Cirque
SPRING 2017 : une ouverture en beauté

SPRING 2017 : une ouverture en beauté

10 March 2017 | PAR Laetitia Zicavo

A l’occasion de l’ouverture du festival SPRING 2017, Johann Le Guillerm présentait hier soir, pour la toute première fois son dernier spectacle : cette conférence, réflexion sur le monde comme matière, est un travail sur les énergies, les formes, les points. Johann Le Guillerm nous présente le laboratoire de sa pensée, le processus de création d’une expérimentation artistique. Face à l’immensité de possibles choses à décrypter, l’artiste décide de se consacrer pour commencer à « quelque chose de vraiment pas grand-chose. Presque pas grand-chose. Pas quelque chose. Rien ? 0 ? 0, 1. Un quelque chose ». Le début d’une aventure.

C’est la 8e édition du festival SPRING proposé par la plateforme 2 Pôles Cirque qui célèbre les nouvelles formes de cirque ; des formes contemporaines, bien éloignées du cirque traditionnel. Se déroulant du 9 mars au 14 avril, cette manifestation propose environ 40 spectacles, une centaine de représentations partout en Normandie. Quatre grands territoires sont couverts : la Manche et l’Orne, le territoire de Caen la mer, la métropole Rouen Normandie et l’Eure. Atout du rayonnement culturel de la région, il s’agit du plus important festival de cirque contemporain d’Europe qui accueille à la fois des artistes locaux et internationaux.

Avec Johann Le Guillerm présentant du 9 au 11 mars son œuvre Le Pas Grand-chose, cette ouverture place le festival SPRING sous le signe de l’innovation. En effet, le spectacle conférence a été tenu dans le plus grand secret jusqu’à hier soir, les spectateurs ainsi que les organisateurs ont eu le privilège de découvrir pour la toute première fois la nouvelle œuvre du poète créateur. Sur la petite scène du cirque-théâtre d’Elbeuf, un Johann Le Guillerm en costume-cravate apparait tirant un chariot à roues en bois. Dans le silence, il installe son véhicule, déploie un mât munis de plusieurs caméras. Le plan de travail de ce chariot sera sa scène ce soir. Commence alors une heure et vingt minutes d’intrigantes démonstrations mathématiques et scientifiques. L’artiste, qui prend pour la première fois la parole dans une de ces créations, nous invite dans son univers fou et loufoque, maîtrisant à la perfection ses raisonnements qui sortent tout droit de son imaginaire débordant de créativité. Il réussit l’exploit de captiver son audience avec « pas grand-chose ». A la fois expérimental et créatif, il explique sa théorie de création graphique des nombres, la logique cachée derrière les amas, la théorie de la courbure des bananes ou encore la nomenclature de surface de sphère, plus couramment appelée l’art d’éplucher des clémentines. L’artiste garde un sérieux exemplaire durant toute sa performance, créant ainsi un décalage avec ces démonstrations absurdes, tellement logiques. Mais si « l’homme aurait la capacité de plier le monde à ses fantasmes pour raconter n’importe quoi », Johann Le Guillerm déconstruit la logique établie, ce qui donne le vertige au spectateur plongé dans son monde.

“Démêler le monde pour créer mon propre sac de noeud ne me sembla pas plus limpide que l’original. La seule chose qui m’apparaissait clairement était que je n’y voyais pas mieux.”

Des moments de flottement involontaires étaient malgré tout présents vers la fin du spectacle, qui mérite certainement d’être un peu plus rôdé. On ne manquait d’ailleurs pas de nous avertir que « c’est le début de l’aventure », « c’est une première, personne n’a rien vu ». La tension et l’angoisse étaient palpables avant le début du spectacle mais ont laissé place à un énorme soulagement de la part des organisateurs et une salve d’applaudissements d’un public ébloui. Mieux vaut cependant être familier avec le cirque contemporain, mieux encore avec le travail de Johann Le Guillerm, pour aborder cette création, sans quoi le spectateur peut être un peu déboussolé. Mais la chute est si représentative de son travail virtuose qu’elle donne une toute autre dimension à sa conférence. Laboratoire poétique, le Pas Grand-Chose est un moment privilégié pour le spectateur qui rentre dans l’esprit farfelu d’un créateur génial.

Dates à venir :

9, 10 et 11 mars : 1ères représentations Le Pas Grand Chose au CirqueThéâtre d’Elbeuf et le 17 mars au CDN de Caen dans le cadre de Spring, Festival des nouvelles formes de cirque en Normandie

21 mars au 1er avril : Le Monfort – Paris
Le Pas Grand Chose

4, 5, 7 et 8 avril : Le Volcan, Scène nationale du Havre
Le Pas Grand Chose

13 Mars – 13 avril : les Treize Arches – Scène conventionnée de Brive
Les Imperceptibles

11, 12 avril : les Treize Arches – Scène conventionnée de Brive
Le Pas Grand Chose

3, 4 mai : Tandem Hippodrome de Douai / Théâtre d’Arras
Le Pas Grand Chose

Visuels : © Philippe Cibille

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Laetitia Zicavo

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