Danse
“Grand Finale”, le rythme eschatologique d’Hofesh Shechter

“Grand Finale”, le rythme eschatologique d’Hofesh Shechter

16 June 2017 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Que c’est chic ! Hofesh Shechter a choisi Paris pour créer sa dernière pièce ( la meilleure ? ), Grand Finale. Un choc qui résume tout le travail de ce chorégraphe israélien devenu londonien. Si la fin du monde est proche, elle se fera dans une explosion collective. 

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Depuis Political Mother, il nous a appris que la danse pouvait être un cri. Puis il y a eu Sun où l’aube répondait au désespoir. Et puis Barbarians, sur le désir. Alors quoi d’autre ? Tout ensemble, peut-être comme sur un cadavre exquis encore chaud sur lequel on peut jouer du violon. Il accumule ici sans pour autant déborder. Comme il sait si bien le faire, il jette ses dix danseurs sur scène comme si ils avaient été catapultés là. Les bras sont très présents, ils foudroient l’air qui les entourent. Les jambes sont souvent écarts, pour plus d’appui. Il y a du saut, des marches tribales,  un tempo qui dépasse le hardcore.

Si dans Sun, il invitait la musique classique, elle est dans Grand Finale présente sur scène. On voit six musiciens classiques glisser, disparaître derrière de hauts murs qui peuvent être ceux d’une prison. Ils vont jouer tout le temps et leur composition sera mêlée à des boucles électroniques de plus en plus rapides. Alors ils sont là, dix. Le groupe ressemble à une armée, et une nouvelle fois Hofesh Shechter va faire la guerre. Il va tuer, fusilier, faire d’amis des ennemis et tout à la fin, les réunir, une fois devenus fantômes dans un éclat de beauté où la danse sera balkanique puis orientale.

Peut être que Grand Finale est la plus israélienne des pièces de l’artiste associé au Sadler’s Wells. Cette danse apocalyptique dit la vie dans un Etat d’Urgence permanent, et la façon dont la course reprend le dessus sur l’inaction.  Rage de dire, sueur au litre, tout dit l’urgence d’en finir. L’humanité est finie, les cadavres deviennent ici des poupées ou des partenaires de bal amorphes.

Désespéré, Grand Finale est une grenade qui ne cesse d’exploser. Il n’y a aucune solution. Ils peuvent danser à en crever, enserrés à l’occasion entre les murs,  dans une fête aux beats haletants. Ils peuvent mettre la tête en arrière, soulever le torse et augmenter encore et encore la cadence, il n’y aucune solution.

La lumière sera au bout du tunnel, la seule issue est la disparition, mais pas avant d’avoir fait l’expérience d’un baiser et d’un désir fou, preuve que le contact peut encore se faire.

Visuel : ©Victor Frankowski

Du 14 au 24  juin à La Villette.

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