Danse
[Festival d’Avignon] Lisbeth Gruwez libère l’angoisse

[Festival d’Avignon] Lisbeth Gruwez libère l’angoisse

20 July 2016 | PAR Amelie Blaustein Niddam

La muse de Jan Fabre est sur scène et pour le meilleur. Lisbeth Gruwez présente en compagnie de Nicolas Vladyslav We’re pretty fuckin’ far from okay, un pas de deux sur l’angoisse qui agit comme un catalyseur.

[rating=5]

Lisbeth Gruwez est danseuse et chorégraphe de plus en plus en vue, ses spectacles font date : L’origine en 2011, It’s going to get worse and worse my friend (2012) et AH/HA (2014). Avec ce spectacle créé au Festival d’Avignon le 19 juillet 2016, elle tape fort en s’emparant d’un thème a priori hostile. Comment danser la peur ? Comment danser l’angoisse ? Comment transmettre ses phobies les plus vives sans que la vision de ces choses soit totalement insoutenable.
Ils sont deux assis de part et d’autre du plateau chacun sur une chaise. Orange et verte pour elle, rouge et bleu pour lui.
L’espace est resserré nous mettant dans la sensation que l’on a quand on se réveille en sursaut en pleine nuit le cœur arraché et oppressé.

Ils vont d’abord tenter de respirer, profondément, comme pour entrer en méditation sans y parvenir jamais. Leurs tensions sont palpables, les visages sont crispés. Tout est crispé. Bientôt et progressivement, le mouvement va se faire. Ils sont en miroir déformant, leurs gestes se ressemblent mais ne sont pas les mêmes. Ils sont deux, mais ils sont seuls. Ils ne se regardent pas, ne s’aident pas. Aucun n’est là pour sortir l’autre de sa torpeur.

La chorégraphie reprend les gestes les plus humains : mains qui enserrent la tête, bras qui se croisent sur le torse. Torsion du corps. Pliures. Plus le spectacle avance plus l’angoisse monte. Le plateau s’ouvre comme dans un cauchemar : les chaises disparaissent, les murs deviennent lumière éblouissante. L’étau se resserre.

Les danseurs sont éblouissants dans une partition qui permet une évolution de rythme allant jusqu’à la frénésie. La catharsis fonctionne, on sort de là vivant. Nicolas Vladyslav et Lisbeth Gruwez ont avalé nos peines et nos douleurs, les ont faites leurs. Et c’est superbe.

We’re pretty fuckin’ far from okay © Christophe Raynaud de Lage

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