Comédie musicale
A Bastille, « Into The Woods » porté à merveille par l’Ensemble Justiniana

A Bastille, « Into The Woods » porté à merveille par l’Ensemble Justiniana

18 December 2017 | PAR Alexis Duval

La troupe bourguignonne a brillé face au jeune public de l’Opéra Bastille, samedi 16 décembre, en s’appropriant la comédie musicale fourre-tout de Stephen Sondheim. Exaltant.

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D’une oeuvre aussi mineure, on n’attendait pas grand-chose. D’autant que l’adaptation au cinéma était fort indigeste. Pourtant, la première d’Into The Woods, samedi 16 décembre, a fait souffler dans les branches de l’Opéra Bastille un doux air de Broadway. On s’est volontiers laisser cueillir par la spontanéité du jeune et talentueux Ensemble Justiniana, qui avait face à lui un des publics les plus exigeants qui soient : des enfants.

Pas facile de s’emparer d’Into The Woods, comédie musicale conçue par Stephen Sondheim sur un livret de James Lapine en 1987. Devenu une figure incontournable du genre depuis qu’il a écrit les paroles de l’extraordinaire West Side Story de Leonard Bernstein en 1957, le compositeur s’est inspiré de contes des Frères Grimm et de Charles Perrault ainsi que du folklore britannique pour élaborer une narration mâtinée de marivaudages et d’aventure.

Fraîcheur, sincérité et cohésion 

Cendrillon, le Petit Chaperon rouge, Raiponce, Jack et le haricot magique… Une ribambelle de personnages se croisent, se côtoient et s’entrelacent. « I’m in the wrong story » (« je ne suis pas dans la bonne histoire »), s’étonne un personnage dans la deuxième partie de l’oeuvre. C’est d’ailleurs l’intérêt principal de l’intrigue de cette comédie musicale de voir des histoires connues prendre un tour différent que d’aucuns trouveront poussif. Car le résultat est une sorte de pot-pourri baroque, entraînant mais laborieux qui donne la part belle à des dialogues musicaux vifs et des mélodies riches – on pense au sautillant prologue et aux harmonies ironiques de « Agony ».

Compagnie de théâtre lyrique et musical qui officie en Bourgogne-Franche-Comté, l’Ensemble Justiniana a réussi à tirer le meilleur du musical. Saluons les performances vocales d’Arthur Goudal, parfait en prince de Cendrillon aussi charmant qu’arrogant, et Camille Chopin, parangon de pétulance en Petit Chaperon rouge. Et qu’importe que les interprètes n’aient pas tous un accent anglais absolument impeccable – à leur décharge, passer de dialogues dans la langue de Molière à des chansons dans celle de Shakespeare en un claquement de doigts ne tient pas de l’évidence. La troupe a affiché une fraîcheur, une sincérité et une cohésion désarmantes.

En recourant allègrement au comique de geste, l’ensemble a exploité à fond l’humour présent dans le musical de Sondheim. La mise en scène inspirée et dynamique signée Mike Guermyet y est aussi pour beaucoup. Modestes en apparence (un grimoire ouvert cerné de deux palissades), les décors prennent vie grâce à la projection d’hilarantes séquences animées façon Monty Python (quel régal que la géante de Jack et le haricot magique) et par l’ouverture de fentes dans le livre. Naïf, cet Into The Woods n’en est pas moins un exaltant conte qui régalera petits et grands à l’approche des fêtes de fin d’année.

Into The Woods, jusqu’au 23 décembre à l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille, à Paris.

Crédits photo : Yves Petit/OnP.

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Alexis Duval

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