Pop / Rock
[Live report] Bagarre, Blind Digital Citizen et Grand Blanc au Point Éphémère

[Live report] Bagarre, Blind Digital Citizen et Grand Blanc au Point Éphémère

24 February 2015 | PAR Bastien Stisi

Bagarre, Blind Digital Citizen, Grand Blanc : le Fireworks Festival permettait hier soir au jeune label Entreprise de faire défiler sur la scène du Point Éphémère ses trois pépites les plus prometteuses du moment.

Bagarre, pop de combat

Dernière signature du label pop francophile dont elle incarne désormais la franche la plus électro, Bagarre est invité à ouvrir les débats. On dit « invité », parce que malgré les colliers identiques que chacun des cinq membres du groupe porte autour du cou, ces bastonneurs-là proposent une pop considérablement libérée, entre variété grave, dance raveuse, cold-wave gangrenée, techno urbaine et rock bétonné. Les manières sont teigneuses et les voix interchangeables, des voix dont on notera la tendance à déraper, lorsqu’elles ne sonnent pas carrément faux. Comme dans une conversation qui dérape, et qui devient une rixe. Et qui a l’avantage de faire bouger les environs. On retrouvera d’ailleurs Arthur, l’une des voix (imposantes) du groupe, projeté dans la fosse lors d’un élan particulièrement habité, avant que l’on ait l’impression que celui-ci se change en cette bête qu’il évoque avec une rage contrôlée (« la bête est amoureuse d’une femme, la bête est amoureuse cette infâme ») « Bonsoir, nous sommes Bagarre », répéteront-ils encore, comme pour insister encore et toujours sur ce nom de petite frappe mutine. Bagarre : on a bien retenu le nom. Puisqu’il se trouve que l’on a pris une bonne petite claque…

Blind Digital Citizen : ici, l’avenir

Dans la moiteur du club, dans lequel l’on nous invite à extraire un dernier souffle (« Mourir au Club ») certains auront sans doute sombré. Dans l’exil cérébral, avant d’entrevoir cette grande lumière blanche (ici, le Grand Blanc) qui indique la terminaison de quelque chose, ils auront aperçu la version du monde envisagé par les Blind Digital Citizen, dont on ne sait jamais très bien s’il s’inscrit dans quelque chose de semi-réel ou bien de complètement parallèle. Illustrée scéniquement par ses deux cônes pyramidaux dans lesquels se transcrivent des formes aqueuses et spectrales, la traversée commencera par l’interprétation du curieusement stellaire « Reykjavik 402 », se poursuivra avec l’incantatoire « Fantôme », trouvera son aboutissement, bien sûr, avec l’interprétation belliqueuse du dernier single « Ravi », et surtout, avec celle de l’abrasif « War ». « Ici, c’est l’avenir », hurlera l’incantateur François Devulder, au bord de l’implosion. Toujours pas de doute avec cet adage : l’avenir de la pop, en France, passera par l’avènement du projet BDC.

Grand Blanc et pop noire

Pas de doute non plus concernant l’avenir de l’animal Grand Blanc, arrivé sur scène à 22h30 afin de clôturer la soirée. Bien qu’ancré dans une synthpop glacée, cet avenir-là devrait en effet s’avérer brillant. Pas toujours assurés malgré quelques perfectionnements visibles (c’est bien mieux qu’au Petit Bain il y a quelques semaines), les lives de Grand Blanc, lo-fi et désinvoltes, marquent toujours toutefois par la belle faculté du groupe à moduler et à trafiquer les pistes originales, à l’image par exemple de ce « Feu de Joie » que l’on aura retrouvé hier particulièrement brutalisé.

Les Lorrains montés à Paris y sont venus pour témoigner, grâce aux voies alternées de Benoit David et de Camille Delvecchio, de ce qui se passe dans les travées du stade Saint-Symphorien et sur les terrains vagues de Metz (« Petites Frappes »), racontent l’évolution dangereuse de cette mélancolie noire (« Degré Zéro »), invitent le Point Éphémère, aussi, à se souvenir des dérives du samedi soir, que la salle toute entière célébrera en faisant frénétiquement vaciller la nuque, imprégné sur le loubard « Samedi la Nuit » par la synthpop glaciale et le post-punk francophone de ces Français faussement faciles.

Eux se tatouent le nom de « L’Homme Serpent » sur la peau, et nous, un mémo dans le cerveau, bien que l’information soit déjà retenue depuis un moment : on attend le premier album du groupe, que l’on espère voir émerger cette année, avec impatience.

Le Festival A Nous Paris Fireworks, pour sa part, poursuit sa route jusqu’à samedi et le concert de Sir Baxter Dury à l’Olympia.

Visuels : © BS

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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