Pop / Rock
Warhaus : “nous n’en avons pas encore fini avec Balthazar”

Warhaus : “nous n’en avons pas encore fini avec Balthazar”

16 November 2017 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Warhaus vient de sortir son deuxième et superbe album Warhaus, chez Pias. En pleine tournée, entre deux concerts en Europe et après une nuit totalement blanche, Maarten Devoldere, la voix plus grave que jamais,  nous a parlé de sa carrière solo et de l’avenir de Balthazar dans les salons très feutrés de l’hôtel Alba.

Ma première question porte sur votre nom: j’ai lu quelque part que avez choisi le nom « Warhaus  » parce-ce que votre vrai nom est trop compliqué. Qu’est-ce que « Warhaus  » signifie ?
J’ai fini et enregistré mon premier album sur le vieux bateau d’un ami, qui est allé au Brésil, où j’ai pu vivre pendant six mois. « Warhaus  » n’est pas le nom du bateau, mais un mot que j’ai trouvé inscrit sur le pont. Ce mot m’a intrigué. Je ne savais pas ce qu’il voulait dire, si c’était un nom ou pas, mais j’ai trouvé ça cool.

Le groupe Balthazar, dont vous faites partie, va-t-il vraiment arrêter sa carrière ?
Non, on est simplement en vacances. Nous retournons en studio cet hiver, après notre tournée. J’ai commencé à écrire quelques chansons pendant la tournée, pendant les voyages. Donc non, nous n’en avons pas encore fini avec Balthazar.

Vous êtes donc sur deux projets en même temps ?
Oui. J’arrive à séparer les deux projets dans ma tête, pour l’un il s’agit de concerts et pour l’autre de composition. Mais j’aime cette variation, qui était l’objectif quand j’ai commencé ce deuxième projet. Intégrer un peu de variation dans mon travail.

J’aime beaucoup vos deux albums, que je trouve très similaires. Est-ce que vous avez travaillé sur les deux albums en même temps ?
Non. Mais c’est vrai. J’ai fait le deuxième album très rapidement après le premier, et je voulais qu’il soit une sorte de suite. Je ne voulais pas complètement me réinventer. Avec le premier album j’avais hâte de trouver ma propre voix, et je l’ai explorée un peu plus avec le second. Je ne voulais pas la changer. Pour le premier album, j’étais sur mon ordinateur portable à tester des choses. Je voulais que l’on retrouve la même atmosphère sur le second, mais avec des musiciens qui ont enregistré en live au studio, pour recréer ce sentiment que tu as pendant une tournée de concerts.

Il y a énormément d’instruments dans vos albums. Qui joue quoi sur scène, pendant vos concerts ?
Nous sommes quatre sur scène, plus une chanteuse. Nous devons être inventifs quand il s’agit de recréer tous ces sons à quatre. Nous avons trouvé quelques moyens pour tricher, grâce à des échantillonneurs. Par exemple, je peux jouer de la trompette et enchaîner avec une guitare. Nous jouons tous un peu de tout, le joueur de guitare par exemple joue de la guitare, du trombone, du marimba. Nous essayons de tourner pour recréer tous les sons.

Côté voix, on dirait que vous étirez les mots. Est-ce une intention, ou votre façon naturelle de chanter ?
J’ai commencé à le faire et à y penser à un moment dans ma vie, et puis après au fil des années ça s’est inscrit dans mon ADN. Donc maintenant quand on me dit « tu chantes d’une façon particulière », j’en suis surpris. Pour moi c’est normal de chanter comme ça. Je ne peux plus chanter d’une autre façon.

On pense souvent à Léonard Cohen quand on vous écoute. Quel est votre rapport à lui ?
Ma mère en est fan. Mais je l’ai découvert assez tard, quand j’avais 20. C’est un de mes héros. Je suis très influencé par tous les compositeurs classiques, Lou Reed, Serge Gainsbourg, et Leonard Cohen. J’aime tout ce qu’a fait Cohen, ses poèmes, ses livres, sa musique.

Il y a beaucoup de choses en commun entre vous et lui, comme si vous étiez son fils ou son héritier.
Je l’ai vu jouer à Gent. Je n’avais pas de billet, je ne voulais pas aller à son concert. Je ne sais pas pourquoi. Parce que je pensais ce que serait trop bizarre de le voir. Mais quand le concert était sur le point de commencer je me suis dis « merde je veux le voir ». Je n’avais pas de billet, j’ai grimpé sur un arbre et assisté au concert de là. C’était un moment magnifique, parce que j’avais l’impression d’être tout seul, perché sur mon arbre. Je n’avais pas à partager le concert avec les autres gens du public. J’ai écrit une chanson là-dessus, Dangerous.

Cette chanson me rappelle Dead Can Dance. Elle a une atmosphère étrange, beaucoup de passages non-chantés. Pouvez-vous m’en dire un peu plus ?
Je l’ai écrite très rapidement. Le refrain [il chante le refrain] est un peu pop. Et puis je me suis dis, c’est dangereux d’employer ce mot « dangerous » parce que ça peut devenir un cliché rock and roll, « j’aime les choses dangereuses, ma vie est dangereuse ». J’ai donc ajouté le pré-refrain. Au départ c’était une sorte d’hommage au danger, aux vies menées un peu follement. Mais avec le pré-refrain, c’est devenu une chanson de trouillard. J’ai commencé par idéaliser le danger, puis j’ai renoncé. C’est passé de macho à fragile.

Le nom de l’album, Warhaus , réfère à votre faux nom. Qu’est-ce qui est vrai, inspiré de votre vie, et qu’est-ce qui est faux ou fictionnel dans cet album ?
Tout est assez vrai. Parfois je dis que Warhaus  est un alter ego, mais je le dis seulement quand, après avoir dit quelque chose de stupide dans une interview, ma mère m’appelle et me demande « pourquoi tu as dis ça ?? ». Alors je lui réponds, « maman c’est mon alter ego qui a parlé, pas ton fils ». En vrai, tout est réel, même si certaines choses sont idéalisées. Par exemple dans le premier album quand je dis que j’ai une petit amie diplômée en droit, c’est parce que mon ex avait un diplôme de droit. Ce sont parfois des anecdotes, mais elles ont bien eu lieu.

Vous écrivez beaucoup sur l’amour. Est-ce la seule chose sur laquelle vous voulez écrire ?
Ce n’est pas la seule chose sur laquelle je veux écrire, mais c’est la seule chose sur laquelle j’écris, effectivement. Ça me vient naturellement. Ecrire des chansons sur l’amour, c’est tellement cliché, mais tellement puissant. Il y a beaucoup de nuances et de variations possibles. Tu peux aussi écrire une chanson d’amour sur la tromperie. C’est universel, ça touche les gens, qui peuvent s’y identifier. Mon but avec mes chansons, c’est qu’elles touchent tout le monde. Par exemple notre dernière chanson, “Fall In Love With Me”, peut être interprétée de différentes façons : quelqu’un dont l’amour n’est pas retourné, quelqu’un qui ne veut pas que l’autre tombe amoureux. C’est ça qui est merveilleux avec les chansons d’amour, peu importe où tu en es dans ta vie tu peux t’identifier à elles.

Visuel :©Pias

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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