Rap / Hip-Hop
[Chronique] « Fin d’Après-minuit » : L’EP de Deen Burbigo dans la cour des grands

[Chronique] « Fin d’Après-minuit » : L’EP de Deen Burbigo dans la cour des grands

03 February 2014 | PAR Sonia Hamdi

Avec son nouvel EP Fin d’Après-minuit, Deen Burbigo s’inscrit avec ses 8 titres dans la lignée de ceux qui ne dorment pas beaucoup : tant mieux, le succès appartient à ceux qui se lèvent tôt. Membre du collectif L’Entourage (dont est également membre Nekfeu de 1995), incontournable de la scène hip hop hexagonale, il se fait notamment remarquer par ses freestyles sur Rap Contenders.

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Avec son nouveau maxi, qui succède à Inception, il nous emmène dans un monde décalé. C’est le cas de le dire : dès les premières phases du son éponyme de l’EP, on entend « C’que j’appelle matin, t’appelles ça l’après-midi, c’que vous appelez la matinée, j’appelle ça la fin d’après-minuit.»

Pour comprendre l’univers de Bigo, il faut écouter « Age d’Or », le premier son du maxi : un choix de titre à la hauteur de ses ambitions. Son succès, il l’a construit, à l’instar de beaucoup de rappeurs de qualité, à la force de ses persévérances. Car souvent dans ce milieu, les tirs viennent des lignes arrières et le bout du tunnel est incertain. Comme un chercheur d’or, patient, il attend que le fleuve du succès lui livre ses pépites. En attendant «[il est indépendant] par la force des choses».

L’influence de ses instrus est outre-Atlantique, notamment dans « Métropolis » et « Chillin », un son dédié à ses proches. Il fait penser à un son ricain old-school, indépendant, «Chillin with the homies», d’ITE Entertainment : leurs paroles se font échos au début du son.

Si certains rappeurs oublient leurs racines pour favoriser le « Rap » au détriment du « Blues », ce n’est pas le cas de Deen. Deux de ses sons, particulièrement, en sont empreints : « Metropolis » feat. EFF GEE et « Fleurs du Mal ». Apparemment Bigo s’est trouvé des affinités avec Baudelaire… Le texte rappelle en effet Les Paradis Artificiels du poète. Il emporte, dans une ambiance cotonneuse et dans un nuage de mélo douce. Le son suffit à enivrer et si vous ne l’êtes pas assez, passez à « Suis-je », cogito d’inspiration cartésienne, où vous retrouverez le même thème.

Le son qui a fait le succès de la promo de l’EP est décidément le meilleur, « J’résiste » feat Nemir : écriture soignée sur beat rapide et mélo triste… le refrain reste en tête. Le son donne envie de partir loin et comme eux, « on rêve de sommet ». Le maxi est marqué du timbre de voix particulier de Bigo et de sa signature dans l’écriture: fantasque flux de flow imprégné d’allitérations métaphoriques, que l’on retrouve d’ailleurs dans « l’Oseille à la bouche ».

Un EP qui met tout le monde d’accord. Prod de qualité, titres travaillés et écriture soignée: Deen Burbigo a fait une entrée fracassante dans la cour des grands.

Visuel : (c) pochette de Fin d’Après Minuit de Deen Burbigo

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Sonia Hamdi

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