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[festival Des(Illusions)] Plastique et décalé, “Demain je ne sais plus rien” ou les aventures d’un clown en boîte

[festival Des(Illusions)] Plastique et décalé, “Demain je ne sais plus rien” ou les aventures d’un clown en boîte

03 April 2016 | PAR Mathieu Dochtermann

Dans la dernière ligne droite du festival (Des)Illusions au Monfort théâtre, on peut assister à un numéro plutôt clownesque qui constitue un petit tour de force, Demain, je ne sais plus rien de Sylvain Décure (collectif Les Hommes Penchés). Ou l’histoire d’un type qui s’éveille au monde dans une boîte de 2m3 remplie de sacs en plastique, et qui explore son environnement à partir de là. Doucement dingo, inventif, touchant, visuel, décalé, acrobatique… à voir.

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Sur scène, une boîte chichement éclairée. 2 mètres 30 de hauteur, certes, mais 80 centimètres de large seulement, et encore moins en profondeur. La paroi face public est constituée par une vitre. Remplie au tiers d’une matière difficilement cernable, qui se révèlera être une accumulation de sachets en plastique. Pas de bruit, aucune musique. On attend que l’interprète entre en scène et entre dans la boîte.

En fait, finalement, c’est la boîte qui s’éveille: une main se fraye un passage entre les sachets pour venir se coller contre la vitre: l’interprète est en fait enterré (ensacheté?) sous le plastique. Il en émerge doucement, et commence à explorer l’environnement très restreint dans lequel il évolue. C’est un peu accrobatique. C’est drôle et touchant. Lorsqu’il découvre le sens de la vue, le personnage s’empare d’abord des sachets pour en faire des jeux, puis commence à sortir, comme par magie, divers objets de la masse informe à ses pieds. S’ensuit une improbable série de découvertes qui vont lentement saturer le microcosme dans lequel évolue le personnage.

C’est une sorte de chemin de vie qui se déploie sous les yeux des spectateurs, un long poème visuel sans paroles (mais avec force onomatopées) qui peint délicatement un personnage tendre, loufoque, très porté sur le jeu (et, pour tout dire, un peu régressif), plein d’imagination (trop pour son bien?), un peu seul, et qui se retrouve vite dépassé par toutes les situations dans lesquelles il se place.

C’est un joli tour de force que de capter l’attention du public avec un solo confiné dans 2 mètres cubes. Sylvain Décure se lâche sans retenue dans son personnage, investit totalement son incapacité à faire face à son petit monde, profite à fond du délire surréaliste provoqué par la situation de départ. L’écriture est inventive, les rebondissements nombreux, certaines saynettes sont plus réussies que d’autres mais l’ensemble se tient bien. L’un des intérêts du spectacle est, en outre, qu’il peut se prêter à un certain nombre de lectures sur la solitude, sur l’accumulation des déchets ou des biens, sur une façon d’être au monde dans l’émerveillement et la spontanéité – ce que devrait être tout bon numéro de clown.

Un spectacle aux connotations parfois un peu grivoises (les parents y amenant leurs enfants doivent se préparer à expliquer l’usage d’une poupée gonflable) mais qu’on a tout de même envie de conseiller à tous les publics tant il est drôle et tendre. Une fantaisie agréable pour se distraire de la grisaille, mais également une fable sur l’émerveillement.

concepteur du projet et interprète : Sylvain Décure
dirigé par : Christophe Huysman
complicité artistique : Cyrille Musy
régie : Mélinda Mouslim et Guillaume Rechke
régie générale : Pierre Staigre
création sonore : Bertrand Landhauser
création costumes : Melinda Mouslim
création lumières : Emma Juliard
construction de la boîte : Victor Fernandes
diffusion : Conduite accompagnée / Christine Tournecuillert

visuels: (C) Christophe Raynaud de Lage

Infos pratiques

Dramaticules
Tanit Théâtre
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