Pop / Rock
[Live report] Radiohead de retour, au Zénith de Paris

[Live report] Radiohead de retour, au Zénith de Paris

25 May 2016 | PAR Elie Petit

Après des années d’attente, le meilleur groupe de rock du monde est de retour. C’est l’événement. Avec une question : comment Moon Shaped Pool, leur nouvel album, salué à juste titre par la critique mais bénéficiant d’une diffusion limitée, s’adaptera-t-il sur scène ?

Tout avait si bien commencé. Burn the Witch puis Daydreaming, véritables ascenseurs émotionnels enflammaient puis éteignaient le public de ce premier soir de Zenith parisien. Un Thom Yorke, perfecto cuir, jean et chignon sur la tête, vieilli mais toujours jeune. Pas d’ensemble de cordes mais deux batteurs. Les frères Greenwood toujours au rendez-vous.

L’attente est terminée. Remontant enfin sur scène, Yorke savoure, se tenant droit, immobile, devant la foule, y goûtant à plusieurs reprises, trop explicitement même peut-être. C’est cette idée qui interrogera le plus, à côté de la prestation du groupe. Celle d’un manque, comblé d’un coup, tant le public l’accueille avec démence, qui fera que le jeu sera quelque peu asymétrique, étrange ce soir.

Yorke prend son temps, vide ses poches. Le groupe change d’instruments à chaque chanson et de formation souvent, laissant place à quelques temps morts. A de nombreuses reprises, il fait des signes à la régie ou à ses musiciens. Comme un groupe en partie en calage, qui aussi se félicite à l’issue de certains morceaux. Comme s’ils pouvaient vraiment rater quelque chose.

La setlist d’une durée de 2h30 est complète, trop peut-être. Avec un problème fondamental : le nouvel album, magnifique, est encore trop peu connu et ne déclenche pas l’émotion et la folie que suscitent tubes précédents.

Johnny Greenwood, dont la frange recouvre la moitié du visage, est toujours Johnny Greenwood, avec ses solos destructeurs mais plus souvent cantonné aux effets ou au clavier. On le verra moins en avant que dans de précédentes tournées. La basse de Colin Greenwood est prolixe. Les deux batteurs parfaitement calibrés. Et un Ed O’Brien stoïque et sérieux à la guitare.

Le jeu de lumière est puissant et 6 écrans diffusent des morceaux d’images de chacun des membres du groupe en direct, de très proche, comme c’était le déjà cas pour la tournée d’In Rainbows. Les images et les effets se superposent pour créer une réalité, augmentée de beauté. Les teintes sont souvent rouges ou bleues, reflets nocturnes. Des vitraux, dans l’eau. Et toujours pas d’explication au mystère de la Piscine en forme de lune, Moon Shaped Pool, le titre de cet album.

Après quelques “merci” et “ça va?”, pour Lotus Flower, les convulsions de Thom Yorke reprennent. Et c’est une des parties les plus appréciées, ce jeu de scène unique, fou. C’est aussi parfois lent et ennuyeux. Le public peine à accrocher, admiratif, respectueux, mais pas entraîné. Sur les côtés de la fosse, certains discutent, fort, pour s’entendre, au dessus de la musique. Ils sont pris à partie fermement par des fans qui veulent se concentrer. Le train Radiohead était parfois difficile à attraper, même avec beaucoup de bonne volonté.

Mais évidemment, quand surviennent Everything in its right place, Idiotheque, Bodysnatchers qui achèvent le set de manière enlevée, tout est presque oublié.  Le retour se fera sur True Love waits suivi peu après par une version de Paranoid Android, fort mais semblant pourtant un peu estropié, à l’introduction quasi-latine, à l’image du surprenant Present Tense, le précédant.

Au deuxième bis, Yorke rit au nez du public. Que lui prend-il ? Quelque chose se prépare. Et c’est Creep qui surgit, tube immense, très peu joué par le groupe. Le public exulte comme jamais avant. Pyramid song enfin, symbole de ce concert se resserrant au fur et à mesure, vers l’évidence.

Radiohead est toujours excellent mais le show n’en était pas tout bon pour autant. Il est encore bien trop tôt pour être nostalgique en les écoutant. Ce nouvel album, un chef d’œuvre, méritait sûrement un temps de digestion un peu plus long pour que ses titres ne figurent parmi les temps forts de ce retour. Excellent et pas tout bon pour autant. 

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Elie Petit
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