Danse
Fool d’Hiver, l’expérience de la fête

Fool d’Hiver, l’expérience de la fête

19 February 2018 | PAR Lili Nyssen

Samedi 17 février, pour la clôture du festival Faits d’Hiver, la performance d’Arthur Perole, Fool d’Hiver, à la Conciergerie de Paris a été des plus surprenantes, englobant dans un élan tout le public, provoquant presque un effet de transe euphorique. 

nina-flore-hernandez

Le festival Faits d’Hiver fêtait ses vingt ans. Pour cet anniversaire, Arthur Perole, danseur chorégraphe et interprète, dont la compagnie F est basée à Marseille, était invité à investir la Conciergerie de Paris dans le cadre de l’opération “Monuments en Mouvements”. L’opération a pour objectif de faire revivre les monuments nationaux, de les faire redécouvrir par de jeunes artistes. Ainsi, ce vaste lieu historique est l’occasion pour le chorégraphe de mettre en place un dispositif particulier, où il explore les pouvoirs du groupe par le biais de la tarentelle, danse traditionnelle séculaire originaire d’Italie du Sud.

La grande salle de la Conciergerie de Paris avait revêtu des allures douces. Ce lieu qui, comme l’explique Arthur Perole dans un entretien pour le festival, servait notamment à accueillir des banquets et fêtes, le chorégraphe entend lui donner vocation à abriter les fêtes d’aujourd’hui.

Lumière rouge tamisée, sol tapissé de tissus noirs, masques de carnaval pour chaque membre du public… Ce monument historique se donnait presque des airs d’espace favorisant l’échangisme. On arrive, on déambule entre les arcs boutants. Et puis, on se rassemble anarchiquement autour de cinq danseurs (Marion Carriau, Alexandre Da Silva, Joachim Maudet, Arthur Perole, Lynda Rahal )  qui, par la manipulation lente et répétitive des tissus au sol, établissent progressivement un contact avec le public. Et en effet, le choix des danseurs par Arthur Perole a été sélectif. Il n’a choisi que des danseurs auteurs, qui avaient une capacité d’invention, et une force de proposition artistique. Se développe alors un contact via les tissus, enroulés autour des têtes et des nuques, qui lie les corps dans l’incompréhension et la curiosité. La musique commence, et par une sorte de magie du collectif, les danseurs entraînent le monde, et chacun devient lui même danseur. Les hommes, femmes, enfants, vieillards, sous leurs masques de carnaval, se tiennent par la main, dansent et traversent la grande Conciergerie dans une chenille géante. Magie du collectif, comme un rituel, une célébration, un émulation, qui exalte une émotion de groupe, chacun entraînant l’autre et tournoyant sous les basses et les percussions mixées dans un coin de la salle par un DJ. Cette prestation reflète ainsi parfaitement les interrogations du chorégraphe. En effet, déjà en 2010, il avait fondé la CieF, avec laquelle il plaçait la notion de regard du public au cœur du questionnement artistique.

On ressort avec une fougue dans l’âme, la sueur sous le masque, et l’envie de savourer l’air qu’on respire.

Visuel : ©Nina Flore-Hernandez

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Lili Nyssen

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