Rap / Hip-Hop
[Live-Report] Le premier concert de Moha la Squale… On y était !

[Live-Report] Le premier concert de Moha la Squale… On y était !

28 February 2018 | PAR Pierre Marcieu

On était là sans invitation, juste parce que nous aussi nous avions envie d’assister à ce qui s’annonçait comme un concert mémorable : le premier concert de Moha La Squale à la Maroquinerie. Alors avec notre impatience, on a réactualisé une page digitick, inlassablement un matin pour être parmi les premiers connectés. Grâce à un peu de chance et une connexion pas trop crade, on avait réussi à acheter des tickets dans les 45 premières secondes de leur mise en vente avant que le concert soit annoncé sold out. Bref on était chaud.

Moha La Squale est un phénomène dont la viralité n’est plus à démontrer. En seulement quelques mois, sans sortir d’album, il s’est imposé comme une des promesses de la scène rap de l’année, avec une recette simple : une vidéo chaque dimanche, postée sur sa page Facebook. Un clip rapidement monté, où il rappe sans vocodeur, dans la lignée d’un rap français old school. Chaque semaine sans exception depuis le 23 juillet 2017, il propose un nouveau son, affirmant toujours plus sa singularité et son style sans concession, incisif et précis. Le 24 février 2018, le soir de ses 23 ans et tout juste 7 mois après ses débuts dans le rap, il était sur la scène de la maroquinerie pour son premier concert.

L’attente était donc présente chez toute personne munie d’un ticket ce soir-là. Alors la salle s’est vite enflammée après avoir été chauffée à blanc par Tino du 1.9 Réseaux puis par Jo Le Phéno. Quelques phrases de Jacques Brel sortent des baffles dans une salle plongée dans l’obscurité… Les smartphones se dégainent plus vite que des glocq dans un duel de western, tout le monde a compris ce qu’il se tramait. C’est au tour de Moha La Squale d’entrer sur scène, comme monté sur ressort, entrainé par la foule cosmopolite et ses de la Banane, qui n’ont pas eu à aller bien loin pour écouter le rappeur du quartier. La masse hurle et l’on ne sait plus trop qui emporte qui tant l’énergie débordante est présente sur le plateau et dans la salle.

Mais une telle décharge d’énergie n’est pas tenable sur le long cours comme semble l’apprendre à ses dépens Moha La Squale tout au long du concert. Son rap et sa rythmique sont physiques et l’endurance vient à manquer. Ne prenant pas son temps, mais se laissant imposer un rythme effréné par un public dont il veut à tout prix maintenir la ferveur, Moha la Squale finit par ne rapper que le tiers des tracks, laissant au public et la bande-son le soin de combler les trous. Le public toujours conquis n’en finit pas de donner de la voix, connaissant chaque chanson par cœur.

Après deux tracks, c’est au tour du public de prendre la parole en entamant en chœur une chanson d’anniversaire pour le jeune rappeur, qui fête ses 23 ans sur scène. L’énergie passe alors à l’émotion. Si c’est son anniversaire, c’est lui qui offre des cadeaux au public, en faisant notamment une exclu. « Pas trop de snaps s’il vous plait » demande-t-il a un public de sale gosse – dont nous faisons bien évidemment partie – qui dégaine aussitôt son smartphone.

Il y a une complicité rare avec le public qui ne se démentira pas de tout le concert, quitte à parfois prendre le pas sur la musique. Attrapant les téléphones de chacun de ses fans pour enchainer selfies et vidéos snapchats, le concert se transforme rapidement en une séance de dédicace 3.0 par smartphone interposé. Tentant d’être aussi polyfonctionnel que possible, la tâche n’est pas si facile et les galères prennent le pas sur la musique comme quand, au milieu de Pas comme eux, il s’interrompt pour dire « Désolé, on fait ça après, je n’ai pas réussi » ou pour demander à qui est le téléphone qu’il a dans les mains. La générosité du rappeur est un peu excessive mais le concert n’est pas fini et il enchaîne encore quelques morceaux.

Il reprend notamment son tout premier son : Midi-Minuit, qu’il fait de bout en bout, avec la même énergie qu’au début, malgré l’heure de scène derrière lui. Enfin il se lance pour la seconde fois dans Bandolero, le dernier son sortie qu’il interprète flingue dans le caleçon, pour une mise en scène savamment orchestrée.

Il finit en soufflant ses bougies et en se jetant dans la foule sous le regard anxieux du mec de la sécurité. Puis il quitte la scène en lançant « Du saaaaale ». Il vient de finir sa première scène, qu’il a gérée avec un naturel dingue, dans un bordel absolu qui correspond parfaitement à son univers. On l’imagine déjà prêt à récidiver, puisqu’il est certain que sa détermination n’a pas de limite.

“Ladybird”, l’adolescence poétique de Greta Gerwig
Yael Naim nous fait aimer l’inattendu à la Philharmonie
Pierre Marcieu

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration