Pop / Rock
[Live Report] C’est dans la Vallée, jour 1

[Live Report] C’est dans la Vallée, jour 1

10 October 2015 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Vous êtes une amie de Rodolphe ? Non, je suis juste journaliste. Et vous madame ? Moi je connais bien sa maman. Et vous monsieur ? Moi je suis un ami de son frère. Pour les artistes présents en ce jour d’ouverture de cette nouvelle édition de C’est dans la vallée, festival créé par Rodolphe Burger dans son village natal en 2000, c’est la même chose. Une histoire de liens, invisibles mais solides qui transforment Sainte Marie aux Mines en une immense maison de potes. Ouverture.

A 18 heures, Burger est assis en hauteur, guitare à la main. Devant lui sept danseurs ayant comme particularité d’être handicapés vont incarner le poème que Rodolphe dédie à une Marie oubliée. Pas loin des mines on suppose. Pas de discours ici, juste de la musique et le récit. Une heure plus tard, le festival débutera vraiment son programme dantesque (Garnier, Lou, Mark Tompkins, Eric Truffaz, Jeanne Added.…)

Tout se passera dans le pur rock. Parfois teinté de reggae ou de punk au fil de la soirée d’ouverture qui aura duré pas moins de 5 heures. Il faut au moins ça pour se retrouver et se sentir chez soi.
Ce sont les nantaises baroques et gothiques de Mansfield TYA qui ouvrent ce bal électrique, elles enchaînent les titres (“Cavalier”, “Pour oublier je dors”… en montrant à chaque fois leur capacité à manier tous les instruments possibles. Les voix de Julia Lanoë et Carla Pallone s’accordent à ravir, la puissance de la première nous laisse pantois devant tant de dextérité à s’inscrire dans une modernité dark qui mêle à la perfection la techno, le rock et la pop. Ces filles-là sont baudelairiennes, leur blues est totalement hypnotique.

Changement de plateau radical pour accueillir la surprenante voix de David Thomas accompagné de ses Two Pale Boys : Andy Diagram et Keith Moliné. Chanteur à la fois folk et punk, il donne, à l’aide de machines des effets surréalistes aux instruments. Trompette, guitare pour la base, sont ici des outils parfaits pour rajouter de l’étrange aux jeux de cordes vocales de ce soprano aux antipodes du classique. Le duo de Mansfield TYA apparaît alors comme la fille légitime du chanteur qui sait emprunter à la country pour nous dire des mots d’amour.

Dans une continuité évidente, l’éléctro-Punk de la Winter Family s’empare de la scène. Ruth Rosenthal dont on connait bien le travail de performeuse (Jérusalem Plomb Durci) continue d’exploiter sa rage et son anti-militarisme via sa musique, en anglais et en hébreu. Celle qui accompagnait Burger sur le Cantique des Cantiques fait ici tomber les bombes et bruite les sons de la guerre. Tambours et machines offrent une partition bruitiste mais jamais arythmique. Elle hurle un “Life is beautiful” d’une violence aiguë. On entre dans leur tempo fou sans résister, happés par leur énergie qui sait être canalisée et calmée par la voix habitée de Ruth qui rappelle celle de Pat Benatar. Elle se glisse alors dans les velours tendres de titres doux. Elle nous quitte en nous disant Shalom, ce qui signifie en même temps, au revoir et paix.

En guise de clôture pour une ouverture, Burger fait fort en redonnant vie à Kat Onoma, “un portrait forcement lacunaire de Kat Onoma” précise-t-il puisque Guy “Bix” Bickel n’est plus. Rodolphe Burger s’associe ici au guitariste Philippe Poirier pour intepreter les poésies de Jack Spicer racontant la vie de Billy The Kid.

Sur scène les guest affluent, notamment la contrebassiste Sarah Murcia qui, samedi 10 octobre 2015  à 11 heures, accompagnera le chorégraphe Mark Tompkins. Elle interprète avec Burger le délicieux “Johnny and Mary”, et olala, c’est très bien ! On voit passer Eric Truffaz ou Olivier Mellano ( qui jouera ce samedi à 21h). Il a demandé à tous de venir jouer un titre du groupe mythique ce que tous bien sur ont accepté. Les nappes sont intactes, lancinantes et charnelles comme il se doit. On touche au sublime dans un rock pur. Les plus courageux sont allés soit écouter Eric Truffaz et Marcello Giuliani soit le oud de Mehdi Haddab.
A tout à l’heure pour une journée qui nous promènera dans les mines de Sainte Marie.

C’est dans la Vallée du 9 au 11 octobre. Sainte-Marie-Aux-Mines
Visuel : ABN

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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