Danse
Israel Galván entre dans le rythme des Romanès

Israel Galván entre dans le rythme des Romanès

18 September 2018 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Quelle claque ! Oui, une claque, mais avec les deux pieds, parfois avec les mains aussi. Israel Galván a enterré ses blessures et s’est trouvé une famille d’accueil hors du commun. L’incroyable Gatomaquia est à voir d’urgence au Théâtre de la Ville, dans le Cirque Romanès.

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On l’avait laissé survivant lors du dément Fiesta, dans la Cour d’honneur clivée du Festival d’Avignon 2017. Il se remettait d’une grave blessure et c’est à genoux qu’il descendait les marches pour dire sa douleur. Là, le danseur et chorégraphe espagnol réactive un solo vieux de onze ans pour en faire un collectif pour chats et circassiens. Oui, chats… quatre d’ailleurs. D’où le sous-titre : “Gatomaquia O Israel Galván bailando para cuatro gatos”.

Sous le chapiteau de la famille Romanès en ce moment abrité à quelques mètres, et bien planqués, de la Porte Maillot, on trouve le terrain de jeu classique du célèbre danseur de flamenco : des praticables sonorisés, des choses en métal, des chaises… Comme toujours l’entrée en scène est à la fois douloureuse, ardue et spectaculaire. Sur ce coup-là, il est armé de chaussons en bois japonais qui claquent bien eux aussi. Le corps tape et il est tout en suite en déséquilibre.

Plus animal que jamais

De Galván, on sait les Zapateados détournés au profit d’un propos souvent très personnel. Il a dansé la mort, la folie et le voici clownesque, alliant la virtuosité à l’humour dans un dialogue permanent avec le lieu si particulier, si intime qu’est le chapiteau des Romanès. Un solo multiple d’abord en pas de deux violent avec un rocking-chair en métal plus féroce qu’un taureau dans l’arène. Puis, avec les filles d’Alexandre et Délia : la trapéziste Alexandra, l’envoûtante danseuse Rose-Reine et l’hypnotique hola-hoopeuse Irina. Galván dépasse le flamenco comme toujours, l’avale et le jette d’un geste de la main. Il est plus animal que jamais, plus joueur que jamais, plus proche que jamais. Le duo éternel se reforme, entre le danseur et son guitariste dément, Caracafé.

Tout fait corps ici, et même les chats ( surtout un !) défient le danseur avec autant de rage que lui. La chaleur monte et le lieu se trouble. Nous sommes loin de Paris, dans le temps comme dans l’espace, dans un temple tzigane au cœur andalou. Un vrai chef-d’œuvre dont les palmas claquent encore longtemps après les saluts.

Visuels : ©Théâtre de la Ville

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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