Danse

ImMERCE yourself au Théâtre de la Ville

04 November 2010 | PAR Alienor de Foucaud

Dans le cadre du Festival d’Automne, le Théâtre de la Ville accueille la Merce Cunningham Dance Company jusqu’au 13 novembre, pour deux programmations exceptionnelles. A l’approche de sa mort, le chorégraphe tenait à baliser une tournée mondiale de deux ans, à l’issue de laquelle sa compagnie serait dissoute. Ce Living Legacy Plan déploie ainsi quelques éclats laissés par Cunningham et lui rend un fier hommage.

Dialogues de matière et d’espace, les chorégraphies de Merce Cunningham explorent les manifestations de l’être comme autant de phénomènes. Pond Way, créé en 1998, est l’une de ces contemplations actives et éminemment sensuelles. Les danseurs semblent posés sur un plan d’eau, comme des mouettes prêtent à s’envoler et s’ébattre sur les échos marins de la musique de Brian Eno. Alliant à une grâce naturelle, une vélocité quasi innée, les treize danseurs qui habitent l’espace scénique offrent un véritable moment de plénitude. Chaque mouvement y est déployé, mesuré, respiré. Pour le chorégraphe, le sujet de sa danse, est la danse. Les corps parlent d’eux-mêmes, fournissant l’influx nerveux qui éveille d’insoupçonnées motricités.

En Janvier 1970, Merce Cunningham et John Cage forment un nouveau tandem autour de la création de Second Hand. Allant toujours plus loin dans l’innovation, les deux acolytes se laissent emporter par des improvisations musicales et dansées. Les deux formes coexistent dans le même temps et le même espace bien que créées indépendamment l’une de l’autre. Une graphie très épurée se distingue, faite de glissements, attitudes, cambrures et sauts légers stoppés net. Un élan porte ces danseurs vers un au-delà corporel, comme si le mouvement de leurs corps les guidait à leur insu.

En créant Antic Meet, en 1958, Cunningham prend définitivement congé du style de Martha Graham, dont il fut l’interprète de 1939 à 1945. Loin du lyrisme grahamien, qu’il parodie fortement, en substituant à l’expression de la douleur, une certaine ironie primesautière, le chorégraphe laisse libre cours à « une série de situations absurdes, qui se suivent sans construction particulière. » Un sens de l’absurde retrouvé dans les accessoires et costumes conçus par Rauschenberg, autant que dans les accents aigus du piano agencé par John Cage et des crissements d’archets. Tel un magicien, Cunningham manie avec perfection l’association du mouvement, du temps, de la musique et des arts visuels, permettant à chaque élément d’être « indépendant et fort ».

La postérité d’un chorégraphe tel que Merce Cunningham ne dépend certes pas de ces dispositifs d’archivage et de transmission. L’immensité de ce qu’il lègue, en termes d’histoire de la danse ne saurait se résumer aux seuls contours d’un répertoire, mais ces pièces traduisent parfaitement la vivacité d’un esprit qui fut en perpétuel besoin de recherche et de découverte. Longue vie à la Merce Cunningham Dance Company, et que la danse soit !

Crédits Photographiques : Carol Pratt, Anna Finke et Richard Rutledge


Merce Cunningham – Pond way
envoyé par MickeyKuyo. – Films courts et animations.

Merce Cunningham au Théâtre de la Ville

Premier programme: jusqu’au 6 novembre, Pond Way / Second Hand / Antic Meet

Deuxième programme: du 9 au 13 novembre, Roaratorio

2, place du Châtelet, 75004 Paris, Métro Châtelet (lignes 1, 4, 7, 11 et 14)

Tarif plein, 1ère catégorie : 28 euros, 2ème catégorie : 22 euros, Tarif jeune : 15 euros

Plus d’informations sur www.theatredelaville-paris.com ou au 01 42 74 22 77

Infos pratiques

Pete Rock plays … Pete Rock à la Bellevilloise vendredi 5 novembre
Le salon de la photo ouvre ses portes du 4 au 8 novembre
Alienor de Foucaud

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration