Pop / Rock
[Live report] Chad VanGaalen au Point Éphémère

[Live report] Chad VanGaalen au Point Éphémère

03 September 2014 | PAR Bastien Stisi

Chemise à carreaux, casquette de routard et pop frissonnante : le Canadien Chad VanGaalen présentait hier soir son dernier album Shrink Dust au Point Éphémère.

Depuis la publication de ses premières productions, il y a tout juste dix ans, Chad VanGaalen traîne la réputation de passer la plupart de ses journées en sous-sol, isolé du monde extérieur afin de mieux pouvoir visiter le sien, l’esprit tourné vers l’exigeant façonnage de son univers (morbide), qu’il retranscrit par le biais du dessin (ses artworks), de la vidéo (ses clips), et bien sûr de sa musique. Mais cette solitude et le fantasme qui l’accompagne, si on l’analyse de plus près, ne paraît être au final qu’une image d’Épinal soigneusement constituée. Car si Chad à l’habitude de composer seul, il ne l’est en réalité que très rarement.

D’abord, parce qu’au fil d’une discographie qui a déjà vu s’étaler cinq albums en une décennie (plus un sous le pseudonyme Black Modl), une solide fan base a eu le temps de s’installer autour de lui, une communauté dont on devine que la plus grande partie de la frange parisienne était présente hier soir au sein d’un Point Éphémère quasiment plein.

Ensuite, parce que sur scène, comme hier soir, il est entouré de musiciens (un batteur et un bassiste en l’occurrence), eux qui permettent aux nouveaux morceaux (« Where Are You », « Monster », « Frozen Paradise ») et aux plus grands tubes du garçon (le tortueux « Peace On The Rise », mais pas le chef-d’œuvre « Molten Light », dont on regrette encore qu’il n’ait pas été interprété hier soir) de trouver une résonance concrète et plurielle.

Chad VanGaalen n’est pas seul, surtout, parce qu’il semblerait que plus l’on est amené à composer nez à nez avec l’intime, et plus il y a de monde dans la tête (et par filiation dans les textes). Dans celle du résident de Calgary, en l’occurrence, il y a foule : se débattent ainsi un tas de monstres humains ou surnaturels, des êtres issus d’histoires sordides et de contes pour enfants avertis, des aventureux rattrapés par une réalité dont on ne sait plus très bien si elle doit être prononcée à voix haute ou pas, des textes aux lueurs assombries toujours énoncés par le biais d’une voix branlante, écorchée, éthérée, mais jamais larmoyante.

Ajoutons à cela les nappes numériques et les instrumentations étranges que le Canadien tapisse sur une pop-folk complètement fluctuée (on pourra parler ici de rock électronique comme de country vagabonde), les acclamations qui se juxtaposent au terme de chaque morceau, et le charisme sans fanfare d’un VanGaalen toujours aussi inspiré, on obtient un concert remarquablement honnête, et ce en dépit d’une durée (à peine une heure) qui aura quand même fait râler le public le plus spécialiste du bonhomme…

Visuel : © pochette de Shrink Dust de Chad VanGaalen

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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