Musique
Queen et David Bowie, vos alliés pour une fin du monde under pressure

Queen et David Bowie, vos alliés pour une fin du monde under pressure

20 December 2012 | PAR Arnaud Berreby

Vous n’êtes pas sans savoir que le 21 décembre 2012, c’est la fin du monde ! Bon, évidemment écrit comme cela de manière quelque peu abrupte cela ferait presque peur…

Mais sait-on jamais, ces funestes prédictions sont peut être fausses ou bien la date n’est pas la bonne ou bien le grand ordonnateur aura oublié le rencard…

Quoi qu’il en soit, dans le doute, il nous faut préparer une play-list idéale à écouter là-haut.

Si ce monde doit s’éteindre, il implosera surement de trop de pression: pression que nous nous imposons, souvent conséquente de celle que l’on nous fait subir au travail et qui rejaillit sur les relations entre les êtres dans la sphère privée; processus maintes fois décrit et qui conduit parfois certains- à l’issue d’une longue descente aux enfers- à commettre l’irréparable- ce qu’un grand patron avec un petit p avait osé qualifier de “mode du suicide”…

Cette pression pousse les gens dans les rues d’Athènes et d’ailleurs à manifester pour une vie décente et un minimum de respect:

“People on streets” était justement le titre de travail du cultissime ” Under pressure” créé par Queen et David Bowie, sorti le 26 octobre 1981 et qui connut un immense succès planétaire.
Nous plaçons donc ce morceau tout en haut de notre liste.
Dès sa parution, Queen jouera ce titre à chacun de ces concerts, le batteur Roger Taylor assurant la partie vocale de Bowie sans lâcher sa batterie pour autant.
Etrangement, Bowie ne la jouera jamais sur scène du vivant de Mercury: sa première prestation scénique sera au Freddie Mercury Tribute en 1992 accompagné par la délicieuse Annie Lennox.
Par contre, après le départ de son complice, il la chantera lui aussi systématiquement avec sa fidèle bassiste Gail Ann Dorsey à la voix hallucinante atteignant les notes les plus hautes que Freddie a du applaudir du haut de son trône céleste!
David Bowie et Freddie Mercury ensemble pour un duo où leurs voix s’harmonisent immédiatement, ce dernier chantant avec sa voix de tête laissant à Bowie le monopole des basses.
Ces deux monstres de la musique britannique avaient fait connaissance une dizaine d’années auparavant, alors que Mercury et ses amis enregistraient aux studios londoniens de De Lane Lea ce qui allait devenir leur premier album.
Vu leur faible notoriété du moment ils héritent alors des plages horaires les plus ingrates pour travailler mais un grand seigneur nommé Bowie qui, lui, était déjà très célèbre-on est après la sortie de “Hunky Dory”- leur offre généreusement sur son quota du temps de studio complémentaire, geste royal que n’oubliera jamais la bande à Mercury.

Eté 81: Queen occupe le Montain studio de Montreux en Suisse pour travailler sur “Hot Space” le successeur de l’album “The Game” au méga tube discoïde “Another one bites the dust”.
David déboule par hasard au studio, ils commencent à faire le boeuf et, sans préméditation aucune, après quelques heures, ils se rendent compte qu’ils tiennent là un squelette de chanson très intéressant: accident créatif typique!

«Under pressure» démarre par un discret coup de pédale Charleston introductif collé à un riff de basse inoubliable créé par John Deacon, loop initiatique comme une boucle avant l’heure, puis alternance d’un claquement de doigts et d’un clapping créant un groove qui ne vous lâche pas tant que vous n’aurez pas tout avoué!
La partie chantée peut alors commencer avec un Bowie aux commandes dénonçant cette pression Tayloriste redevenue si fashion de nos jours:

“Elle sépare les familles,
Met les gens à la rue.
C’est une peur panique
Qui nous assaille
Lorsque nous comprenons enfin
Où va donc ce monde
Qui voit nos amis hurler:
Laissez-moi dehors! “

Nous sommes en plein “Métropolis” de Fritz Lang.
Mercury chante ensuite sa partie dans la même veine que son compère mais soudain, à 2’02, tout s’arrête:
Les deux chanteurs murmurent ensemble tout en douceur, uniquement accompagnés d’un claquement de doigts et d’un discret orgue Hammond:

“L’on cherche à fuir cette pression
En se réfugiant dans l’amour
Mais à peine naissant il est déjà tellement usé, cassé
Pourquoi? Pourquoi? “

No way out ! Cette pression est tellement intense que même l’amour-échappatoire ne peut nous sauver.

La chanson reprend alors son tempo initial et se poursuit en un long monologue émouvant de David chanté dans un seul souffle qui s’achève sur une défaite assumée:
“Ceci est notre dernière danse- Sous pression…”
Claquement de doigts final comme un compte à rebours ultime avant le grand départ.

C’est peut être bien notre dernière danse effectivement avant que l’on apprenne à jouer aux osselets à partir du 21 décembre 2012…

Bon voyage.

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