Danse
New York sur Seine aux Étés de la danse

New York sur Seine aux Étés de la danse

26 June 2018 | PAR La Rédaction


Aux Étés de la danse, la culture chorégraphique américaine brille. Le New York City Ballet et le Joffrey Ballet interprètent magnifiquement quatre pièces d’un chorégraphe trop peu présenté en France, Jerome Robbins.

À la question « êtes-vous un tyran ? », Jerome Robins répondait être là pour obtenir le meilleur de ses danseurs. Et c’est peut-être cette phrase, entendue dans un film réalisé à partir d’images d’archives du chorégraphe américain et diffusé avant le lancement des Étés de la danse, qu’avait en tête la cinquantaine de danseurs du New-York City Ballet et du Joffrey Ballet lors de la première représentation du premier programme du festival. Pourtant, la plupart d’entre eux n’ont certainement pas personnellement connu le chorégraphe, disparu en 1998 et dont on fête en 2018 le centenaire de sa naissance.

Dans ce programme de quatre pièces, écrites entre 1945 et 1994 et taillé sur-mesure pour souligner toute la richesse, l’inventivité et la vigueur du travail du chorégraphe, ces danseurs excellent. Très dense, mais toujours précise et surtout très lisible, l’écriture chorégraphique de Jerome Robbins implique pour les interprètes une très grande maîtrise technique. Par exemple, dans Dances at a Gathering (1969), pièce au vocabulaire classique, les danseurs du NYCB dansent sur un fond bleu, parsemé de nuages, soit un terrain de jeu virtuel propice à la grâce, légèreté et raffinement du mouvement. La prouesse physique – et il en faut pour s’adonner à des rondes de sauts à reculons, ne tombe jamais dans le démonstratif, encore moins dans l’exercice de style imposé. Tissu d’émotion pure, la danse se suffit à elle-même. De même que dans A Suite of dances (1994), solo de haute-volée pour Anthony Huxley.

Durant l’ensemble de ce premier programme des Étés de la danse, la personnalité de la ville de New-York est là, bien présente sur le plateau de la Seine musicale. Il y a là l’élégance de Cameron Grant, nœud papillon sur costume noir, pianiste gentleman qui accompagne de valses et mazurkas de Chopin les dix danseurs de Dances at a Gathering, pour la plupart étoiles au New-York City Ballet. Il y a là encore, dans Interplay (1945), pépite autant joyeuse qu’endiablée, ces danseurs du Joffrey Ballet en petites chaussettes blanches et en costumes aux lignes très urbaines, aux couleurs vives, les hauts bouffants insérés dans les académiques : ces allures urbaines et sexys rappellent quelques scènes de West Side Story, dont Jerome Robbins avait signé les chorégraphies. Cette imagerie issue des comédies musicales made in NYC se retrouve aussi lorsque danseurs et danseuses font des roues, claquent des mains ou sautillent à l’unisson, jambes et bras inclinés à l’oblique. Il y a enfin cette dernière pièce du programme, Glass Pieces (1983), pour laquelle l’orchestre Prométhée propose une interprétation puissante des musiques de Philip Glass, et qui saisit les pulsations de la ville de New-York. Mythologie virile de la ville, foule grouillante matérialisée ici par quarante-deux danseurs, légère synchronie avec la musique entêtante de Glass closent avec euphorie ce premier programme 100% Jerome Robins.

New-York brille, le New York City Ballet aussi. Sans oublier le Joffrey Ballet, installé à Chicago, notamment connu pour avoir remonté le Sacre de Nijinsky en 1987, et dont les jeunes interprètes ne manquent ni de charisme, ni de personnalité. Jerome Robbins, dont le travail est trop peu présenté en France, est à découvrir aux Étés de la danse grâce à deux programmes de pièces :

Programme 1, Jerome Robbins par le New York City Ballet et le Joffrey Ballet jusqu’au 27 juin
Programme 2, Jerome Robbins par le Miami City Ballet, Perm Opera Ballet et Pacific Northwest Ballet du 28 au 30 juin

Le festival se poursuivra jusqu’au 7 juillet et toujours à la Seine Musicale avec deux autres programmes interprété par le Pacific Northwest Ballet de Seattle.

lesetesdeladanse.com

Sacha Pech

Infos pratiques

Festival des Heures Musicales de Biot
Centre Régional d’Art Contemporain à Sète
Avatar photo
Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration