Pop / Rock
[Live report] Live in Tignes : Alors on danse

[Live report] Live in Tignes : Alors on danse

13 April 2016 | PAR Antoine Couder


Seconde soirée « Live in Tignes by les Francofolies » avec Izia, Deluxe et Caravan Palace. Un bal populaire et de la musique électronique.

 

 

 

Hier, il faisait toujours beau à Tignes mais ce mercredi, il semblait que la météo soit un peu plus hasardeuse. Du coup, on a finalement déplacé la scène de 13h00 en altitude à 17h00 au « cœur de station » c’est-à-dire un peu plus bas. Bigflo&Oli auront ainsi moins froid. Mais mardi, en fin d’après-midi, il faisait encore très beau lorsque le jeune Gaël Faure est venu tester son set devant un public curieux, plutôt ouvert à sa musique planante, moins dylanienne que cabrélienne, mais néanmoins touchante, parce qu’emportée et intense. « Ça ne se danse pas mais c’est beau » résumera ainsi une jeune fille.
C’était l’après-ski mais c’était avant l’apéro et Gaël y a sans doute vu un créneau. Il s’est mis à parler de la mort, en fait de sa chanson « Un peu » et nous a demandé de « regarder dans le même sens que lui », c’est-à-dire de nous retourner, de lui tourner le dos pour contempler cette montagne qui l’inspirait alors. Nous nous sommes tous exécutés et c’était plutôt sympa, parce qu’en effet, la montagne était belle. Gaël était subjugué, « vous êtes fou de m’obéir » a-t-il finit par dire. Ce jeune poulain de Sony dont on interdit photos et interviews de peur qu’il ne soit encore » tout à fait prêt » est un peu là par hasard. Il ouvrait paradoxalement une soirée plutôt dansante dont sa presque camarade Izia (il a 27 ans, elle en a 25) avait introduit le thème un peu plus tôt dans la journée, et un peu plus haut en altitude.


Izia et ses bluettes adolescentes ont visiblement séduit le public du haut des pistes. Sur ses épaules, elle porte comme toujours le poids douloureux de son père mais heureusement elle a sa voix, sa liberté de hurler, de dire n’importe quoi et d’imaginer que ce pourrait être du rock’n roll. Deux femmes du Royaume-Uni (l’une de Manchester, l’autre de Dublin) l’ont trouvé plutôt bonne et étaient contentes de ce concert sous le soleil, « le bon spot au bon moment » Elles n’ont pas forcément remarqué qu’Izia chantait parfois en anglais (« ah bon ? ») ni, bien sur ,que la jeune fille jouait en ligne directe avec l’œuvre de son père, Jacques Higelin, son album « Irradié » publié en 1975 (« comme le vautour, je livre mon cœur sec à ton cruel amour, moi le scorpion de la farce oh ma jeune fille, oh ma garce, Fais- moi l’amour, tue-moi d’amour »).
Le bal très populaire, ce sont les Aixois de Deluxe qui s’en sont chargés à partir de 19h00. Une bande de jeunes potes signés chez Chinese records, vêtus de costumes extravagants (entre Game of Throne et carnaval local) qui tape et répète la note jusqu’à la transe. C’est un orchestre joyeux qui voyage et dort en bus et apparaît soudé comme ces nouvelles familles dont d’ailleurs ils se revendiquent. Avec un peu d’imagination, on pourrait presque les décrire comme un mélange de la Monte Young et de la Compagnie Creole, au sens noble du terme. Sur le fond, il n’ont pas vraiment l’intention de faire autre chose que de donner du plaisir à leur public, le faire trépigner et danser sur du funk et du hip-hop joués sur des boucles incertaines. Et c’est précisément ce que les gens attendent : danser, se laisser emporter par des rythmes qui peuvent se faire de plus en plus complexes.
La tête d’affiche arrive à 20h40 comme convenue. Les franco-belges de Caravan Palace annoncés pour sublimer ce grand bal français lancent finalement un set compliqué laissant d’abord perplexe un public frigorifié qui a surtout envie de bouger. Ne fallait-il par intervertir les deux groupes ? Au bout de trente minutes un peu « colemaniennes », la simplicité du groove finit par revenir. In fine, les basses sont remontées, le rythme s’amplifie et se schématise dans ce jazz vocal que le groupe pratique avec brio. Le public aimait déjà leur côté old school revisité live en version electro. Mais, cette fois, il va carrément surliker. La soirée s’achève malheureusement un peu vite. Ce mercredi, il semblerait donc que le temps finisse par se gâter, mais rien n’est sûr. Comme on dit ici, « celui qui suit la météo reste au bistrot »

Visuel : ©andyparant

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Antoine Couder
Antoine Couder a publié « Fantômes de la renommée (Ghosts of Fame) », sélectionné pour le prix de la Brasserie Barbès 2018 et "Rock'n roll animal", un roman édité aux éditions de l'Harmattan en 2022. Auteur d'une biographie de Jacques Higelin ("Devenir autre", édition du Castor Astral), il est également producteur de documentaires pour la radio (France culture, RFI).

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