Cirque
[CIRQUE] Festival Spring: La leçon de sensualité de Clément Dazin

[CIRQUE] Festival Spring: La leçon de sensualité de Clément Dazin

20 March 2016 | PAR Araso

Pour la première fois cette année, le Festival Spring s’associé avec Monuments en Mouvement” pour une programmation unique dans le mythique cadre de l’Abbaye du Mont Saint-Michel. Spring a créé l’évènement le 18 mars avec une soirée plateau partagé entre Chloé Moglia, qui a donné une performance au trapèze à couper le souffle, “Opus Corpus”, et Clément Dazin et sa pièce éloquente “Bruit de couloir”, réécrite entièrement pour l’occasion et le lieu. Le cadre était magique, la tension artistique au sommet et Toute La Culture y était.  

[rating=5]

Clément Dazin découvre le jonglage à l’âge de 16 ans. D’abord gymnaste, il devient circassien, se forme à l’école de cirque de Lyon puis au Centre National des Arts du Cirque (CNAC). En 2012, il tourne avec “This is The End”, son spectacle de fin d’études de la 23ème promotion du CNAC mis en scène par David Bobée. Il créé “Bruit de couloir” en 2013: une pièce inclassable entre le jonglage, la danse et la performance visuelle.

Il fallait oser, captiver le public avec une prestation jonglée dont les premières minutes offrent tout, précisément, sauf du jonglage. Frigorifié par le vent qui souffle fort au sommet du Mont, émerveillé par le trapèze extatique de Chloé Moglia qui a précédé, le public se presse emballé dans des couvertures pour assister à “Bruit de couloir” que beaucoup vont découvrir ce soir.

Dans un choeur plongé dans une obscurité quasi-totale, sous les voûtes célestes de l’Abbaye entre un Christ sur la croix et un Menorah, Clément Dazin avance lentement, quelques balles entre des bras que l’on peine à distinguer dans la pénombre. Le dispositif scénique, en soi, est un challenge. Le plateau étendu, à peine au niveau des yeux du public, rend invisible la plupart des passages au sol. Clément a donc dû réécrire sa pièce pour l’adapter au lieu et profiter pleinement des longueurs de la pierre. Cet hommage aux hommes dont la sueur et le sang a permis d’ériger la bâtisse mythique est un moment d’harmonie et de communion absolue.

Il est difficile de décrire avec des mots ce qui a été donné ce soir-là, qui flirtait avec le mystique. Doté d’une présence hors-norme, Clément Dazin habite le lieu. Chaque articulation se détache du corps pour rendre compte de toute sa puissance et de sa fragilité. Tantôt statuaire, le visage et les épaules couvertes de son t-shirt noir, ses bras, ses mains et son torse blanc luminescents, tantôt pantin désarticulé, il est toujours hypnotique. Il émane de ces mouvements d’omoplates à la sensualité animale, de ce jonglage fébrile qui créée des accidents, dont il s’empare, qu’il intègre, de cette peau à même la pierre, fascination et magnétisme. Clément Dazin ne bouge pas, il danse. Entre le popping et le contemporain, entre l’équilibre et la chute, son jonglage à la technique impeccable est totalement holistique.

A l’issue de la représentation, sous les applaudissements qui débordent d’émotion et de gratitude, Clément salue son public avec une énergie que l’on sent très intériorisée. Yveline Rapeau, aux commandes du festival, jubile. “Quand on m’a proposé de programmer au Mont Saint-Michel, j’ai tout de suite pensé à ces deux-là. Clément a une très belle présence “. Interrogé sur sa façon de bouger, l’intéressé se confie: “J’ai toujours dansé, j’ai aussi fait du skate, du roller, du vélo acrobatique. J’ai toujours recherché cette fluidité dans le mouvement, tout en travaillant ces suspensions, ces ruptures dans le rythme. Au CNAC, nous avons des cours de danse contemporaine d’un excellent niveau, qui m’ont permis d’approfondir ce travail sur la distorsion du temps. Les appuis au sol et cette façon d’utiliser les muscles de mon corps me viennent du hip-hop”.

Forte de ce premier succès, l’expérience du Mont Saint-Michel devrait se renouveler l’année prochaine dans le cadre de Spring. Vivement…

Visuels © Festival Spring/ La Brèche

Le Festival se poursuit dans la région Normande jusqu’au 2 Avril. Toute la programmation ici

 

“Les amours d’Odon et Fulvia” : une délicieuse pastorale d’Edith Wharton
L’agenda culture d’une semaine de lutte contre la discrimination raciale.
Araso

2 thoughts on “[CIRQUE] Festival Spring: La leçon de sensualité de Clément Dazin”

Commentaire(s)

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration