Pop / Rock
[Live report] Fews & Yak au Point Éphémère

[Live report] Fews & Yak au Point Éphémère

27 May 2016 | PAR Bastien Stisi

Ceux qui avaient pu les croiser sur scène au cours des dernières semaines – pour peu tout de même qu’ils soient sensibles à ce qui hurle, ce qui tabasse, et ce qui joue le désinvolte plutôt mal luné – affirmaient quelque chose de grand, de brutal et d’abrasif, en évoquant les lives de Yak, ce trio issu non pas de Mongolie ou du Népal comme le suggère ce drôle de nom mais de la cité anglaise de Wolverhampton (ça sent le gris).

Et effectivement, hier soir au Point Éphémère où il présentait ce premier album aux « punks à chat » du coin, ce le fut, grand et abrasif. Même si ce fut un peu court. Une petite quarantaine de minutes, rappel compris. Le temps d’un album – Alas Salvation, sorti le 13 mai chez Kobalt / [PIAS], en l’occurence -, argueront certains. Et si ce n’est pas vraiment la durée qui compte (en art comme dans n’importe quoi d’autre, d’ailleurs), il est vrai qu’on aurait bien aimé en prendre dans la gueule un peu plus longtemps, hier soir, dans ce club du Quai de Valmy déjà largement chauffé par l’arrivée des Fews en première partie, Londoniens (et un Suédois) pour leur part mais bercés par les mêmes nourrices que ceux à qui ils succéderont un tout petit peu plus tard – Iggy & les Stooges, Curtis et ses fantômes, Joey et ses Ramones, Jarvis et ses Pulp – et dont le premier album, qui vient aussi tout juste de sortir – Means, Play It Again Sam / [PIAS], regorge de petites pépites jouissives – entre post-punk, shoegaze, krautrock et pop psyché – et efficace comme une frappe en lucarne de « Zlatan » (c’est le nom d’un de leur morceau, superbe d’ailleurs) qui aurait été enclenchée depuis les 35 mètres, sans élan et le pas faussement nonchalant. L’amour et la violence.

Alors, Yak bouscule (« Hungry Heart », « Use Somebody », « « Harbour The Feeling » »), s’étiole un peu (« Please Don’t Wait For Me », « Roll Another »), pousse la chansonnette (« Take It »). Ça gigote devant, ça observe derrière (le public du punk à Paris, c’est de 20 à 55 ans). On pense un peu au spoken-punk, verbal et brutal d’Ought (les Canadiens de Constellation Records), référence la plus probante et la plus sobrement brillante du genre aperçue au cours des dernières années. « No » hurlent-ils. Ça leur va bien. On se retrouve avec un chanteur dans le public, et une guitare qui résonne dans les tympans du premier rang. Le pied de micro manque de tomber dans la fosse, puisqu’il semblerait bien qu’il ait été bousculé. On a des bouchons dans les oreilles, parce qu’on a arrêté de faire n’importe quoi avec notre santé. Et puis ça s’arrête, aussi vite que ça a commencé. Ça hurle et ça siffle un peu. Les trois gamins reviennent, ne bavardent pas davantage. L’un d’eux s’allume une clope (on a pas le droit de fumer ici mais tout le monde s’en fout) et bousculent une dernière fois avant de repartir sans dire au revoir. Et c’est très bien comme ça. On résistera à toutes les pénuries du monde (de tunes, de gasoil ou d’autre chose) tant que le punk sera.

Visuels : (c) Robert Gil

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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