Pop / Rock
[Live report] Ultra Vomit à la Laiterie

[Live report] Ultra Vomit à la Laiterie

29 January 2018 | PAR Simon Théodore

À l’occasion de la sortie de leur dernier album Panzer Surprise !, les Nantais d’Ultra Vomit, accompagnés de Tagada Jones et de V.90, ont fait un passage à la Laiterie de Strasbourg le 26 janvier. Le temps d’une soirée, l’humour, la politique et l’esprit punk ont envahi la salle alsacienne.

Il est 20h, les locaux de V.90 ont la difficile tâche d’ouvrir le bal. À voir la file d’attente pour les vestiaires ou pour récupérer les jetons de consommation du bar, l’affluence est déjà totale. Effectivement, la date affiche complète depuis des mois, preuve que le rock’n’roll n’est pas mort dans le Grand Est. Vêtus en rouge, en vert ou en bleu, ces power « punk » rangers revisitent les tubes pop des années 90 à la sauce punk. À l’instar de « Back Street Back » ou « Frites From Desire », les mélodies sont connues de tous et emportent le public dans un voyage vers le passé, à une époque où les hits des Backstreet Boys et de Gala enflammaient les pistes de danse des discothèques. Le quatuor bénéficie d’un bon son et livre une prestation aussi dynamique qu’efficace. Malheureusement, le temps passe vite et, après une demi-heure de jeu, les musiciens quittent la scène sous les applaudissements. Les amateurs de Lagwagon, Nofx ou autre Sum 41 n’auront plus d’autres choix que de faire un tour sur leur bandcamp pour savourer leur EP 1000% V.90 Vol. 1….

Après ce bel échauffement, la suite de la soirée prend une toute autre tournure. Représentant la pochette de l’album La Peste et Le Choléra, le backdrop imposant de Tagada Jones est installé. La musique introductive résonne, le groupe prend place sur les planches, un simple « Bonsoir, nous sommes Tagada Jones ! » sert de présentation. De toute manière, la formation est tout aussi attendue que leurs amis en tête d’affiche. Les riffs lourds de « Envers et Contre Tous », les textes sombres et engagés des Rennais changent progressivement l’ambiance de la fête. Une chose est sûre : le groupe joue en territoire conquis et le pit entre tout de suite en ébullition. Les jeux de lumières sur le violent « La Peste et le Choléra » font fuir les épileptiques, son rythme permet aux plus agités de se défouler tandis que, sur « Le Monde Tourne à l’Envers », les slameurs s’envolent. Sur scène, à l’image d’un bassiste n’hésitant pas à s’élancer dans tous les sens avec son instrument, les musiciens semblent ravis d’être de retour sur les terres alsaciennes et le montrent. Fidèles à eux-mêmes, la setlist proposée ce soir fait alterner des titres agressifs et « rentre dedans » à d’autres hits, plus « punkisants », durant lesquels les chœurs enivrent l’audience (« Mort aux Cons). Dédiés aux personnes tombées au Bataclan, « Vendredi 13 », suivi de « Je Suis Démocratie », apparaissent comme des chansons d’une intense gravité durant lesquelles la foule n’hésite pas à taper dans ses mains à la demande des musiciens. Plus de deux ans après, ces instants de concert restent émouvants… La fin de set se fait plus légère et, après avoir remercier tous les acteurs de cette soirée, un ultime wall of death lancé dans la fosse clôture cette belle prestation.

Ultra Vomit : un bon groupe de “métal peinard”

Pendant longtemps, associée à celle de leur homologue Gronibard, l’écoute de la musique d’Ultra Vomit offrait autant d’intérêt qu’une sonate de bruit de cochons portée par une musique quasi bruitiste, bref du grind rigolo… Et puis, un jour de l’année 2008, la formation nantaise sortait Objectif Thunes. Difficile de savoir s’il fut réalisé, mais entre volonté de parodier et hommage à la culture métal, le groupe s’est forgé une belle identité et leur notoriété n’a cessé de grandir. Pour preuve, leur participation au Hellfest 2017 sur l’une des deux scènes principales. Huit ans après, la sortie de Panzer Surprise ! leur offre la possibilité d’une belle tournée française où de nombreuses dates affichent complètes.

Il est 22h30. Une cinématique aux allures de cartoon est projetée et introduit chaque membre du groupe. Chacun salue à sa manière la foule impatiente. « Les Bonnes Manières » instaure immédiatement une belle ambiance et l’impression que le show sera puissant finit par gagner. Au bout de quelques titres, « Un Chien Géant » est l’occasion pour le chanteur de Tadaga Jones de partager le micro. Extraits de leur second album, la chanson d’amour aux textes morbides « Je ne t’ai jamait autans aimer » et le très black metal « Mountains of Maths » sont les premiers moments forts du concert. Ultra Vomit prouve qu’il est plus qu’une simple formation de métal parodique et exécute efficacement ses compositions. Malgré des projections en guise de décors et quelques jets de fumée, le spectacle manque encore d’une mise en scène forte pour renforcer son impact… Néanmoins, ce point est vite contrasté par la bonne humeur dégagée par le chanteur Fetus ou le batteur Manard. Ainsi, en milieu de concert, parce que c’est « leur dernier morceau sur ce titre », la foule est divisée en deux camps : l’équipe « pipi » et l’équipe « caca ». À la demande du frontman, le « wall of chiasse » est alors réussi et n’a rien à envier à ce que proposent les groupes plus conventionnels de métal.

Décédée il y a quelques semaines, un hommage (à la sauce Ultra Vomit) est rendu à France Gall. « Est-ce que vous aimez les chanteuses mortes en 2018 » argue Manard après avoir échanger son instrument avec le guitariste Flockos. On ne vantera pas les qualités vocales du batteur mais force est d’avouer que cette version de « Poupée de Cire, Poupée de Son » fut plaisante. Après leur tube « Je Collectionne les Canards (Vivants) », le très allemand « Kammthaar » et le très épique « Évier Métal » composent le rappel d’un show aussi varié musicalement, que drôle dans l’ambiance et sérieux dans la pratique !

En somme, cette soirée fut une belle réussite. Malgré un registre qui peut paraître limité, V.90 propose de belles interprétations. Tagada Jones confirme son statut de groupe engagé de la scène française. Enfin, Ultra Vomit s’écarte de plus en plus de cette image de vulgaire groupe de « métal rigolo » et on attendra, avec impatience, une tournée mondiale avec des décors digne d’Iron Maiden !

Visuel : Affiche du concert.

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Simon Théodore

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