Pop / Rock
[Live report] Days Off, Jacco Gardner et Lou Doillon à Pleyel

[Live report] Days Off, Jacco Gardner et Lou Doillon à Pleyel

03 July 2013 | PAR Marie Charlotte Mallard

Hier soir à l’occasion du festival Days Off, organisé par la cité de la musique, la scène de la salle Pleyel se parait d’épais rideaux noirs masquant ainsi les rangs situés à l’arrière, et d’une fumée blanchâtre typique des concerts de variet’ ,afin d’accueillir Jacco Gardner et Lou Doillon. Si l’on fut agréablement surpris par la folk de Lou Doillon, Jacco Gardner ne nous convainc pas, pire encore, sa pop dite psychédélique fut surtout soporifique…

Habitués des concerts classiques en cette salle, du chic des hôtesses toujours tirées à quatre épingles, du public qui remplit allègrement la salle une demi-heure avant le début du concert et se hâte dès la première sonnerie pour les retardataires, l’on est surpris par la décontraction ambiante, le public venant s’installer deux minutes seulement avant le début du show.

Jacco GardnerA peine arrivé sur scène Jacco Gardner commence sans préambule et dévoile une pop rétro et sixties, lascive et langoureuse à souhait qui dans un premier temps nous intrigue et nous attire. Dès le deuxième titre, le groupe révèle des boucles d’orgues virevoltantes nous rappelant à quelques égards celles de Ray Manzareck. L’ambiance générale est calme, posée et planante, néanmoins à trop vouloir planer et nous faire rêver le groupe nous enjoint à rejoindre rapidement les bras de morphée. En effet, au quatrième titre, les ballades lascives se transforment en complaintes répétitives et lassantes et l’on se languit de voir l’entracte arriver. Les têtes se posent nonchalamment sur les fauteuils alors que les morceaux s’enchaînent sans un mot ou presque. De chansons en chansons, rien ne change et rien de décolle et l’on retrouve irrémédiablement les mêmes rythmiques, les mêmes harmonies, les mêmes chœurs, les mêmes boucles d’orgues, si bien que l’on peine parfois à distinguer la fin d’un titre du début d’un autre. Le groupe reste centré sur lui-même, à s’écouter sans partager, égocentrique et autistique. S’ils cherchent à revêtir  une allure hypnotique en ravivant les fantômes des années soixante, le groupe nous fait malheureusement l’effet d’un puissant narcotique. En effet, à jeter un coup d’œil autour de nous, l’on aperçoit larges bâillements, et petit yeux sur le point de se fermer. Jacco Gardner, à écouter donc avant d’aller dormir, pour se reposer, où comme remède à l’insomnie. En outre, l’on remarquera que reprendre les sixties en 2013 peut être judicieux et intéressant si l’on y ajoute quelque chose en plus, en revanche on ne voit nul intérêt à la pale copie qui nous fut proposée ce soir. Les faibles applaudissements et sollicitations du public ainsi que les commentaires furtivement recueillis au sortir de la salle, furent également la preuve de l’ennui qui régnait. Peut-être sur album cette pop rétro peut-elle convaincre néanmoins ce fut loin d’être le cas en live.

 

Lou DoillonAussi, après tel somnifère Lou Doillon ne pouvait que nous réveiller et, l’on se réjouit après l’entracte que de se voir revigoré par une folk soul doucement jazzy oscillant selon les titres entre océan de noirceur et pop subtilement sucrée. Chaudement applaudie dès son entrée sur scène elle se révèle tout au long du spectacle intimidée par ce « lieu mythique et magique » selon ses mots, cette salle comble, et certainement aussi par la présence de sa mère Jane qui n’aura de cesse de la regarder avec une profonde admiration. Si sa nonchalance permanente, son air timoré et recroquevillée sur elle-même, cliché de l’artiste tourmenté à la personnalité contrastée agace quelque peu, elle affirme néanmoins sa présence scénique par une voix d’alto grave, chaude, moelleuse, légèrement érayée  et très timbrée que l’on croirait tout droit sortie des plus vieux standards de folk ou de country américaine. Le début du concert voit s’enchaîner les titres les plus obscurs de son album Places, qu’elle interprétera en entier majoré de deux reprises dont ” Should I stay Should I go ” à laquelle elle conférera de jolis accents folk et country, sur lequel elle aura un malheureux moment de doute. Manifestement stressée elle se voit dans l’obligation de s’interrompre et de reprendre pour s’être trompée dans les paroles. Après l’interprétation de ” Same old Game ” qu’elle qualifie de « ballade glauque qui se danse à deux » et que nous qualifierons plutôt de petite complainte bluesy mélancolique, reflet d’un vague à l’âme solitaire, l’artiste enchaînera les titres plus rythmés et pop de son opus, jusqu’à en arriver à sa dernière chanson avant rappel “Places”, du nom de l’album. Si l’on ne comprend pas vraiment pourquoi la chanteuse choisit de s’accroupir sur scène pour le début de cette chanson et qu’il nous semble voir encore une fois quelques clichés, l’on est toutefois séduit par le titre, spatial, solaire, qui en live monte furieusement en intensité et adopte une rythmique de plus en plus rapide, une guitare électrique de plus en plus dense et profonde et nous offrit un vrai joli moment musical.

Pour conclure, rien de transcendant ni d’innovant, dans le sens ou l’artiste donne à entendre une bonne vieille folk réactualisée grâce à quelques petites touches pop made in France. Certes, elle ne nous embarque pas dans des stratosphères lointaines et intemporelles, mais il faut reconnaître que l’on passe néanmoins un moment doux, agréable, sympathique, distrayant et divertissant, bien plus tonique et stimulant également que Jacco Gardner qui faisait sa première partie et nous avait assommé. Le public venu l’écouter fut d’ailleurs conquis car elle sera largement applaudie tout du long, rappelée pour un bis et outrageusement ovationnée à la fin par une standing ovation de la salle tout entière.

(c) visuels: Marie-Charlotte Mallard

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BRION-Christine

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