Pop / Rock
[Live report] Days Off, Lisa Hannigan & Patrick Watson et l’ONDIF

[Live report] Days Off, Lisa Hannigan & Patrick Watson et l’ONDIF

08 July 2013 | PAR Marie Charlotte Mallard

Ce dimanche le festival Days Off laissait place à la fraîcheur irlandaise de Lisa Hannigan mais surtout donnait à entendre le mélange de la pop et du classique avec le montréalais Patrick Watson auquel s’associait l’Orchestre National d’île de France (ondif). Si l’on ne peut critiquer ni la musique, ni la prestation, l’on reste néanmoins déçu que de ne voir aucune réelle interaction entre Patrick Watson, ses musiciens et l’orchestre, de même que de voir l’ONDIF relégué au simple rang d’accompagnateur, plutôt qu’assister à un vrai projet artistique et une vrai relecture du répertoire du chanteur.

2013-07-07 20.19.58C’est seule et accompagnée d’une guitare acoustique que se présente Lisa Hannigan. Sans préambule elle débute par une douce et petite mélodie ou sont déployées ribambelles d’arpèges cristallines, sur laquelle vient se poser délicatement sa claire voix d’alto, douce et folk à souhait. L’univers est calme, aérien et le restera tout au long de cette première partie. Elle enchaîne en se parant d’un banjo pour nous gratifier d’une folk purement irlandaise et terrienne, sa voix gracieuse et légèrement voilée se perd dans des envolées lyriques oniriques. La musicienne nous plonge dans un autre univers, et nous invite au voyage, sereinement. Sa voix est pleine de caractère, et rappelle par moment celle de Bjorck ou Beth Gibbons des Portishead. Néanmoins, si celle-ci nous séduit et nous emporte, l’on se lasse très vite des ses arpèges  et de ces mélodies qui semblent toutes se ressembler. Aussi si l’on passe un délicieux et charmant moment ponctué de touches d’émotions comme lorsque la chanteuse nous interprétera une chanson traditionnelle irlandaise a capella, souvenir d’enfance pour l’artiste, l’on reste toutefois dans l’attente de plus, d’autre chose, de diversité. La diversité ne viendra malheureusement qu’à la toute fin de son passage lorsqu’elle chaussera son Ukulele pour un titre plus rythmé, ambiance road trip sur les terres irlandaise, où encore pour son dernier titre, lorsque sa guitare s’apprête d’un côté Brassens et sa voix  de vocalises célestes.

 

Avec beaucoup d’impatience, nous attendions Patrick Watson et l’orchestre national d’île de France pour un mélange des genres que l’on espérait grandiloquent et innovant. Nous en parlions lors de notre dossier Face B, la tendance symphonique chez les artistes de variét’ est de plus en plus à la mode. Néanmoins, si l’on se réjouissait de voir l’orchestre dépoussiéré des stéréotypes et répertoires habituels, l’on remarquait toutefois que malheureusement, celui-ci n’était relégué dans la prestation qu’à un rôle très mineur, un simple accompagnateur présent uniquement pour rajouter un peu de volume sonore à la musique, mais se reprenant les lignes harmoniques de base des morceaux. In fine peu de partitions originales, de dialogues entre les artistes mettant en valeur à la fois l’orchestre, ses sonorités et les artistes pop/ rock. Egalement peu de re-créations des titres mais bien souvent une simple et assez pauvre adaptation.

2013-07-07 22.08.13Fort de ce constat nous attendions donc beaucoup de concert, et de cette création unique, le montréalais Patrick Watson étant réputé pour son ingéniosité musicale et son recours à divers procédés originaux.  Nous en fûmes malheureusement déçus, et ressortîmes avec la mauvaise impression qu’il s’agissait encore une fois de créer l’evènement, plus que d’une réelle envie artistique. En cause, ni la musique de Patrick Watson, émouvante et puissante, innovante en soit et fortement appréciable au demeurant, ni la prestation de l’orchestre mais tout d’abord une mauvaise gestion du son dans la salle. Sonoriser un orchestre symphonique est un métier et force était de constater que ce soir-là, les ingénieurs du son ne possédaient pas cette corde à leurs arcs. Pourtant parfaitement bien placés dans la salle, nous n’entendions quasiment rien de l’orchestre mise à part les imposant pupitres de cordes. Si l’on voit dans les instants les plus fortissimo de la partition certains bois ou cuivres rougir en s’échinant à souffler dans leurs instruments, l’on se désespère de ne les entendre. En outre, l’adaptation des différents morceaux de Patrick Watson ne nous parût malheureusement pas pertinente, celui-ci n’ayant exploité la polyphonie, les harmonies, et  la richesse des timbres qu’il avait sous la main.

2013-07-07 21.42.35Encore une fois, l’orchestre était relégué au rang de potiche. Durant la dizaine de titres joués, l’on a pu constater que seules les cordes étaient exploitées, déplorant par la même le recours incessant aux mêmes procédés de titre en titre : frémissement pianissimo des cordes en début de morceaux apportant un peu de suspens, recours à celle-ci uniquement entre les couplets, et sur certains refrains, de petits pizzicatos par ci par là, pour le reste de longues tenus, des blanches et des noirs principalement.  Pour les vents, quelques petites interventions çà et là en même temps que le reste de l’orchestre (noyée dans la masse et dans la mauvaise gestion sonore), une trompette ou un tuba qui ressortent parfois, mais pour de simples « ploum ploum » uniquement…On notera néanmoins une ou deux savoureuses envolées lyriques durant l’heure de concert. Toutefois, le manque de jeu, entre Patrick Watson, ses musiciens et l’orchestre, le manque d’osmose, de fusion, ne permit pas l’évasion. Certes on ne peut nier la reconnaissance de l’artiste pour cette expérience et pour l’investissement de l’orchestre puisqu’il les remercia en toute sincérité par quatre fois et les fit lever tout autant à différents moments de la soirée. Néanmoins, l’impression que chacun jouait dans son coin ne nous quitta jamais.

Pour finir, malgré la déception de n’avoir assisté à un vrai projet, malgré les problèmes sonores, il faut néanmoins reconnaître que la musique de Patrick Watson prenait une profondeur et une puissance qui lui seyait parfaitement et que le moment passé, à défaut d’être original et monumental fut fort agréable. Toutefois, si l’on se réjouit de voir ce type d’initiative porter l’orchestre symphonique sur un autre terrain de jeu et populariser par la même la formation comme la pratique instrumentale, l’on déplore de ne voir de réels projets et surtout de réelles créations voir le jour. A quoi cela sert-il d’avoir un orchestre symphonique à sa disposition si ce n’est que pour doubler les mélodies existantes déjà à la basse, guitare ou clavier?Néanmoins, le public a quant à lui paru plus que conquis et apprécier profondément la présence de l’Orchestre national d’île de France qui fut largement applaudi, remercié par la salle, véritablement époustouflée, emportée et émerveillée par l’importance volumique et l’intensité que cela pouvait conférer à l’univers pop du jeune Montréalais.

(c) Marie-Charlotte Mallard

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