Musique
La selection pop rock du mois d’octobre

La selection pop rock du mois d’octobre

11 October 2017 | PAR La Rédaction

Chaque mois, la rédaction musique de Toutelaculture.com fait le tri parmi ses coups de cœur “pop”. Place à la musique du peuple ici, où les guitares croisent autant les pads que les violons. Enjoy!

Tricky-Ununiform
Tricky, le géant du trip hop de Bristol, ex-membre de Massive Attack, vit à Berlin depuis quelques années où il a enregistré son nouvel album Ununiform. Son flow crépusculaire se déroule comme une spirale inquiétante et va à la rencontre de plusieurs rappeurs issus de la scène russe. Ce mélange âpre vibre puissamment aux oreilles occidentales biberonées à la fusion et résonne avec les chants amérindiens du précédent album Skilled Mechanics (2016). Comme à chaque fois cette ambiance grinçante est illuminée par des voix féminines notamment son ex femme Martina Topley-Bird sur le formidable morceau final “When we die”
La magie de Tricky opère toujours, implacable.

En concert à Paris le vendredi 15 décembre 2017 à l’Elysée Montmartre
Ununiform (sortie le 22 septembre 2017)

Vincent Fournout

King Krule – The Ooz XL records

Dès la première chanson, à vrai dire la première note de Biscuit Town, la question ne se pose plus. Krule est revenu parmi nous, dans ce chic dark et nonchalant, jazzy à la façon d’un Tom Wait d’aujourd’hui, glissant sur les styles, les poses des uns et des autres et tout ce que peut débiter à flux continu le barnum londonien. Indéfinissable est l’ambiance de ce Ooz, solide et familière, parce que maîtrisée (Emergency Blimp) et finalement sobre parce que moderne, alternant montées électriques qui finissent par s’écrouler sur elle-même, échos d’un dub ultra-urbain, et scintillements glamoureux de la voix intense et imprévisible (Czech one). On aura bien du mal à trouver la fausse note dans ce copieux disque de 19 titres, étonnamment cohérent dans son spectre largement anglais, où se tricote la belle rencontre entre vibrations blues et beauté triste des tropiques.

En concert au casino de paris le 26 novembre

Antoine Couder

Bernard Lavilliers, 5 minutes au Paradis, Barclay

Lavilliers a toujours les idées noires et un gout sûr pour les grands standards de la pop culture française. Le fil est ici social, “bon pour la casse”, “Charleroi” . Arrêtons-nous sur “Charleroi” puisque c’est là le tube, le “On the road again” de cet opus là, le 21e du genre. Dans cet album où le rockeur suave multiplie les collaborations, il a invité ici les garçons de Feu! Chatterton, le résultat est parfait, un peu 70, chaloupé comme dans un James Bond. La noirceur des corons devient lumineuse. On s’en doute, le duo avec Jeanne Cherhal , “l’espoir”, tournera comme il se doit sur les playlists des radios. On le retrouve enragé et intact dans le très symphonique “La Gloire”, poème écrit par Pierre Seghers en 1957 en pleine guerre d’Algérie, mis en musique avec Fred Pallem. On croise Benjamin Biolay, Florent Marchet dans ce plaidoyer pour regarder le monde en face. Quelques fois, il parle encore comme un romantique, et déclare sa flamme à Paris, brûlée vive le “13 novembre”, “Paris la grise”  Comme un drap froissé le ciel se déplie /Sur la ville grise un soleil mouillé / Réchauffe les os de l’Académie  / L’heure où les poètes sont sur les pavés . Lavilliers a donc fait du Lavilliers, la voix en or est là, bien là.

 5 minutes au paradis . En tournée en France dès le 3 novembre 2017. Paris – Olympia du 24 novembre au 3 décembre 2017

Amélie Blaustein Niddam

Oscar and the Wolf, Infinity

Un album tout en clair obscur, d’une justesse incroyable. Il nous avait appâté avec Breathing, premier single prometteur qui en disait long sur le reste. Max Colombie – que TouteLaCulture a ou rencontrer – revient sur le devant de la scène avec un nouvel album, Infinity, dans lequel il reprend avec joie les codes de son premier album qui avait fait l’effet d’une bombe. Après trois ans d’absence, le grand retour d’Oscar and the Wolf semble ravir tout le monde. Totalement mystérieux, avec une voix quasi éreintée sur certains morceaux, le leader flamand se lance dans une nouvelle aventure musicale beaucoup moins sombre que la précédente. Une pop addictive, un ton de voix exquis quasi angélique, un charme magnétique; le tout bercé par des sons d’une grande fraicheur. Il continue d’explorer les différents styles de musique: tantôt l’électro, tantôt la pop, il transcende les simples barrières des genres musicaux et s’aventure en territoire inconnu. À la pop de Fever, il y mêle des sons arabes. Totalement intrigant. Infinity se construit comme un voyage à travers les genres pré-établis. Sa voix nous transporte au rythme des ses respirations et de ses rimes.

Il sera sur la scène du YoYo de Paris le 16 novembre prochain.

Donia Ismaïl

Barbara entre au répertoire Classique avec Alexandre Tharaud & Friends
Le pianiste Alexandre Tharaud continue à défier la loi des genres. Après l’hommage à la longue dame brune présenté au Printemps de Bourges avec son complice Albin de la Simone autour des hommes de Barbara, celui qui joue aussi bien Bach, Couperin, que le jazz et la chanson du “Temps du Boeuf sur le Toît” sort un très bel album en cette année anniversaire, riche et remplie de mémoire.

