Danse
Casse Noisette à l’Opéra Bastille

Casse Noisette à l’Opéra Bastille

01 December 2014 | PAR Sarah Hamidou

L’Opéra de Paris voit grand pour marquer la période des fêtes. Pour la première du célèbre ballet de Rudolf Noureev, l’Opéra nous a offert une distribution rêvée : Dorothée Gilbert dans le rôle de la jeune héroïne Clara, et Mathieu Ganio dans le double rôle de Drosselmeyer et du Prince Casse-Noisette ainsi que l’américain Kevin Rhodes à la direction musicale. 

Le Ballet Casse Noisette fait partie de ces traditions de Noel dont on ne pourrai se passer. Il est l’un de ces spectacles qui appartiennent à la période des fêtes, et qui est conçu pour ravir le spectateur. Et c’est précisément ce que parvient à faire la troupe de l’Opéra Garnier cette année, une fois encore. Fidèle à la tradition, le ballet nous livre les décors et costumes dessinés par Nicholas Georgiadis, qui avait instauré son décor féerique depuis sa collaboration avec Noureev  en 1985. Inchangés depuis, mais qui n’ont pas pris l’ombre d’une ride.

Soyons clairs, la performance livrée par l’opéra de Paris frôle la perfection. Et pour cause, les danseurs ont été formés pour. Dès les premiers pas de danse esquissés sur scène, la troupe est déconcertante: l’on a rarement vu une telle légèreté, aussi bien chez les étoiles que chez les petits rats, et de rigueur dans l’exécution des tableaux. Mais aussi dans la théâtralité et les jeux de mimes auxquels on assiste. Il s’agit de raconter un conte enchanteur, conçu rappelons le par Marius Petipa comme un spectacle familial.

L’on prend vite gout à l’histoire de Clara et de son prince, qui s’évadent le temps d’un rêve la nuit de Noel. Dès le premier acte, l’on assiste à une performance réussie quoique encore très narrative. Malgré cela, le ballet offre quelques apartés d’un divertissement très rafraîchissant, en particulier grâce à l’humour produit par la danse des grands parents. Et voilà l’enchantement dès le troisième et quatrième tableau, ou débute le Rêve  de Clara, et l’apparition des rats.  S’enchaîne alors un festival de parties exécutées avec de plus en plus de souplesse, malgré la complexité des enchaînements.  Après quelques minutes de danse en duo, le couple Gilbert/Ganio gagne en complicité, tandis que le cinquième tableau, la Danse des Flocons, confirme la coordination et la légèreté exemplaire de la troupe.

L’Acte II est à lui seul toute une féerie, bien qu’il s’ouvre par un rêve aux allures cauchemardesques: le tableau des Chauves Souris. Alors que Clara rêve de sa famille, cette dernière apparaît sous les traits de multitudes de chauves -souris dansantes, et aux têtes de poupées de porcelaine. Ce tableau étrange, que l’on pourrait facilement rapprocher de l’univers burtonien, voir redonien, est des plus réussi de par l’onirisme qu’il dégage. Un vrai effet d’ambiance autant que de danse, et qui réussit le pari oxymorique de rendre l’angoisse de Clara “merveilleuse”.

Arrive alors le tableau des Voyages, qui sont chacun à leur tour de pures performances chorégraphiques, allant bien au delà de la narration si présente dans le ballet. Dans les  performances mémorables, l’on retiendra la Danse Arabe, exécutée admirablement par Stéphanie Romberg  et Yann Chailloux.  Alors que le ballet est visiblement réglé comme du papier à musique, la première danseuse offre une performance remarquable, littéralement par la souplesse de ses pas et la sensualité débordante qui émane de ses gestes. Un rôle qui semble avoir été fait pour elle.  D’autant que la performance des danseurs est aussi impressionnante dans leurs solos qu’en duo. Puis vient  la Danse Chinoise,  autre moment des plus mémorables du ballet. Les danseurs performent remarquablement leur sauts, et livrent une vraie performance physique, tels des gymnastes, et ce dans une coordination remarquable. La technique aurait pu suffire à ravir le spectateur, mais le halo doré qui a recouvert la scène lors de leur passage n’a fait que sublimer d’avantage la chorégraphie.  Le spectacle se finit par une scène mémorable de bal, qui semble avoir été créée pour exposer tous les fastes de l’Opéra. La dernière Clara nous fait l’effet de tourner la dernière page du livre de conte, et alors que héroïne se réveille, le spectateur reste encore en pleine rêverie.

Il ne fait aucun doute que Casse Noisette est de nouveau une réussite, dans la mesure ou il a pour vocation de susciter l’émerveillement . Le spectacle offert par l’opéra de Paris n’ a pas été réinventé cette année, et ce n’est pas ce qu’on attend en allant voir le ballet.  L’oeuvre de Noureev est un spectacle créé pour les fêtes de fin d’année, il en reconduit les traditions, au point d’en être devenu une lui-même. Et c’est cet état d’esprit qui traverse le spectacle depuis la première note jusqu’à la dernière, et ce à la perfection.

Un ballet vivement recommandé et dont les réservations se font sur le site de l’Opéra National de Paris. 

Visuels: (c) Opéra National de Paris.

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