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Avec Rausch, l’allemand Falk Richter électrise Avignon

Avec Rausch, l’allemand Falk Richter électrise Avignon

18 July 2013 | PAR Christophe Candoni

Dans Rausch, l’auteur et metteur en scène Falk Richter décrit l’impossibilité de véritables relations humaines à l’ère de Facebook et de la crise économique. La chorégraphie survoltée de Anouk van Dijk et la sublime création électro de Ben Frost mènent les mots et les corps sous convulsions à déployer une dynamique frénétique éblouissante.

S’extirper de l’impossible solitude, dépasser l’individualisme pour inventer une nouvelle forme de communauté, telles sont les quêtes acharnées qui traversent cette nouvelle pièce de Richter qui, comme à son habitude, se fait un formidable et essentiel capteur de la vie contemporaine, de l’ici et maintenant. Il dit des choses fortes sur ce que sont  nos existences aujourd’hui, avec un ton d’une grande justesse, une observation vive et aiguë sur les êtres qu’il ausculte aussi bien dans le champ public que dans la sphère privée, en faisant se corréler politique et intime pour dire la fatale déliquescence du couple mis en péril par les dérégulations du monde en crise.

Sur le plateau, la très simple scénographie invente avec quelques banquettes disposées dos à dos et un système de boîtes mobiles, des espace de rencontres, des plateformes d’échanges, où l’on se réunit ou se sépare, s’étreint ou se brutalise. Des couples de toutes sexualités se font et se défont jusqu’à l’épuisement. Les corps surexpressifs se lancent, se jettent, courent, titubent, se heurtent, plongent, sautent, grimpent, s’effondrent. Ils se cognent, se heurtent, agrippent dans un élan organique, musclé, sensuel, rageur. Ils portent et extériorisent les tensions, les anxiétés, les pathologies du temps présent.

Comme toujours chez l’auteur dramatique allemand qui s’associe pour la quatrième fois (après Nothing hurts, Trust et Protect me) avec la chorégraphe hollandaise, la danse et le théâtre se lient intimement, se complètent, deviennent un langage unique. Sept danseurs et cinq acteurs en jean, tee-shirt, ou simplement en lingerie fine, se confondent pour former une jeune et belle équipe internationale. Ils sont des interprètes beaux, sensibles, engagés et rageurs qui, en mettant en valeur leur mixité et leur pluridisciplinarité, font de la société contemporaine une représentation brassée et multiple, ce qui n’est pas si souvent le cas sur les plateaux de théâtre.

Texte et mouvement s’allient à la perfection pour lancer comme un appel à l’aide, une demande d’attention, d’amour et de besoin d’amour, un cri plein d’espoir et d’attentes. On trouve chez Richter une forme de désabusement mais aussi de l’humour (la scène formidable de thérapie de couple), de l’effroi lorsque les danseurs finissent par se vampiriser dans un night club, de la tendresse et surtout de la lutte. On se dit je t’aime comme on se boxe et puis l’un finit par se demander finalement s’il n’est peut-être qu’une erreur de croire qu’on peut vivre heureux à deux.

Arrivés au bord du burn-out et une fois fait le constat féroce de la nocivité de la politique aujourd’hui (Angela Merkel, le pape et l’Eglise catholique en prennent pour leur grade), ils réactivent l’idée d’une possible union prête à faire naître un monde nouveau, meilleur, qu’ils formulent dans un discours contestataire et rassembleur contre la société néo-libérale à la manière d’Occupy Wall Street et du mouvement des indignés. Un nouvel être ensemble se dessine. L’ivresse qu’indique le titre de la pièce de Richter ne débouche pas sur une mauvaise gueule de bois mais éveille, réveille, suscite le sursaut, impose l’énergie vitale et utopique de chercher à faire emprise sur le monde.

© Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon. Spectacle présenté dans la Cour du Lycée Saint-Joseph.

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One thought on “Avec Rausch, l’allemand Falk Richter électrise Avignon”

Commentaire(s)

  • Didier

    La piece est mal écrite (beaucoup de répétitions, clichés alignés, franchement immature, ….simplement non relue ?). Les acteurs dansent (mal !), les danseurs jouent (mal !). Si l’intention parait sincère, le propos se perd dans une certaine “bien-pensance” gauchiste & naïve (on compare A.Merkel aux nazis……).
    Un spectacle comme cela ne mérite pas le In !

    July 24, 2013 at 8 h 19 min

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