Danse
Le Don Quichotte des temps modernes par José Montalvo

Le Don Quichotte des temps modernes par José Montalvo

23 May 2014 | PAR Marie Boëda

Mettre en scène le chevalier à la triste figure de Cervantes peut prendre différents chemins. Le chorégraphe José Montalvo a choisi celui du burlesque à Chaillot jusqu’au 30 mai. Homme exalté aux multiples visages, “Don Quichotte du Trocadéro” est le chef d’orchestre d’une kyrielle de danseurs aux accents humoristiques. Métissage des arts dansés assuré qui rend hommage au plaisir visuel que la danse procure, mais pas seulement.

donquichotte1Ce brassage de danse et de comédie donne un nouveau souffle au Don Quichotte chorégraphié par Petipa. En conservant la musique de Léon Minkus, José Montalvo garde l’identité de la création de l’illustre chorégraphe autant russe que français. Une musique entrainante ponctuée par quelques accents modernes. C’est au son d’une partition classique que les danseurs de tous horizons s’emparent de la scène, flamenco, hip hop, classique et claquettes… Ils nous emmènent dans un univers à la fois comique et explosif. Les danseurs associent tous les styles. Un coup classique, un coup hip hop pendant qu’un petit homme robuste rajoute du rythme à la manière d’un danseur de flamenco. Et ça se poursuit, avec des claquettes, qui soufflent un vent de fraicheur et de dynamisme. Pour compléter l’éclectisme du spectacle, même des chants africains arrivent à se glisser parmi la multitude de genres interprétés.

 Difficulté technique certaine mais légèreté de la mise en scène. Patrice Thibaud, le chevalier errant, a des airs de Louis de Funès dans son jeu comique. Un jeu burlesque, avec mimiques de tous genres, regards au public et danse grotesque qui pourrait lasser. Mais ce risque est annulé par l’entourage riche et complémentaire du personnage qui rend l’ensemble du spectacle savoureux. José Montalvo revient aux prémices d’une danse qui se veut avant tout initiatrice du rire et influencée par une gestuelle digne de la commedia del arte. Lieu de détente et de plaisir. A la place d’un homme tiraillé entre réalité et imagination, ce Don Quichotte aux allures de Bourgeois Gentilhomme veut d’abord faire sourire. Au vu des rires dans la salle c’est plutôt réussi. Comme l’explique le chorégraphe, Patrice Thibaud (au talent comique et acrobatique reconnu) illustre parfaitement cette reprise de Don Quichotte. Premier roman moderne qui assume sa part de burlesque. Même si le jeu comique est bien mesuré, on a parfois l’impression d’un manque de cohérence mais, ce spectacle se veut  avant tout “une déclaration d’amour à la danse, que José Montalvo considère comme un antidépresseur de pointe”. 

 Le directeur du pôle chorégraphique du théâtre de Chaillot, José Montalvo, grand habitué des mises en scène “hors les murs” n’a pas dérogé à sa règle. Des vidéos sont projetées nous plongeant dans le métro parisien. Un vieil homme au regard rieur (serait-ce Cervantes ?) observe le déploiement des danseurs et du chevalier sur les rames du métro. Dans la salle du théâtre de Chaillot on se sent tous concernés par ces rames du métro parisien, proche de la sortie du théâtre. C’est qu’un Don Quichotte sommeille au fond de chacun de nous.

Photo (c) affiche du théâtre.

Infos pratiques

Théatre Gérard Philipe
Comédie saint michel
theatre_national_de_chaillot

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