Danse
L’obscurité lumineuse de Mylène Benoit éblouit June Events

L’obscurité lumineuse de Mylène Benoit éblouit June Events

10 June 2016 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Pour nous ce fut la première vraie claque de la dixième édition de June Events. Pourtant la veille Laurent Goldring avait mis la barre haut dans le registre des performances inoubliables en prenant dans ses filets la danseuse Marika Rizzi. Mylène Benoit revenait hier sur le plateau de l’Atelier de Paris avec L’Aveuglement, une pièce qui témoigne une nouvelle fois de sa belle et double obsession : faire danser les lumières et illuminer le noir.

En 2013, dans  Le renard  ne s’apprivoise pas elle noyait Nina Santes dans un rouge, lui bandant les yeux. En 2015, pour Notre danse, elle tentait de créer une langue, dramaturgique et chorégraphique, une danse sonore, qui viendrait de loin, comme tirée d’un fond commun. L’Aveuglement se niche dans cette ligne. Il s’agit d’une immersion dans le noir, total, celui que Genod et Pommerat  obtiennent pour leurs pièces. Et comme à chaque fois dans cette expérience, l’effet est le même, celui d’un trouble et d’une fascination. Il y a de la peur immédiatement calmée par le fait d’être ensemble sur un terrain commun (Un festival de danse dans un lieu amical). Des voix que l’on ne voit pas vont être les manipulatrices sonores d’un superbe mur de lumière. Mur qui danse, dont le ballet des spots semble avancer en prenant des rondeurs et des des éclats.

Mylène Benoit provoque des images par l’immersion et la fascination, elle amènera du corps, des corps aux yeux clos qui ne se touchent pas et qui vont  danser les pieds comme scellés au tapis (ici un vrai tapis, comme une moquette rase). Torsions, gestes de clubbing, élans qui sont des hésitations. Ceux-là sont en train de vaincre leur peur du noir.  Alexandre Da Silva, Célia Gondol et Nina Santes sont nos chiens d’aveugle, ceux à qui on fait confiance.

L’Aveuglement est bijou performatif totalement obsédant. Si on accepte de lâcher prise et d’avaler le temps, le cadeau est immense, celle d’une danse finalement chorale, à la douceur propre à celle des petits matins après une nuit passée à errer dans une nuit noire.

La vidéaste, chorégraphe et plasticienne qui sera résidente à la Villa Kujoyama en 2017 pour y créer son prochain spectacle, Maladresse, est définitivement devenue une incontournable. Elle joue avec ceux qui mêlent la danse et la performance. Un spectacle formel au récit clair qui vient déployer nos sens avec élégance, où les mouvements s’écoutent.

Le spectacle sera en tournée en 2017 au festival Pharenheit (Le Phare – CCN du Havre Normandie) et au festival Le Grand Bain (Le Gymnase I CDC Roubaix Hauts-de-France)

Le Festival June Events lui continue avec notamment demain la reprise de l’un des plus beaux spectacles du Festival d’Avignon 2015, Jamais Assez de Fabrice Lambert. 

Crédit photo : Patrick Berger

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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