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Un diptyque Jann Gallois impressionnant au Festival de Danse de Cannes

Un diptyque Jann Gallois impressionnant au Festival de Danse de Cannes

10 December 2017 | PAR Yaël Hirsch

La chorégraphe Jann Gallois créait cet été un conte décalé, L’éclosion des gorilles au cœur d’artichaut, avec Lazare, dans les Sujets à vif du Festival d’Avignon (lire notre article). Pour le Festival de Danse de Cannes, elle créait pour la première fois une pièce pour 5 danseurs (Quintette), précédée de la reprise de son duo marquant de 2016, Compact. Le tout formait près de 2 h de spectacle au Théâtre de la Licorne qui a laissé le public nombreux fou de joie et d’énergie.
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Le public doit se soulever de sa chaise pour voir Jann Gallois et Rafael Smadja “entrer” en scène. Ils sont totalement imbriqués au sol sur le devant de l’espace qui leur est alloué. Pendant 25 minutes, l’on aura du mal à déterminer quel membre appartient à qui, tellement ce pas de deux est tout collé. Sur une musique signée Alexandra Dai Castaing et Nils Frahm et sur le souffle et la voix évocateurs des danseurs tête en bas, l’on vit toutes les étapes de l’amour, le mouvement lancinant du rapprochement (encore!), les éclairs de la passion et aussi l’angoisse de la séparation et les retrouvailles.  Le hip-hop est très présent, avec notamment, tout un travail sur la tête des deux danseurs imbriqués, qui est peut-être le pic d’érotisme de cette pièce où tout est brûlant. La lumière, elle aussi, joue de son effet, venant du sol et semblant lécher les corps  et les têtes aux houppes qui se répondent, de manière horizontale et dorée. Qu’il le voit ou le revoit, le public ressort de ce corps à corps complètement … amoureux!

Vingt minutes plus tard, autre coiffure et haut en voile transparent, Jann Gallois est de retour avec 4 danseurs, Maria Fonseca, Erik Lobius, Amaury Réot et Aure Wachter pour consommer à cinq la pomme de la discorde sur un plateau. Les danseurs se mettent en place tout et prêt… Et patatras. Ils se disputent car ne sont pas d’accord pour dire qui va où. “Je voulais partir de la difficulté que nous avons à nous écouter les uns les autres”, explique la chorégraphe,. “Et j’ai voulu aborder ce thème de manière burlesque”. En effet, l’on rit quand les cris éclatent… puis assez vite la colère est un moteur, malgré leur surdité, les cinq corps se mettent en mouvement. Sur une musique assez organique de Alexandre Bouvier et Grégoire Simon, ils semblent traversés par un souffle plus fort qu’eux, s’apaiser, se poser sur la tête pour exécuter ensemble avec une lenteur impressionnante et une précision infinie des mouvements hip-hop, puis reprendre du poil de la bête et de la verticalité pour s’engueule ensemble, comme une sorte de clin d’œil au commencement. Le traité de paix est signé au sol et avec poésie. Le public applaudit à tout rompre la performance physique et l’univers tellement original et créatif que Jann Gallois et la Cie Burnout ont déroule sous nos yeux.

visuel :  Laurent Paillier

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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