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ROCK EN SEINE 2017: JOUR 2 [LIVE REPORT]

ROCK EN SEINE 2017: JOUR 2 [LIVE REPORT]

27 August 2017 | PAR Gaspard de Florival

Toute la Culture était à Rock en Seine pour le deuxième jour de la quinzième édition du festival francilien. Chemises à carreaux, grosses barbes et ballons étaient à l’honneur ce samedi. Au programme: les américains de Band of Horses, les belges de Girls in Hawaii, la sulfureuse Jain et l’éternelle PJ Harvey.

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Début de week-end oblige, les festivaliers sont beaucoup plus nombreux aujourd’hui qu’hier et la circulation se fait plus dense. Il faut donc être parfait niveau timing et trouver la file la plus rapide pour ne rien rater des différentes performances. Pour retrouver un peu de calme, il est nécéssaire de sortir des sentiers battus. En effet, ceux qui le souhaitent peuvent dévier des artères principales pour admirer l’exposition des magnifiques photographies d’artistes passés les années précédentes par le célèbre Studio Harcourt Paris. Depuis 5 ans, Harcourt collabore avec Rock en Seine et propose aux artistes de faire leur portrait dans ce noir et blanc inimitable. Les représentations de La Femme, Benjamin Clementine ou encore Carl Barat sont à découvrir au coeur du festival. C’est rapide et ça vaut le détour.

Le marathon musical de la journée débute avec les rockeurs américains de Band of Horses sur la grande scène. Habillée d’un magnifique arrière plan représentant des troncs d’arbres se reflétant dans l’eau à l’atmosphère automnale, la scène invite les spectateurs à se fondre dans ce décor typiquement américain et à s’imaginer parcourant les étendues sauvages des Etats-Unis. Band of Horses fait le boulot ni plus ni moins. C’est simple et efficace comme leurs vêtements, sans fioriture, vieux t-shirt et chemises de bucheron le tout accompagné par des grosses barbes. Les airs de piano country à la Rocky Raccoon des Beatles participent aussi à l’illusion. Un peu plus et on pose le pied droit dans le sud des States. Deux festivaliers habillés en cow-boy ont pour leur part déjà traversé l’atlantique. Musicalement, c’est très propre, trop peu être. On sent que tout est réglé comme du papier à musique et il faut du temps pour vraiment rentrer dedans. C’est chose faite les quinze dernières minutes avec le superbe No One is Gonna Love You durant lequel on est littéralement emporté par la voix Ben Bridwell et par la planante ballade The Funeral, qui clôt le set du quintet. Si on reste un peu sur notre fin, les américains lancent d’une belle manière cette deuxième journée.

Direction la scène cascade pour écouter les belges de Girls in Hawaii. L’assurance et le calme de ce groupe à de quoi faire chavirer les coeurs. Dès la première chanson The Light, on ressent un sentiment de plénitude totale. On est porté par ces douces envolées pop psychédéliques qui nous rappellent les grands heures de Grandaddy. Les voix, dont celle d’Antoine Wielemans qui résonne parfois comme celle de Thom York, servent les mélodies magnifiées par les synthés et les reverbes. Le tout donne un cocktail multicolore hyper frais qu’on a juste à siroter avec une paille pour partir loin. Le public lui est conquis. Le sixtet nous invite aussi de découvrir en avant-première quelques morceaux de Nocturne, leur nouvel album, qui sortira en septembre prochain. Overrated, l’un des titres du prochain opus à quelque chose de plus mystérieux, de plus sombre que le reste… Un indication sur la couleur du prochain album? Si l’on en croit son titre, Nocturne, c’est très probable. Quoi qu’il en soit, les mélodies jouées par le sixtet résonnent déjà comme des hymnes et on a besoin de quelques minutes pour redescendre. Une fois le sas de décompression franchi, on a la banane et l’envie de faire plein de bisous.

C’est ensuite au tour de Jain de se produire sur la grande scène. Mais que dire? Cette jeune fille simplement armée de sa machine de beatmaking est une mutante, une performeuse hors pair qui crève l’écran dès les premières minutes. Elle parle avec humour du processus de création et finit par lâcher une petite larme en annonçant que c’est la dernière date de sa tournée. Décidément, difficile de rester de marbre face à cette fille que l’on voit déjà comme une bonne copine. Le public entier ressent la même chose tant on a l’impression qu’il a délaissé les autres scènes pour venir voir et entendre celle qui revendique faire du melting pop, un condensé de pop, d’afrobeat de reggae et d’electro. Cette fille d’expatrié nous fait découvrir comment elle s’est appropriée les différents genres qu’elle a rencontrés. On part en Jamaïque avec Lil Mama. On danse dans une boite des années 90 avec Dyabeat (un type en patins à roulettes traverse la scène à ce moment là rappelant ainsi les disco-roller). On redécouvre même Paris qu’elle dit avoir appris à aimer avec une chanson éponyme qui fait “When I stand on your roof, I see all the stories you have”. Ecrite avant les attentats, cette chanson d’amour prend davantage de résonance depuis. C’est sans nul doute l’un des moments les plus forts du concert. Le show se termine en apothéose avec le déjà culte Makeba. En fusion avec son public, Jain l’invite à sauter le plus haut possible. Tout le monde joue le jeu. Elle danse, sautille partout dans son petit col claudine. Son énergie est communicative. Absorbé par la musique, on a à peine le temps de voir qu’elle quitte la scène au milieu du titre pour revenir à l’intérieur d’une bulle géante en plastique grâce à laquelle elle transperce la foule. C’est fort, très fort. A la fin, c’est l’ensemble de l’équipe de la tournée qui vient saluer la foule ébahie. Bravo Jain tout simplement.

La nuit tombe sur Rock en Seine. Il est l’heure pour les festivaliers d’être prisonniers de l’ensorcelante britannique PJ Harvey. Une atmosphère vraiment particulière se dégage lorsqu’elle et ses musiciens rentrent sur scène. Cela a des allures de procession. Il ne manque que les cierges. Le concert s’ouvre avec le sublime Chain of Keys. Au rythme des tambours, la voix de PJ Harvey fend la foule, en appel au divin tout autant qu’à la mort. On est happé dans son univers. C’est là la marque des grands, leur capacité à rentrer directement dans le sujet, à attraper le public dès les premières secondes. C’est franchement magique. L’anglaise joue pas mal de morceaux de son dernier album The Hope Demolition Project avec notamment le très classe Community of Hope ou The Wheel où la chanteuse prend le saxophone. Le public est bluffé car si la tournée de Polly Jean est entamée depuis maintenant deux ans, c’est une franche fraicheur que les musiciens vaporisent. Après 1h20 de show, le concert se termine avec l’écorchant et mystérieux River Anacostia, rappelant bien des fois Jefferson Airplane. Deux rappels suivront avec Higway 61 de Dylan et The River. Une superbe concert en somme. Une dernière bière est nécéssaire pour décortiquer tout ça mais le dernier métro, lui, n’attend pas. La réalité ramène bien vite le commun des mortels à des considérations plus futiles. Alors merci Madame Harvey de nous avoir permis de toucher ce rêve d’éternité que vous portez si bien.

 visuel: © image officielle

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Gaspard de Florival

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