Danse
Maud Le Pladec, dans l’acidité du bad trip du <em>Professor</em>

Maud Le Pladec, dans l’acidité du bad trip du Professor

19 September 2012 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Un jour, Maud Le Pladec découvre la musique de Fausto Romitelli. Elle est électrique, rock, faite de nappes, d’acidité, en un mot, elle « trip », very bad trip, très bon spectacle.

La chorégraphe a rencontré le compositeur, elle a eu envie de traduire physiquement tout ce qu’elle entendait. Ce qu’elle entendait justement c’était trois leçons : Bad trip n°1, 2 et 3. Le spectacle se découpe en trois et il est également interprété par trois danseurs dont l’un, Tom Pawels est avant tout guitariste.

Dans une ambiance back to black, on voit surgir de la pénombre Julien Gallée-Ferré. Il commence à faire corps avec le son. La lumière magnifique intègre rapidement des flashs de néons. Les mains guident le reste, la fusion est totale, immédiatement entêtante et hypnotique. La première leçon joue avec lui seul, qui apparaît et disparaît. La seconde met en scène un jeu de cache-cache fort drôle. La musique est star, on voit le musicien assis, guitare en bandoulière. Un troisième danseur occupe maintenant la scène, Yoan Démichelis. Ils s’échangent, troublent les rôles, drogués, hagards, ils ne font qu’un, parfois au sol, inconscient. La troisième est portée par une mise en lumière blafarde. On est en plein réveil d’un bad trip. Les trois vont alors structurer encore plus le geste pour expliquer, par le corps la musique, pour révéler par le physique les sensations d’une prise de drogue dure.

Maud Le Pladec réalise une exégèse par le corps. C’est brillant. Elle installe pendant 47 minutes un spectacle de junkies. La musique aurait pu être celle de Transpoting, elle puise plutôt ses références dans Henri Michaux. Professor prend aux tripes, coule dans les veines, monte avant de laisser sa trace. Les trois artistes offrent une danse dont ils semblent volontairement esclaves. Ils sont au sens propre, tirés par la musique. Les genoux rentrent, le dos fond, les épaules embarquent les muscles suivants, frisant un déséquilibre semblable au travail que peut faire Samuel Lefeuvre sur la prise de risque.

D’une proposition, la chorégraphe rend limpide la musique de Fausto Romitelli totalement ancrée dans la même impulsion que John Cage ou Steve Reich. A musique spectrale mixée avec du rock alternatif Maud Le Pladec renvoie des gestes hallucinés à la précision métrique implacable.

Professor est un very good trip, reprenez -en, le spectacle sera repris au CDN de Montreuil. Réservations ici

Visuel : (c) Caroline Ablain

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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