Danse
Atem, Josef Nadj nous coupe le souffle

Atem, Josef Nadj nous coupe le souffle

04 April 2013 | PAR Amelie Blaustein Niddam

En 2006, Josef Nadj est l’artiste associé du Festival d’Avignon, plusieurs années après en 2012, il y présente un spectacle tout à fait dans la ligne de ses expériences exiguës et fantasmagoriques qui fait enfin escale à Paris, au 104, dans un partenariat avec le Théâtre de la Ville. L’occasion est belle de découvrir son élégance forcenée. Il nous emmène avec Atem, dans un ailleurs onirique.

Place au trouble. Sur un drôle de plateau pensé comme une ATEM LE SOUFFLE -boite de 4m2, un fantôme passe, homme sans tête vêtu d’un costard noir. Au sol, une belle dame est dérangée dans son sommeil, elle va se lever comme habitée et dans un geste lent, extrêmement structuré et précis, chasser le démon, avant d’en devenir un elle-même.

Josef Nadj et Anne-Sophie Lancelin vont garder un visage éthéré absolument terrifiant. Ici, Le souffle, Atem en allemand, est symbolique, il envahit le spectateur tout en semblant infiniment absent des danseurs.

Josef Nadj, on le sait, est également un excellent photographe et dessinateur. C’est à un spectacle pensé comme un tableau que nous assistons. Il dit s’être inspiré d’une gravure d’Albrecht Dürer, et c’est bien dans une ambiance médiévale, où le culte des sorciers et des âmes troublées est absolu qu’il nous entraîne sans que nous puissions échapper au sortilège. Que nous le voulions ou non, le sang devra couler.

De cette minuscule cellule, le chorégraphe fait un appel à de multiples échappatoires inattendues. Au sens premier du terme, les deux danseurs joueront d’apparitions et de disparations extraordinaires.

On retrouve les belles obsessions de Josef Nadj. La poussière vient salir le noir de son éternel costume de cet amoureux de la terre, on se souvient de Paso Doble où il était avec Miquel Barceló aux prises avec un mur d’argile. Mais aussi l’épure, on sait aussi qu’il aime les formes parfaites, utilisant au besoin les ombres chinoises, comme dans Asobu, présenté dans la Cour d’Honneur en 2006.

Ici, la proximité se fait totale, dans un accès immédiat aux vibrations des doigts et des nuques. La possession étant pleine, les corps ne dansent jamais dans une posture de courbe mais toujours dans celle des angles. Les épaules se haussent, les poignets et les chevilles s’alignent.
Les formes des courbes dialoguent avec la forme osseuse de la pièce. Les artistes souvent ne se touchent pas et c’est pourtant là qu’ils échangent le plus, ensuite viendront de divins portés, ceux d’un chevalier masqué embarquant sa belle emprisonnée ensanglantée.

Atem, le souffle vous laissera bouche bée et échine frissonnante. C’est magnifique.

visuel : ATEM le souffle © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

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