Danse
“Impulso”, un documentaire sur Rocio Molina

“Impulso”, un documentaire sur Rocio Molina

09 October 2018 | PAR Marie Boëda

« Impulso » est un documentaire sur la danseuse étoile de Flamenco Rocio Molina réalisé par Emilio Belmonte. Il retrace les différentes étapes de création de « Caido del cielo » présenté en 2016 au Théâtre de Chaillot. On y découvre le sérieux de la danseuse, sa force et son besoin permanent de franchir les limites.

Le flamenco est une musique, une danse, un chant. A travers l’improvisation, les artistes déclinent leur savoir pour n’en faire plus qu’un. Le documentaire commence par des répétitions, interviews et ressentis de la troupe. Rocio Molina, en colonne vertébrale, répète avec chacun d’entre eux. La 1ère fois qu’ils sont tous ensemble, ce sera sur scène.

Travail, concentration et rires permettent de valoriser l’improvisation, essence même de la force et de la fragilité du flamenco. On ne peut se cacher derrière quelque chose, tout est montré en direct, les danseurs doivent s’écouter, s’amuser, se regarder pour créer en interaction permanente. Un regard suffit parfois à tout faire basculer. Comme lorsque la troupe “débriefe” un spectacle de la veille. Rocio Molina n’y était pas, selon elle, le sol lui « bouffait son énergie », le guitariste ne « comprenait pas ses regards » pour l’improvisation. La conclusion est finalement positive puisque cette tension s’avère « excellente » pour le spectacle.

Rocio Molina s’est intéressée à différentes danses mais a toujours conservé le flamenco. Elle n’est pas la seule danseuse de flamenco mondialement connue mais elle se différencie par la quête permanente d’autre chose, aller toujours plus loin, dépasser les limites à travers un rythme revisité, car tout part de là. Le flamenco n’est pas qu’esthétique, il est un état second qui parle de souffrance, de colère et de rire. La mère de Rocio a les larmes aux yeux rien qu’en en parlant. Sa fille la « fait souffrir » car elle s’extrait de ce qu’elle est quand elle est sur scène.

La Chana, ex reine du Flamenco, adorée de Dali revient exceptionnellement sur scène pour elle. « Elle a percé les murs de mon âme » dit-elle. Pourtant, elle dit aussi qu’elle n’est pas en forme, fatiguée, âgée. Sur scène, assise sur une chaise en bois, l’ancienne danseuse commence son réputé zapateado (rythme rapide des pieds) laissant s’exprimer ensuite ses bras, ses mains et ses épaules avec une puissance impressionnante. Il faut l’aider pour se lever.

C’est ça le flamenco, qu’explore humblement le documentaire. Travail, entrainement, passion, sans arrogance, sans prétention pour un art qui demande pourtant tant de provocation.

A 34 ans, Rocio Molina n’a pas fini d’explorer le flamenco afin de ne pas l’enfermer dans une tradition figée et poussiéreuse. Sur scène, elle est prête à se tester pour l’art, en allant jusqu’à « l’épuisement de ses forces » pour voir ce qu’il va en ressortir et prépare ainsi les futurs spectacles.

En attendant, rendez-vous à Chaillot à partir du 9 octobre pour « Grito Pelao ». Le documentaire sort quant à lui le 10 octobre.

La bande d’annonce 

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Marie Boëda

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