Avec une kyrielle d’artistes venus de tous les genres de musique. Alors que Jean-Louis Aubert reprend Vivant poème comme une veste de jeunesse dans laquelle il rentrerait parfaitement, Juliette est la plus proche du réalisme originel avec un “Mes hommes” émouvant. Vanessa Paradis sussure parfaitement “Du bout des lèvres”, Juliette Binoche fait du Singspiel avec le violoniste Renaud Capuçon sur Vienne (bref elle parle elle ne chante pas), le violoncelliste classique François Salque accompagne la belle voix folk de Hindi Zahra dans “Dis quand reviendras-tu?”, Luz Casals se mêle à François Lasserre et le Quatuor Modigliani et met son accent irrésistible au service du très beau et trop méconnu “Attendez que ma joie revienne” et Michel Portal, Bénabar et Stéphane Logerot donnent du jazz à Y’aura du monde, tandis que Guillaume Gallienne trucule et chante “Les amis de Monsieur”.

En deuxième partie arrive l’Histoire avec un grand H, toujours sur une orchestration élégante et moderne de Alexandre Tharaud. Bref une “Plus belle Histoire d’amour” bien faite par d’excellents musiciens de tous bords que Tharaud sait diriger comme un grand chef d’orchestre.

Alexandre Tharaud & alii, Barbara, Warner Classics, 15 euros. Sortie le 29 septembre 2017.

Yaël Hirsch

Ibeyi revient avec un deuxième opus, Ash

La voix des sœurs polyphonistes, les beats, les samples : Ibeyi est de retour. L’étape 2 comprend un goût de Rihanna par moment sur Away Away, un sample de Michelle Obama sur le manifeste féministe No Man is Big Enough for my Arms. Le saxophone du grand Kamasi Washington sur Deathless, aussi, ou encore la patte de Chilly Gonzales sur When will I learn.

Les soeurs Diaz, Lisa-Kaindé et Naomi, produite par le génial Richard Russel, offrent un second opus divers, rythmé, réussi. Lors d’une interview à TouteLaCulture dernièrement, elles disaient leur recherche constante du propos, de la parole à transmettre. Cet album à la fois feel good et profond en est l’aboutissement.

Ibeyi sera au Casino de Paris dans le cadre du Festival Les Inrocks le 24 novembre.

Elie Petit

Témé Tan- Témé Tan – Titan/PIAS

Ceux qui suivent ses créations depuis longtemps en on finit de trépigner d’impatience. 2 ans après avoir dévoilé son premier single Améthys, puis quelques autres titres, voilà le premier album de Témé Tan enfin dans les bacs. Le belge y poursuit un style bien singulier qui met en avant le bricolage sonore et la débrouille. Seul en studio, muni d’un dictaphone rempli de sons enregistrés au cours de ses voyages, il compose des musiques qui se présentent comme un syncrétisme d’influences et d’ambiances. Porté par des intrus groovy et électro, souvent minimalistes, les morceaux transportent aux quatre coins du globe.  Le flot incessant de la pluie durant la moisson dans les rues de Tokyo pour son titre Olivia ; les chants des enfants à Kinshasa dans Ça va pas la tête ; les rythmes des batucadas du festival de Rio dans Coup de Griffe ; les voyages s’enchainent et traversent les continents par une simple évocation sonore magistralement mise en musique. Témé Tan nous offre ici un puissant album autant qu’un remède pour passer l’automne loin de la grisaille.

Sortie le 6 octobre 2017.

Alice Aigrain

Benjamin Clementine – I Tell a Fly 
Mélodies ciselées, voix haut perchée dans la lignée de ses contemporains Michael Kiwanuka, Sly Johnson ou Aloe Blacc, le pianiste chanteur d’origine Ganéhenne, apporte une bouffée d’air frais au cœur d’une musique qui avait un urgent besoin de relève. Lui possède l’art et la manière d’associer l’essence des sonorités la où gospel, soul music et chant lyrique convolent en juste noces. Qu’il soit seul au piano ou entouré de musiciens, lui sait envoûter son public comme personne. C’est bien là la recette d’une musique riche de sonorités aux milles couleurs produit dans sa cuisine intérieure, une pop excentrique, théâtrale et envoûtante qui se distingue une solide base qui prend appui sur la musique classique et l’opéra. D’entrée, « Farewell Sonata » nous entraîne dans une autre époque, celle des 80’s avec ces voix lyrique à la Freddie Mercury et ce mélange de piano et de clavecin entrecoupé arrangements rock. Puis « God Save the Jungle » nous attire doucement vers un une pop blues moderne avec des superpositions de chœurs, de voix leads savamment alambiquées. La fièvre monte d’un cran avec « Better Sorry Than a Safe » et ses chœurs et ce refrain entêtant, cette rythmique ensorceleuse. « Jupiter » vous renvoie en surface pour une bonne bouffée d’oxygène avant la montée finale tout en apesanteur. Véritable tube en puissance, « Jupiter » est un titre entêtant dont ne se lasse pas et qui s’écoute en boucle. Entouré de talentueux musiciens et producteurs, la musique est surtout construite avec intelligence et prend le parti du son aux riches couleurs du plaisir, de l’humour et de la fête comme le témoigne le très déroutant «Ave Dreamer ». Saluons donc ce second album de très bonne tenue aux titres accrocheurs et festifs dotés par moments de petits brin de folie et belles envolées lyriques. Il est en concert à au Grand Rex, le 07 novembre. Ne ratez pas ça.
En concert le 07 NOVEMBRE. Le Grand Rex. 1-5, boulevard Poissonnière, 2e.Tél. 0892 680 596. A 20h. De 34.50 à 56.50 €

Jean-Christophe Mary

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