Danse
“Aprés coups/Projet un-femme” : Severine Chavrier entrechoque les mémoires

“Aprés coups/Projet un-femme” : Severine Chavrier entrechoque les mémoires

04 February 2015 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Waou. Voilà. Comme ça c’est dit et c’est libérateur. Waou oui. Le projet de la metteur en scène Séverine Chavrier est de mettre en échos les deux histoires blessées des danseuses et circaciennes Victoria Belen Martinez et Natacha Kouznetsova. A voir en urgence dans le cadre du festival Hors-Série du Théâtre de la Bastille et également du Festival de danse Faits d’Hiver.

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Deux femmes dans un univers de ruine. Au commencement, la lumière arrive par choc, comme dans les séries policières où la scène de crime se découvre à la lampe torche. Puis on les verra elle et elle. Natacha Kouznetsova nous a déjà parlé, en vidéo. Nous avouant que l’après Khrouchtchev c’était un changement radical, elle est maintenant vautrée en fond de scène, en tenue de boxe ou presque. Victoria Belen Martinez est, elle, debout. Toutes deux dégagent une rage immense. Toutes deux semblent porter le pire.

Doucement, elles vont être les corps accompagnant leurs voix, mixées dans une nappe hip-hop. La danse se fait mime et contorsion dans une fureur d’être. Victoria Belen Martinez est simplement époustouflante. D’un côté le tango, de l’autre l’alcool. D’un côté les assassinats dans les stades de l’autre les putes. Elles racontent avec leur corps ce que leurs voix ont dit juste avec le support de quelques accessoires : une cannette de coca qui explose, des gants de boxes rouges… Le témoignage est ici vorace, âpre. S’il avait été porté au plateau par le texte cela aurait été insupportable. Ici, le geste est extrême. Les corps se frappent ou se tordent. Se désaxent ou se rapetissent. Il y a aussi une bonne dose d’humour là-dedans. Ou plutôt de cynisme quand elles revêtent bottes trop grandes et képis enfoncés jusqu’aux dents. Les images percutent et s’encrent. Longtemps on gardera la vision de Victoria Belen Martinez en pas de deux avec le mur, violente et terriblement sexy. Elles exultent ici et offrent le tour de force de danser l’histoire de leurs pays et d’en faire un mémorial personnel dans un coup de gueule chorégraphique d’une puissance inouïe soutenu par une création lumière qui sait manier le glauque avec élégance.

Elles proposent ici une plongée d’un XXe siècle sanglant où les femmes sont toujours en première ligne.

Visuel :
© Alexandre Ah-Kye

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