Danse
Benoît Lachambre fait danser la voix de Janis Joplin au Théâtre de la Bastille

Benoît Lachambre fait danser la voix de Janis Joplin au Théâtre de la Bastille

31 March 2011 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Le théâtre de la Bastille accueille pour encore deux petits soirs un ballet sur Janis Joplin. Ou plutôt, sur la voix de la chanteuse morte d’une overdose à 27 ans. “JJ’s Voice” est une production conjointe du Ballet Cullberg de Stockholm et du Canadien Benoît Lachambre. Une association étonnante au service d’un spectacle dément et totalement psychédélique.  Courrez-y!

Le public entre, les danseurs sont déjà sur le plateau. Originalité, ce temps qui généralement dure quelques instants s’installe dans une lenteur et une durée imposante immédiatement captivante. Huit personnages en tenue de Hip-Hop , baskets et sweat à capuche rampent, s’accrochent à des cubes en bois, se relèvent et tour à tour, les empilent pour en faire un totem sur lequel sera vite accroché le mot “listen”, écoute. Les mouvements sont 100% hip-hop dans une version slow motion. On est saisis par la malléabilité des poignets, des chevilles et des genoux. Ces artistes semblent être en caoutchouc. Une fois tous debout, la voix de Janis Joplin déchire le silence. Lumière de concert, fumée, les danseurs quittent le hip-hop se lancent alors dans une chorégraphie frénétique de danse contemporaine.

JJ’s Voice cherche à étudier les modulations de la voix si particulière de Janis Joplin au travers de 5 titres allant du rock de Down on me  au Blues de  Kozmic Blues .Pour cela Benoît Lachambre choisit d’alterner le silence associé aux mouvements lents et le chant aux mouvements rapides. Ainsi, il donne corps à la voix de la chanteuse. Il incarne ce moment où la musique va succéder au silence. Le geste devient le son.

Les danseurs du ballet Culberg apparaissent comme des fans dans un public, ils connaissent les paroles, entrent en transe. La tension monte jusqu’à la fin du concert ou le dernier son de guitare claque. Quelques mots extraits des chansons de Janis sont accrochés au mur donnant une signification supplémentaire aux mouvements et apportant un aspect dramatique au spectacle.

Benoît Lachambre travaille sur les “expériences somatiques”, les gestes sont  contraints,  douloureux et cela sied parfaitement à la voix cassée de Janis Joplin. La peine atteint la beauté. La technicité des danseurs est incroyable, tant dans leur puissance de saut que dans leur attention aux détails. Ils entrent dans la chorégraphie sans peur ni crainte, dans une symbiose avec la musique de Janis Joplin. Cette alliance du ballet et des chansons opère, transperçant les âmes des spectateurs rendant la voix de Janis Joplin plus vivante que jamais.

Une petite merveille à ne pas manquer.

 

photographer © Carl Thorborg

Blunt Force Trauma de Cavalera Conspiracy, un come-back décevant…
D’un film à l’autre : Claude Lelouch « the fighter »
Avatar photo
Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration