqueline Maillan, Dominique Hervieu, Mathilde Monnier; Barbara,Véronique Sanson, Brigitte Fontaine, Emilie Simon, France Gall, Brigitte Engerer, Hélène Grimaud, Natalie Dessay ; Hélène Darroze… j’en passe et des meilleur(e)s, si j’ose dire, sans oublier toutes les femmes françaises inconnues.

Le manque de visibilité des femmes, réduit à une charte,les dégradantes images pseudo féminines visibles en permanence , ne doivent pas prendre le dessus.
Ne pourrions-nous pas choisir de voir notre verre à moitié plein au lieu de voir l’inverse et garder en tête la place des femmes ailleurs dans le monde, où parfois elles ont à peine le droit de se taire…
La vigilance se doit d’être quotidienne, mais tentons d’être humaine avant d’être femme.

Après lecture de cet article, je n’en voudrais pas aux hommes, d’exiger la parité !

Mon Homonyme l’a très bien chanté, mais alors : Femmes je vous aime ?

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Bérénice Clerc
Comédienne, cantatrice et auteure des « Recettes Beauté » (YB ÉDITIONS), spécialisée en art contemporain, chanson française et musique classique.

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